Ah mais MERCI pour cet article
Juste, cette phrase, je m'y reconnais tellement :
« J’ai enragé en réalisant que ces questions qui me torturaient, mes camarades masculins ne se les posaient même pas. Je n’envisageais mon avenir qu’en termes d’obstacles et de choix déchirants, pendant qu’eux préparaient méthodiquement les moyens de réaliser leurs ambitions. »
C'est tout à fait ça.
Je ne trouve vraiment pas que cet article culpabilise qui que ce soit, c'est la société qui nous culpabilise, c'est la société qui nous enjoint de réussir famille et carrière, sans nous laisser la possibilité de réussir les deux. Pourquoi ? Parce que l'approche est toujours culpabilisante. Réussir sa carrière "sans être une mère indigne" (comme si c'était le corollaire nécessaire d'une carrière ambitieuse), avoir une vie de famille épanouie "sans sacrifier sa carrière" (comme si c'était un risque associé, par défaut).
Les hommes, se posent-ils ces questions ? Dit-on aux jeunes hommes qu'ils peuvent réussir les deux, leur dit-on de s'en préoccuper ? Non.
Personnellement, ça ne m'intéresse pas d'avoir le témoignage d'une mère-de-famille-épanouie-professionnellement. C'est un exemple, dans lequel je ne suis pas sûre de me reconnaître (je suis d'ailleurs sûre de ne pas m'y reconnaître, vu que je ne veux pas d'enfants).
Ce témoignage-ci dépasse la valeur d'exemple, il appelle moins à l'identification qu'à la réflexion. Vous êtes nombreuses à avoir souligné que toutes les situations sont différentes ; mais cette mad (et Nathalie Loiseau) ne prétendent pas inviter toutes les femmes à concilier famille et carrière. Le message est : faites péter les barrières qui vous laissent croire que vous DEVEZ choisir. Chacun est bien sûr libre de faire des choix.
Mais arrêtons de nous laisser imposer des choix par la pression sociale. (À vous lire, j'imagine d'ailleurs qu'un témoignage d'une femme ayant concilié avec succès famille & carrière aurait précisément été critiquée (à raison !) en soulignant les particularités de sa situation. J'imagine bien qu'il n'y a pas de recette miracle en la matière, et que tous les cas sont particuliers, comme beaucoup l'ont souligné ici !
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Je ne veux pas d'enfants, alors j'ai cru me sortir de ce dilemme par la simplicité. C'est ce que je me disais pendant mes études : je ne veux pas d'enfants, donc je peux poursuivre ma carrière sans entraves. C'était bien sûr sans compter sur le sexisme ordinaire, et le machisme encore très prégnant dans certaines cultures d'entreprises. TOI, tu as beau avoir fait ton choix et être sereine avec, mais tou•te•s mes collègues (et tout mon environnement pro, soyons honnête) me parlaient systématiquement au futur : « quand tu seras mariée, quand tu auras des enfants, etc... »
C'était une évidence. Jusqu'à ce que je comprenne, moi aussi, que je n'avais pas besoin de choisir. Je ne veux toujours pas d'enfants, mais à ceux qui demandent, je réponds que je ne vois pas le rapport avec mes ambitions professionnelles.
Personne n'a dit qu'avoir et élever des enfants, c'était facile. Personne ne dit que mener de front une carrière ambitieuse et une vie de famille épanouie, c'est facile. Je crois qu'on dit simplement qu'il est anormal que seules les femmes se posent la question en termes de choix, en termes de sacrifices.
Les hommes ne se posent MÊME PAS la question (qui amènent 3 pages de commentaires ici). Et ça vraiment, ça me sidère.
Bref, merci pour ce témoignage
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