@Osaurus @JAK-STAT Comme
@Nastasja , je trouve que les vieux mecs de 50 berges n'ont pas à "draguer" une jeune femme, et encore moins une enfant, et que c'est un comportement déplacé et aussi abusif, qui ne mérite que de se prendre un vent, au mieux, et si ils se prennent un truc désagréable eh bien tant pis pour eux.
Je m'explique (désolée si ce message paraît énervé, ce n'est pas du tout contre vous, c'est plutôt que j'ai du mal à parler du sujet sans ressentir le truc à nouveau) : ce type de comportement, je l'ai subi plus d'un millier de fois, comme la quasi totalité des jeunes filles vivant à Paris et en banlieue (ailleurs je crois que c'est moins prégnant) (peut être que c'est un comportement de grande ville ?). Et ça te change énormément :
- d'abord à 12 ans, je me suis empêchée progressivement de regarder autour de moi, parce que je risquais de croiser le regard de l'un d'eux (et quand t'as 12 ans, les hommes de 20 piges, c'est aussi des vieux libidineux). Et ils m'ont fait, tous, me sentir déplacée dans l'espace public. Chose que je ne ressentais pas avant, je pouvais flâner aux côtés de mes parents, regarder une scène dans la rue qui m'attirait... etc.
Ceci posé, ça peut déjà expliquer la réaction des femmes : perso, l'attitude de ce groupe d'homme m'a fait perdre une liberté que j'avais étant enfant. Ils m'ont réduits à un corps, ils m'imposent leur présence constante dans la rue.
- Maintenant, à cause d'eux, j'appréhende d'attendre seule dans la rue. Faut que j'ai l'air occupée, ou que j'ai l'air d'attendre. Je peux pas juste me poser en rêvassant. Avec le temps ça se calme, parce que j'ai appris à avoir l'air énervée en permanence. D'ailleurs si quelqu'un se demande encore pourquoi les habitantes de Paris et de banlieue font la tête dans le métro, c'est peut être un début de réponse. J'ai une pote qui était venue à Paris faire ses études, elle aussi a remarqué qu'elle ne pouvait pas sortir "naturellement", elle se faisait aborder, parfois plusieurs fois par jour. Donc je lui ai conseillé de faire la tête, et d'avoir le plus de mépris dans le regard, et ben... ça marche. C'est une protection.
Ces hommes, ceux de la rue, mais aussi dans d'autres cadres (en grandissant, c'est plus seulement dans la rue malheureusement) cherchent des femmes fragiles qui ne sauront pas dire non. C'est pour ça que je comprend la réponse méprisante dans leur cas : ils tentent avec une jeune femme, en se disant qu'elle ne saura pas se défendre, qu'elle sera trop apeurée, ou curieuse sur le coup mais ensuite ils pourront en profiter etc.... Et ils vont faire ça avec toutes les jeunes filles/femmes qu'ils croisent.
En fait c'est au-delà de la drague : ils nous signifient que l'espace public leur appartient, et que si on y marche, on doit être à leur disposition pour supporter leur drague lourdingue. Dans le cadre du boulot, ils nous signalent qu'ils ont un pouvoir potentiel, et qu'ils peuvent l'exercer sur nous quand ils le veulent, que ce soit physiquement ou par le jeu de la hiérarchie (s'ils sont nos supérieurs). Ils nous prennent pour des p.... de bouts de viande, ils nient notre humanité, parfois juste pour le plaisir de montrer qu'ils peuvent m'imposer s'ils veulent un rapport de séduction, et moi, je devrais penser à leur répondre gentiment ? non. Dans la mesure où je peux, je réplique.
Je suis énervée contre ceux que j'ai croisé et ceux que je vais croiser par la suite. Je ne vais pas m'amuser à distinguer entre eux, parce que je suis déjà usée là-dessus. Je ne peux plus prendre sur moi pour le confort de ces abusifs, peu importe que le 100e en réalité soit gentil au fond, ou autre.
En fait c'est là qu'on touche un rapport de domination : les hommes oppriment les femmes, du coup je vais pas m'embêter à distinguer parmi le groupe dominant si ce dominant-là était en fait un brave type.
Donc les envoyer bouler sans ménagement : je trouve ça compréhensible, déjà pour le côté usure, j'ai plus de réserves pour être gentille avec mes bourreaux en tant que groupe, mais aussi parce que souvent, l'homme âgé/malpropre dans ce cas pensait qu'il pouvait compenser la différence d'âge/de propreté par le fait qu'il est un homme dominant socialement. Que j'allais dire oui parce que j'avais besoin d'argent par ex. En bref, ils me font sentir qu'en tant que femme je suis moins forte qu'eux (dans notre société actuelle).
Je ne sais pas si c'est clair, mais pour reprendre l'exemple de
@Nastasja , c'est un client qui l'a "draguée" si j'ai bien compris. Et normalement, quand tu bosses, si c'est un client, tu écrases. Elle a de la chance que son patron ou sa patronne la soutienne, parce que généralement c'est pas le cas. Y a un rapport de subordination, puisque tu es la vendeuse, et que rembarrer l'autre c'est prendre le risque de perdre la vente. Donc moi je vois la situation qu'elle a décrite comme un client âgé, donc qui connaît un minimum la vie, qui a tenté de profiter de son ascendant de client pour obtenir l'attention sentimentale d'une femme de la moitié de son âge. Ce qui est abusif. Parce que c'est une pression économique. Le gars a pensé "je la tiens, elle va dire oui, parce qu'elle va avoir peur." (si j'ai bien compris l'exemple, en tout cas moi j'ai déjà vécu un truc similaire, pas avec un client mais avec un supérieur). C'est en réalité du chantage, tu ne peux pas dire "non" sans prendre un vrai risque.
D'ailleurs je trouve la réponse de
@Nastasja très courageuse, moi je le fais dans la rue, mais dans mon exemple de rapport de subordination, je ne pouvais pas me le permettre.
Et dans la rue c'est pareil : la plupart ne se contentent pas d'un "non". La plupart te suivent, insistent, "mais vous être vraiment très belle", et gnia gnia gnia jusqu'à ce que tu les envoie sur les roses. C'est pas du compliment, c'est du forçage, dans 95% des cas (d'expérience). Je me suis adaptée, maintenant j'envoie immédiatement sur les roses. Je me suis faite harcelée, mais au moins je me suis défendue, je leur ai fait mal aussi (à leur ego, enfin j'espère), et je me suis évitée de devoir supporter le harcèlement 2 mn de plus. J'en sors bénéficiaire, de mon point de vue.
edit : J'ai aussi l'espoir que ce type de réponse va les décourager d'embêter les prochaines gamines de 12 ans. J'y crois peu, mais si ça peut éviter qu'au moins un récidive, je me dis que ça vaut le coup.
edit : ajout "faite"