Commentaires sur En Essonne, c’est aux ados de rénover les hôpitaux s’ils veulent partir en vacances

[shigurette]

Je le redis, je n'en veux absolument pas aux jeunes d'avoir accepté le marché. De leur point de vue, oui c'est un bon deal. Le problème n'est pas qu'ils aient accepté, c'est que la région trouve ça normal de proposer ce marché et d'en faire la pub à la TV en faisant passer ça pour une bonne idée et une grande générosité (et encore il faudrait faire les comptes du coût de tout ça et de l'alternative de payer des ouvriers pour réaliser les travaux).
Mais soit, on se dit qu'il n'est pas vital/nécessaire de voyager et donc les personnes (en particulier les jeunes) n'ont pas à recevoir d'aide pour partir et alors il n'y a pas de raison de faire du travail (pas) dissimulé pour pas payer des ouvriers pour repeindre les hôpitaux.
Soit, on se dit que c'est une inégalité que les jeunes les plus pauvres ne puissent pas partir en voyage/vacances, alors on cherche à créer une aide qui touche le plus grand nombre de jeunes qui ne peuvent pas partir et pas seulement les 10 dont on a besoin pour repeindre l'hôpital.
Personnellement, je pense effectivement le fait de partir en vacances étant enfant/jeune est plutôt bénéfique et je suis pour une aide dans ce sens. J'ai également conscience que la région ne peut probablement pas payer un voyage en Espagne à tous les jeunes qui n'ont pas les moyens. Et donc qu'il faut faire des choix. Mais le choix présent me semble très mauvais pour les raisons dont j'ai parlé dans mon précédant post. Surtout qu'on n'a pas les chiffres également du nombre de jeunes qui vont partir avec ce dispositif (et dans quelles conditions, parce que ce n'est pas un séjour en 5 étoile au cœur de Barcelone). Mais je parie que ce n'est pas beaucoup (encore une fois, tant mieux pour les jeunes qui partent) et on ne peut pas vraiment parler d'un dispositif qui va compenser les inégalités structurales que subissent les jeunes les plus pauvres.
Edit :

10. La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.

11. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence.

Préambule de la Constitution de 1946 (préambule ayant toujours valeur constitutionnelle)

 

[PetitePaille]

@Myllypuro

Une semaine de travail ça ne te permet pas de cotiser pour ta retraite de toute façon. Et dans ce cas précis je pense que les vacances qu’on leur propose coûtent plus que 320€ (l’équivalent d’une semaine au smic) donc je vois pas vraiment en quoi ils se feraient exploiter en fait

Je suis 100x plus choquée par les stages où on est payé 500€ pour faire concrètement un boulot d’une personne au smic.

@shigurette
Il y a déjà des aides pour partir en vacances pour les enfants / ados : Vacaf (ça te paye une grosse partie du prix des colonies de vacances).

 

[Chamb]

@PetitePaille Je te contredis juste sur l'aspect cotisation : mes semaines de taf en interim (je bossais une semaine par ci par là quand j'avais des dispos) de quand j'étais jeune apparaissent sur mon 1er récap retraite.

 

[LolitaFlor]

@PetitePaille Je te contredis juste sur l'aspect cotisation : mes semaines de taf en interim (je bossais une semaine par ci par là quand j'avais des dispos) de quand j'étais jeune apparaissent sur mon 1er récap retraite.

Les miennes aussi, mais n'ayant pas travaillé suffisamment sur l'année, elles ne valident aucun trimestre donc ça ne change pas grand chose...

 

[PetitePaille]

@Chamb

Il faut que tu gagnes plus d’une certaine somme par an pour que ça valide un trimestre de retraite donc c’est pas vraiment une semaine qui changera grand chose. En tout cas si c’est leur seul travail de l’année ça ne change absolument rien dans leur cotisation.

 

[Chamb]

@PetitePaille @LolitaFlor Du coup, je suis allée vérifier. Effectivement, ça ne m'a pas validé de trimestre, par contre il y a bien des points associés (pas énorme mais en cumulé à peu près autant que mon stage de fin de master de 6 mois) donc je pense que cela compte dans le calcul de la somme je toucherais à la retraite ?

Je suis pas sure de comment ça marche exactement. Le récap compte d'une part les trimestres (et combien il en manque) et d'autre part les points (et me donne une valeur : 1 point = X euros). Du coup, c'est ce que j'en avais déduis...

 

[Solsticesdivers]

Cet article est l'exemple typique des travers de l'idéologie : le réel doit s'y conformer à tout prix.

D’abord, parce que ce devrait être le rôle de l’État d’investir dans l’entretien de son système hospitalier public, plutôt que d’exploiter des jeunes désireux de partir en vacances, comme l’ont souligné de nombreux internautes.

La notion d'exploitation suppose un profit abusif, ce qui n'est pas le cas ici. Une semaine de travail au profit de la collectivité dans un cadre respectueux du Code du travail pour une semaine de vacances en Espagne ne me semble pas relever d'une exploitation. Les mots ont un sens.

Ensuite, parce que cette vision méritocratique est martelée aux personnes les plus discriminées, comme si la notion même de privilège n’entrait pas en ligne de mire (sic)

Ce passage est mal écrit, je suppose que l'expression recherchée était "en ligne de compte" et non "en ligne de mire". Par ailleurs, la démarche est justement méritocratique : une semaine de travail permet de gagner une semaine de vacances en Espagne ; personne n'est contraint de participer à ce dispositif.

Aujourd’hui, même le droit aux vacances se gagne quand on est adolescent.

Non, le droit aux vacances existe bien pour tous les jeunes, qu'ils soient ou non issus d'un quartier prioritaire. En revanche, partir une semaine en Espagne n'est pas un droit inaliénable que chaque citoyen peut revendiquer et dont l'État doit se porter garant.

une sacro-sainte méritocratie dont ces jeunes sortent trop souvent perdants.

Pourquoi alors se plaindre de ce dispositif qui a le mérite d'être un exemple concret de méritocratie dont ces jeunes sortent gagnants ?

Pourquoi ne pas leur avoir plutôt inculqué des valeurs de partage et de solidarité en leur permettant de partir en vacances ?

J'adore ces propositions hors-sol qui semblent tout droit sorties de l'obscure programme d'un candidat à la présidentielle : "inculquer des valeurs de partage et de solidarité". Et on arriverait à ce résultat en offrant aux jeunes une semaine de vacances gratuite en Espagne ? Et ensuite deux semaines gratuites en Italie pour "inculquer les valeurs de tolérance et d'empathie" ?

 

[Margay]

@Solsticesdivers
Coucou, es-tu un homme?

 

[Myllypuro]

@PetitePaille

Mais ne pas être d’accord avec ce projet n’empêche pas d’être choquée par la condition des stagiaires aussi. L’un ne s’oppose pas à l’autre…

Pour ma part ce n’est pas la question du montant qui me dérange (ils pourraient leur payer une semaine au Japon mon argument serait le même).
Je n’ai pas dit non plus à aucun moment qu’ils se faisaient exploiter. Il ne faut pas me faire dire ce que je n’ai pas dit.
J’ai dit que je n’était pas d’accord avec le principe de contourner le droit du travail. Je trouve que c’est un précédent dangereux.
Si tout se passe bien pour eux, bah super, mais que se passe-t-il si l’un se blesse avec un outil le 2e jour, à-t-il toujours le voyage? Est-il payé ? Qu’en est-il s’ils ont un chef abusif ? Peuvent-ils faire appel à un syndicat?
Qu’en est-il si ce modèle se généralise ?

 

[Chamb]

@MarieLouise Pourrais-tu développer ? Pourquoi est-ce que cela coute plus cher ?

Spoiler: le peu que je connais des chantiers citoyens

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[Whynaute]

Spoiler

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[Solsticesdivers]

@Cocoa.

Je trouve que tu évacues un peu vite les manquements de l'Etat envers la société.

Je parle du sujet qui fait l'objet de l'article. Il n'est pas incompatible de saluer ce dispositif et de constater les manquements de l'État.

Des initiatives comme celles là même si elles sont cool, ça revient à déplacer une responsabilité de l'Etat envers l'individu

Ce dispositif n'a pas de caractère obligatoire, je vois donc difficilement comment on peut parler d'un transfert de responsabilité. Je comprends le fond de ton message : ce dispositif ne peut exister sans qu'il y ait eu un échec de l'État en amont ; néanmoins, le cas échéant, ça me semble être une solution de repli plutôt intéressante.

Donc déjà, oui c'est un problème de voir ces initiatives, toutes utiles qu'elles soient, être encensées pour faire diversion au manque flagrant de vrais changements structurels sur la question de pourquoi on a des hôpitaux décrépits à la base.

Je ne vois pas vraiment en quoi il s'agit d'une "diversion". Comme je l'ai dit plus haut, souligner les aspects positifs de ce dispositif ne fait pas obstacle à une critique globale de l'État et de ce qui a rendu possible un tel dispositif.

Et ensuite, le prétexte de la méritocratie ce serait bien de se rendre compte que c'est quand même une grosse fumisterie

Je vois ce dispositif comme une bulle de méritocratie, rien de plus.

Quel sens ça a d'instaurer le sens du mérite à ces gamins là, de les convaincre que "si on veut quelque chose, il faut se donner les moyens"

Parce que, dans leur situation, c'est bel et bien le cas. Pour anticiper toute interprétation fallacieuse, je précise : la condition "se donner les moyens" est nécessaire, je ne dis pas qu'elle est suffisante. Faire prendre conscience à des individus que leur probabilité de s'en sortir augmente mécaniquement avec du travail et de l'effort ne me semble pas superflu, quand bien même ce ne serait pas une garantie de succès.

Et puis d'ailleurs en fait, puisque c'est si bien la méritocratie, pourquoi ça s'applique pas aux enfants de bourgeois?

Si c'est tellement bien les jobs d'été pour "apprendre la vie aux jeunes", pourquoi les bourgeois envoient pas leur gosses faire le service chez tous les restaurateurs qui pleurent parce que les jeunes veulent plus bosser ?

Personnellement j'ai vu de tout, y compris des enfants issus de familles aisées qui devaient travailler l'été parce que ça s'inscrivait dans l'éducation que leurs parents voulaient leur donner. Si ta remarque vise surtout à noter que la vie est injuste, je pense que c'est une conclusion à laquelle je souscris ; et ça ne changera jamais, ça va largement au-delà des responsabilités de l'État.

Pour résumer ma réponse : je partage ton opinion sur l'essentiel à ceci près que :
- un jeune, quel qu'il soit, ne perd rien à comprendre qu'il faut au moins se donner du mal et travailler, quand bien même ça peut ne pas être suffisant, pour ne pas rater une occasion si celle-ci – même peu probable – se présente ;
- un peu de méritocratie est préférable à une absence totale de méritocratie.