Comment Twilight glamourise les relations toxiques et la violence masculine

6 Mai 2020
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... Je vais me faire l'avocat du diable, me jetez pas des tomates pour ça !

Je suis complètement tombée dans la hype Twilight à sa sortie. Et si maintenant l'engouement m'est clairement passé, le souvenir en reste tout de même agréable. Alors oui l'amour entre Bella et un vampire est bizarre mais parce que c'est un VAMPIRE. Et oui du coup le héros est dangereux, a des réactions disproportionnées, inadéquates, mais c'est normal il.est. inhumain. Balancez-moi la même histoire sans vampire et sans loup-garou, et j'aurais abandonné le livre au bout de deux chapitres. Mais là on est clairement dans de la littérature fantastique, avec des êtres légendaires, c'est du pure fantasme ! Et quand je vois qu'on compare ce puceau frileux d'Edward à un bad boy, je pouffe. Alors oui, il la bouscule lors de leur nuit de noces et oui, elle en redemande et c'est glauque, mais je rappelle que lui en est littéralement traumatisé hein .(V'là le bad boy.) Alors qu'encore une fois, c'est un vampire, programmé à la bouffer, donc dangereux. Désolée, si vous voulez pas lire d'histoire où le héros aura une attitude s'apparantant à de la virilité toxique, faut pas aller piocher dans des histoires de monstres buveurs de sang.

Tiens lisez plutôt des histoires de sorciers ! Dans ces histoires de sorcier avec une ballafre, où l'heroine est forte et où la masculinité toxique n'est pas mise en avant et ... wait ... rappelez-moi quel personnage cristallise encore aujourd'hui tous les fantasmes féminins ? Le héros, triste orphelin courageux ? Son pote roux et pauvre ( il cumule lui en même temps), ou le salopard facho et lâche, mais riche et de la haute société ? Et là les livres y sont pour rien, hein, JKR n'a pas donné la fille au mâle blanc dominant, mais au p'tit gars sympa ( oui parce que le Ron des bouquins est l'un des meilleurs ado que j'ai pu lire, avec ses failles, ses blessures, ses faiblesses. Trop, visiblement, de failles et de faiblesses, ou pas les bonnes, parce que son amour avec Hermione en a fâché plus d'une ).
Allez faire un tour sur les fanfic de Harry Potter et on en reparle. Le Draco Malefoy canonique est tout sauf sympa, c'est au mieux un p'tit con et au pire un raciste, mais c'est lui qui enflamme l'imagination des filles, et vous savez pourquoi ? Allez, je vous aide : quels sont les points communs entre Draco, Edward, et même le sous-Edward, Christian Grey ? Ils sont RICHES et ils ont le pouvoir. Le premier de la noblesse, le second de son état de monstre, et le dernier de sa position d'homme d'affaire.

Les filles, on descend des femmes des cavernes qui avaient besoin d'un mâle alpha pour les protéger, elles et leurs enfants. C'est inscrit dans nos gênes. Voilà la raison du succès de ces perso masculins. Ça me consterne, personnellement, ( aucun de ces trois héros n'est à mon goût ) mais je trouve injuste qu'on rejette toute la faute sur des oeuvres du style de Twilight. Y a un truc qui s'appelle l'éducation, et ma mère, qui par ailleurs lisait des Harlequin ( des caricatures de masculinité toxique, un vraie régal, si vous connaissez pas foncez, surtout les anciens, ceux de son époque où l'héroïne était vierge jusqu'à l'avant dernière page !!!) ma mère, donc, m'a parfaitement inculqué la notion de ce que je suis en droit d'attendre du comportement mon conjoint, et à quel moment faut dire stop. C'est pas à la pop culture d'enseigner ça à nos enfants, fille ou garçon, c'est à nous ! Et faut pas s'y tromper, c'est en changeant nos mentalités que l'image du héros évoluera, pas l'inverse. Proposez aux lectrices un garçon drôle et courageux, qui respecte l'héroïne, mais pauvre, et un autre méchant et sournois, qui traite l'héroïne comme de la merde, mais riche, et bien jusqu à présent c'est un Drago Malfoy qui remporte la partie.

Après, laissons aux fantasmes la place qui est la leur : je vais pas psychoter si mon fils prend son pied sur Fornite, et je vais pas m'effondrer si ma fille craque pour le p'tit con de After. Faut pas se tromper de cible.
C'est à nous de bien enseigner à nos enfants comment se comporter avec l'autre sexe, garçon ou fille. C'est à nous de changer les mentalités, pas à la pop culture qui ne fait que répondre à la demande.
 
S

Sadala

Guest
@Tsuvane
Pitié, arrêtez avec ces clichés moisis sur la préhistoire. Il n'y a aucune raison de penser que nos ancêtres des cavernes aient été plus violents que nous. Ce cliché du cro-magnon qui tire sa femme par les cheveux au fond de la caverne pour la violer, c'est une vision victorienne des historiens du 19ème siècle, avec une vision du sexe bien d'époque.
Je pense que quand tu parles de "dans nos gênes", c'est pour toi une façon de parler mais au cas où... biologiquement c'est du bullshit.
 
9 Mars 2014
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lutinreveurblog.wordpress.com
En fait, le succès de personnages comme Edward Cullen, Damon Salvatore, Spike, Drago malefoy, dépend de la narration. Je pense déjà que le phénomène avec Drago Malefoy a commencé avec les films et parce qu'Emma Watson avait avoué avoir le béguin pour Tom Felton.
Dans Buffy, s'il est vrai que beaucoup de fans adoraient Buffy/Spike, j'ai rarement vu des gens adoraient Angelus/Buffy. Et je parle bien d'Angelus, pas d'Angel. Lorsqu'Angelus espionnait Buffy dans son sommeil et la dessinait tous ses actes étaient montrés comme obsessionnels et dangereux. Mais Spike bénéficie d'une différence de traitement alors qu'il n'est pas mieux qu'Angelus.

Maintenant, pour être immergée dans les fandoms depuis ma pré-adolescence, s'il est vrai qu'il y a beaucoup de fans qui adorent les couples type Edward/Bella, je trouve tout de même que la majorité des gens adorent les slash. Pour Star Trek, c'est Spock/Kirk, pour Harry Potter c'est les Drarry, Holmes/Watson, Dean/Castiel (SPN)... Franchement c'est un phénomène assez incontournable. Et ça ne ressort pas forcément du mauvais fantasme mais plutôt que beaucoup de fans n'accordent pas d'importance aux personnages féminins et se projettent plus facilement dans des personnages masculins. dit comme ça le raisonnement est sexiste mais il faut dire que les personnages féminins souffrent de pas mal de lacunes en terme de développement et de psychologie comparé aux personnages masculins, même de nos jours.

Twilight n'échappe pas à ce phénomène, beaucoup de fans se posent des questions sur l'orientation d'Edward et le considère au moins asexuel à la base. Mais certains peuvent écrire des pavés comme quoi il serait bisexuel voir pansexuel également (parce qu'Edward a attendu une centaine d'année pour perdre sa virginité). Les fans d'Edward/Jacob existent.

Je pense que le seul fandom ou la majorité des fans étaient à fond sur un couple exclusivement féminin était Once Upon A time. En dépit du fait que Emma Swan/Hook, soit le couple principal et surtout Hook répond aux codes de base du cliché bad boy, la majorité des fans voulaient qu'Emma finisse avec Régina Mills. D'ailleurs, je pense que les scénaristes en avaient conscience parce que vu la dose de queerbaiting dans cette série.
Donc, désolée mais c'est un peu plus compliquée que le fantasme du "mâle alpha".
Et ce que je raconte ne sont pas des phénomènes minoritaires, il y a des études sociologiques sur le sujet.
 
S

Sadala

Guest
HS : Harry Potter

L'engouement pour Malefoy, je pense que ça vient surtout de l'acteur.

Le pouvoir des Malefoy n'est jamais présenté comme désirable/attirant dans les livres, contrairement à celui de Grey par exemple. Au contraire, ce pouvoir est présenté au pire comme une menace (l'affaire Buck, le procès d'Harry...). Au mieux, Drago est décrit comme un chouineur se réfugiant dans la cape de son paternel "my father will hear abour it..." Il n'est jamais glorifié pour son argent au contraire.

Mais l'acteur est beau, et je pense que de nombreuses adolescentes ont eu un crush sur lui.
Imaginez Drago laid, il n'y aurait pas eu autant de fan fictions sur lui. ^^
 
23 Décembre 2012
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Je pense déjà que le phénomène avec Drago Malefoy a commencé avec les films et parce qu'Emma Watson avait avoué avoir le béguin pour Tom Felton.
Moi perso, je shippais un peu Drago/Hermione parce que je trouvais qu'Hermione avait l'air badass face à Drago. Hermione était la seule personne qui arrivait à clouer le bec à Drago et à la remettre à sa place, et du coup je trouvais ça assez intéressant de la voir exprimer tous ses pouvoirs face à lui plutôt que d'être un second rôle qui doit rester un minimum en retrait pour ne pas faire de l'ombre à Harry et Ron. J'aurais trouvé ça cool qu'elle soit si incroyable que même le petit gars arrogant et raciste finisse par changer d'avis (parce que j'ai jamais trop trop accroché à cette intrigue de Drago méchant jusqu'au bout - Harry Potter était censé être une histoire sur le choix mais Drago est destiné à être méchant et à le rester par Rowling alors qu'à la base, c'est juste un gosse dont les parents ont lavé le cerveau, j'ai cru et espéré toute la saga qu'il change de camp à la fin... et non).

Concernant Twilight, je n'avais pas spécialement trouvé le premier film problématique. A vrai dire, je comprends assez bien son succès. Les deux héros expriment si bien le mal-être adolescent, l'impression d'errance qu'on peut ressentir à cet âge, les tortures internes un peu irrationnels... Je comprends que ça ait parlé aux ados. J'ai trouvé le 2e film extrêmement ennuyeux (il ne se passe littéralement rien) mais je le trouvais aussi plutôt réaliste pour représenter la souffrance amoureuse adolescente.
Par contre, pour moi, ça devient vraiment problématique sur la fin avec le débat anti-avortement, cette notion du sexe c'est sale et dangereux et l'idée que le sexe avant le mariage c'est un gros non.
Et je n'ai pas lu les livres mais une de mes meilleures amies était très fan et aussi très séduite par les relations toxiques dans la vraie vie et elle m'a expliqué récemment que Twilight avait énormément contribué à "sublimer" la relation toxique dans laquelle elle se trouvait, à lui donner l'impression que la vraie passion et le vrai amour c'est ça, à adopter des discours et des comportements influencés par l'état d'esprit de Bella dans lequel elle se reconnaissait beaucoup.

En fait, je ne sais pas si le côté relation toxique serait problématique s'il y avait une prise de distance, une critique avec cette relation mais le dernier film n'est clairement pas dans cette démarche.
J'en parle souvent mais personnellement, j'ai été surprise de plutôt bien aimé le premier film de Fifty Shades of Grey. Pour moi, le film prend de la distance avec la romance que le livre essaye de vendre. Je trouve que c'est justement une très belle illustration d'une relation toxique. Pour moi, l'intrigue c'est clairement celle d'une héroïne inexpérimentée qui se fait prendre au piège dans une relation toxique et le réalise petit à petit. Franchement, il y a tellement de scènes où on a une certaine distance critique avec la relation, entre l'horreur d'Anastasia quand elle constate que Christian l'a suivie et l'espionne, son air triste quand elle constate la complicité de sa mère avec son beau-père, ce qui contraste avec sa propre relation... et la fin surtout où Christian lui fait mal et ne respecte pas complètement son consentement et soudain, elle dit STOP comme si elle avait une illumination et réalisait qu'il ne tient pas à elle, et le film se termine littéralement par elle qui dit "NON" et les portes de l'ascenseur qui se referment sur elle parce qu'elle se barre.
Franchement, s'il n'y avait que ce film, je trouverais que ce serait une belle subversion du thème de l'homme brisé qui maltraite sa promise malgré lui. Malheureusement, ce n'est pas comme ça que l'auteur des livres voyait l'intrigue et les films suivants (que je n'ai pas vu) ont forcément un peu détruit ce beau parcours d'empowerment.
J'ai trouvé les films Twilight/50 Shades assez différents aussi dans le sens où Anastasia semblement clairement sous emprise sans s'en rendre compte alors que Bella semble rechercher la toxicité de cette relation. Ce n'est pas tellement Edward qui la manipule mais une relation toxique à double sens, contrairement à 50 Shades où il y a clairement une personne qui manipule l'autre. Donc pourquoi pas représenter ce type de relations si au fil des films, les héros évoluaient ou réalisaient que leur relation est toxique... Après tout, rien d'exceptionnel à ce qu'une ado recherche des situations dark et qui font écho à son mal-être intérieur... Mais dans Twilight malheureusement, ça va un peu de pire en pire!
 
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