"A vrai dire je me plais réellement à faire tant de chose que je ne faisais pas avec toi.
La chanson dit : "Je peux très bien me passer de toi".
Heureusement qu'il y a la musique, non ? garde-toi ton inimitié pour d'autres blessures ma poule.
Si ton statisme te fait défaut, tâche d'en revenir à autre chose qu'au ridicule et au fait que tu puisses croire m'avoir possédé tout entier dans ma pseudo-essence de sobriété décousue."
Voilà ce que tu me dis, toi, oui, voilà. Et je nous trouve ridicules. Mon coeur bat très fort, mes mains tremblent, et je voudrais t'écrire une lettre immense, mieux encore te courir après dans la rue et te dire tout ce que je veux te dire, mais je ne suis pas comme ça, tu me connais bien et je ne suis pas comme ça.
Je pleure, deux immenses trainées noires dévalent mes joues, oui je pleure.
Donc on va faire comme si je t'avais en face, et tu vas lire sans t'arrêter d'accord ?
Tu adores les artichauds et les nems, Godard, Bunuel peut-être, Amalrich, Anna Karina, le jazz et la musique classique, et parfois Radiohead, tu aimes l'art, en général.
Je te fais souvent rire et alors des immenses fossettes se forment dans tes joues et tu plisses les yeux.
Tu es un renard, un chacal, un petit chat.
Tu te donnes des allures de Pete Doherty : poète et défoncé.
Quand tu jouis tu pousses un petit bruit qui monte vers les aigus et tu fermes les yeux, tu te crispes tout entier comme si tu avais très mal.
Tu aimes qu'on te mordille l'oreille et la lèvre inférieure.
Tu n'es pas très sérieux mais tu es intelligent.
Ton écriture manuscrite est petite et serrée mais les mots sont très espacés.
Tu es gentil et poli avec les gens en règle général.
Tu es bon musicien.
Tu es secret.
Quand tu pleures, tu pleures un peu comme moi, ton visage se déforme.
Tu ne sais pas danser mais ça te faire rire de danser.
Tu es plutôt beau.
Tu as un goût prononcé pour la provocation.
Voilà ce que tu es, pour moi, je crois, même si un tas de mots et d'images viennent gâcher parfois tout ça, je m'efforce d'en faire abstraction, pour ne garder que le souvenir jaunis de toi et moi faisant l'amour sur ta terrasses, à l'ombre, au soleil, un peu mouillés de sortir de la piscine.
Je ne veux pas sâlir ton image, je crois.
Demain, demain je prendrai une grande boîte, et dedans je mettrai toutes les lettres d'Adrien, son carnet, ses chaussettes et le livre qu'il m'a offert, j'y mettrai aussi ton carnet, ton livre, ton CD, tes mots d'amour, et mes souvenirs. Ma boite à garçons, ma boite à mecs.
Parfois je ne vais pas bien, parfois la vie ne tient plus qu'à un fil, et alors tu n'es plus là. Mais il y a Laura, et Charline et surtout Roxane, et Mélina.
Mais tu ne m'as jamais aimé on dirait. C'est drôle.
Parfois, je me demande si on m'aimera encore, si quelqu'un pourra encore m'aimer toute entière, si quelqu'un voudra encore faire l'amour avec moi, un jour. Je voudrais que tu me rassures, que tu me dises Oui, oui bien sur, on t'aimera Gaby, mais oui, encore plein de fois, ce n'est pas parce que nous, on ne s'aime plus, que tu n'aimeras plus.
C'est la dernière chose que tu liras de moi ici.