Comment déculpabiliser sur ton niveau de culture G

[Blakeney]

L'article semble penser que la culture générale se réduit à une série d'anecdotes, genre la date de la mort de Charles Martel...
Forcément avec cette définition c'est facile de faire de l'anti-intellectualisme et de se rassurer sur son manque de culture. "Ne pas être cultivé, c'est bien, au moins on est pas pédant !"
Mais enfin j'en attendais pas moins d'un magazine dont je comprends de moins en moins les choix éditoriaux (le dernier article en date sur la télé-réalité est... surprenant).

La culture générale, c'est l'idée qu'on en sait assez ou qu'on saurait où chercher / à quoi corréler une information pour pouvoir parler avec n'importe qui - le fan de Johnny ou un universitaire spécialiste de l'épilation en Grèce antique.

 

[Marjowine]

La culture G, j'ai surtout l'impression que c'est savoir que Zola a écrit l'assommoir (et l'année voir le contexte, histoire de) mais même pas forcément de l'avoir lu.

Et la seule culture G qui te vaut des regards condescendant quand tu ne l'as pas, c'est histoire/géo. Les classiques littéraires rentre dans la catégorie histoire, pour moi. A moins d'avoir une personne en face qui a le hobby très précis de la lecture, là c'est plus de la culture générale c'est plus précis. (Mais je vous accorde que c'est un hobby commun)

Pour mon cas perso, je suis la seule dans mon groupe d'amis a ne pas avoir fait de grande école, de prépa et j'ai aucun diplôme contrairement a eux. Ça ne veut pas dire que je suis moins bien qu'eux, c'est juste que dans leur cas, la culture G classique c'est carrément leur formation. C'est une plaie de jouer au trivial poursuit avec eux parce que je ne réponds qu'aux questions rose (la seule réponse de ma dernière session c'était Olivia Ruiz) et pour toutes les catégories histoire, géo, sport, ect (me souviens plus de toutes les catégories) bah je suis archi méga nulle. Quand on parle de sujets de société, je suis incapable de fournir des arguments valides car il me manque toujours des infos d'importance. Et je me sens toujours extrêmement nulle quand je dois demander le contexte politique ou la situation géographique d'un pays dans le monde... Alors qu'évidemment eux le savent.

J'avoue qu'avec eux je me sens nulle. Pourtant... Mon mari est dans le même cas qu'eux, ils étaient a l'école ensemble. Je ne ressens jamais ça avec lui parce que je lui fais remarquer aussi souvent que lui me fait remarquer des trucs qui nous paraissent hyper connu mais que l'autre connais pas. On a juste des domaines très différents. Ça ne fais pas de moi quelqu'un de moins bien, juste quelq'un de différent enfait.

 

[MissWeird]

@Bleu pastel : on sent que tu as lu Michel Pastoureau si je ne m'abuse...

J'aime bcp ses livres sur la symbolique des couleurs !

 

[Mademoizelle-Mow']

Quelqu'un m'a sorti une fois "La Culture G. c'est comme de la confiture, moins tu en as plus tu l'étales !" Alors je ne sais pas si le dicton est vrai mais il m'a bien fait rire sur le coup

 

[pi.cassoux]

Au boulot, on m’a toujours considéré comme une intello, parce que je lis, je regarde des films et séries, j’ecoute de la musique, et de chaque en grosse quantité. Du coup quand une de mes collègues se pose une question elle me demande avant de chercher sur le net, pour plein de sujet... « telle expression ça se dit comme ça ou comme ça? Ça veut dire quoi tel mot? Quelle langue ils parlent dans tel pays? Pourquoi y a la guerre chez eux déjà? Comment il est mort ce chanteur?... » parfois ça a aucun sens de me poser ces questions et parfois je peux dire a une collègue que non, casse noisette n’est pas une comédie musicale et leur raconter l’histoire du ballet.
Parfois, c’est valorisant, agréable, car je vois que l’autre en face est intéressé par ce que je dis et qu’il y a un partage, et parfois ça me fatigue parce que non, effectivement je ne connais pas tout et j’en suis bien loin, et quand on me fait la réflexion parce que je n’ai pas une réponse, j’ai l’imp qu’on me reproche à la fois d’avoir des connaissances et à la fois de ne pas en avoir assez. Comme si je me faisais traiter d’intello et de cancre en même temps...

 

[pi.cassoux]

@KtyKonéko Je te comprend, le remplaçant de mon médecin généraliste, un gros con misogyne et raciste m'a soulé avec Cicéron. Qui ne m'intéresse absolument pas, et j'ai juste balancé "Ouais ouais j'irais jeter un coup d'œil". Je lui ai pas clairement dit que ça m'intéressait pas parce que j'ai eu droit un peu avant à un "Oh vous lisez et écrivez ? C'est bien pour une femme et en plus vous êtes pas blonde…. je plaisante".

« Hum... sinon je suis la pour mon mal de ventre docteur »

 

[pi.cassoux]

@Nym.
J'ai fait toute ma primaire et mon secondaire dans une banlieue pas très sympa et franchement j'ai jamais observé ce que tu décris. Alors j'entend que ce n'est qu'une experience individuelle mais chez moi il n'y a jamais eu de rabaissement de la culture populaire, mais toujours une super mise en contexte et une réelle tentative de transmission de la part de mes profs, sans mépris. C'est ultra dur de mettre tout sur le dos de l'education nationale quand t'as bcp de problèmes structurels et sociaux qui expliquent cette difficulté de transmission.

Par rapport à la pertinence des oeuvres classiques : si Kendrick Lamar transmet l'experience d'un jeune Afro Amercain de Compton ça ne rend pas sa musique inintéressante pour le reste du monde, au même titre que les amours subtils de noble décrits par Marivaux reussissent encore à frapper juste au 21eme siècle, on essaye de filer des trucs assez intemporels dans les mains des élèves.

@TennanTen
Ben à t'enrichir culturellement...
En première je me suis forcée à lire Flaubert (raison scolaires) ça a été un coup de foudre, en maths spé une pote m'a fait écouter du Rachmaninov alors que je bitais rien à la musique dite "classique" et ça a aussi été une révelation, pareil avec le rap US. Je crois qu'il faut toujours se bouger un peu pour decouvrir de nouvelles choses et élargir ses horizons.

Je trouve juste dommage de se forcer, de se bouger pour écouter/voir/lire quelque chose qui ne nous tente pas le moins du monde mais qu’on nous dit qu’il faut absolument le faire parce que c’est « un classique ». Justement, à l'école j’avais horreur des livres qu’on nous imposait de lire, c’etait des mauvaises expériences parce que ça ne venait pas de moi. J’ai fait une fac de lettres parce que j’adorais lire et que je voulais connaître l’histoire de la littérature, mais j’ai détesté tous les bouquins qui étaient au programme. Et un beau jour, comme je les avais sous les yeux, que j’en avais oublié le contenu, et que je devais faire du tri, je me suis dit « tiens, le rouge et le noir, je vais le relire pour me faire une idée avant de m’en débarrasser » bah ça a été une grande découverte: j’ai lu ce livre parce que j’ai été tentée de le lire, pas parce que c'était imposé. Je me suis réellement plongée dans l’histoire, j’ai adoré. Personne ne m’a poussée à m’intéresser, j’avais la liberté de m’en débarrasser sans l’ouvrir, sans qu’on me dise « mais c’est dommage de pas s’y pencher quand même... » et le livre était d’un coup beaucoup plus attirant. Ça m’a fait ça avec beaucoup de livres, de films, de musiques... je pense que la culture s’acquiert plus agréablement quand on a personne pour choisir ce qui est mieux, ce qui est valable, quand on nous donne pas de directives, parce qu’on a pas l’impression qu’on va être jugé sur nos savoirs et nos goûts. Et je pense aussi que quand on a envie de partager un savoir, c’est une meilleure solution de s’appuyer sur les goûts de la personne en face pour lui dire « peut être que ce film pourrait te plaire car il parle de tel sujet, c’est un thème qui a l’air de t’intéresser bien que tu ne sois pas fan du noir et blanc » plutôt que « tu devrais regarder ce film, c’est la base ». Personnellement, je perçois la première proposition comme une invitation à la découverte et la deuxième comme un point à ajouter dans la liste des courses à la reconnaissance culturelle et surtout une menace de jugement.