Je suis en partie d'accord avec cet article, mais plus que l'évolution technologique, c'est plutôt un nouvel état d'esprit, lié à cette rapidité, que je déplore.
(Bien que l'omniprésence technologique mange du "temps de cerveau disponible", ça c'est certain.)
En fait je travaille dans un milieu voué à disparaître car il est à l'opposé de cette tendance. (Je fais de la gravure -des estampes-) C'est une technique qui prend énormément de temps, et beaucoup ne comprennent pas et comparent le résultat avec ce que peut faire une photocopieuse.
Sauf que ce processus lent est MAGNIFIQUE, on manipule plein de matières différentes, on sent plein d'odeurs différentes, on maîtrise chaque étape du processus du début à la fin, bien qu'on ne puisse pas tout contrôler non plus!
La lenteur de ce procédé nous oblige à avoir un rapport différent à ce qu'on produit, plus viscéral, mais plus réfléchi aussi.
Or, je pense que beaucoup de gens sont en manque de ces choses là, et tentent de les retrouver (engouement pour la cuisine, le jardinage...) Un professeur de graphisme/publicité nous avait dit que le sens du toucher était biaisé aujourd'hui à force de surfaces noires et lisses, et que c'était au publicitaire de recombler ces manques par l'image, je pense que c'est vrai! (voir pub de lingerie, les nouveaux packagings, etc.)
Le monde du travail lui aussi est complètement différent : j'ai fait un stage dans un grand atelier; ils prennent du temps pour manger, font la cuisine (super cuisine), dressent la table et mangent tous ensemble tous les jours, prennent le temps de boire un café lorsqu'un invité arrive, rigolent beaucoup, s'engueulent parfois. A côté de ça ils ne comptent pas leurs heures, font un travail excellent, parce qu'ils sont passionnés.
Et puis je vois aussi l'inverse, le monde "rapide" : on nous propose des entretiens collectifs aseptisés à la con, de "se vendre" pour faire de la distribution de flyers. Soyons honnêtes, personne n'a envie de faire ça, scoop : tout le monde le fait pour les thunes. C'est pas à nous de se vendre mais à vous de nous faire envie, bordel. De bouffer des sandwichs triangles à 5€ tout seul sur un parking...
Je sais que mon point de vue semble très manichéen mais c'est ce que je vis. J'ai l'impression que la société veut nous faire séparer travail et loisir : le travail c'est horrible, les loisirs compensent. Et je crois que c'est intimement lié à cette idée de rapidité, sur fond de rentabilité et d'efficacité. Du coup on bouffe du loisir, on DOIT voyager, s'éclater, faire plein de trucs originaux pour se rappeler qu'on est un Homme.
Et puis on a tout un tas de trucs à respecter tous les jours parce qu'on DOIT vouloir être quelqu'un d'exceptionnel : il faut pas être trop moche, pas maigre, pas trop gros, manger 5 fruits et légumes par jour, faire du sport, s'épiler, avoir un smartphone....
Revendiquez votre doit d'être moche, flasque, poilue, lente et pas connectée, vous serez quand même exceptionnelle!
La lenteur est un acte révolutionnaire, et une qualité! En l'adoptant, vous deviendrez maître d'une discipline trop souvent oubliée : l'art de vivre!
pour le pavé... petit coup de gueule du matin. En vrai je suis plutôt positive!