Commentaires sur En Essonne, c’est aux ados de rénover les hôpitaux s’ils veulent partir en vacances

[MarieLouise]

@Chamb
Quelques pistes rapidement
- l'equipement pour les jeunes, généralement neuf (on peut parfois proposer des équipements d'occasion, mais beaucoup refusent pour les chaussures de sécurité notamment... donc du neuf)
- tout ce qui est frais d'accueil (le repas va souvent être compris pour tous sur ce type de chantier )
- le coût de formation : il faut des personnes expérimentées et compétentes pour ca, qui vont être moins productives que si elles avaient leur taches habituelles et les jeunes vont clairement produire moins que des travailleurs formés
- le temps d'organisation : identifier les jeunes et tout le travail administratif lié : très important

Et dès qu'on complexifie le projet, les effets se multiplient. En gros, si tu fais juste du balayage des rues avec un jeune par travailleurs, tu ne perd pas trop, mais si ton projet c'est de l'enduit sur mur très abîmés...

 

[Whynaute]

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[Cocoa.]

@Solsticesdivers
Je trouve que tu évacues un peu vite les manquements de l'Etat envers la société. Même si comme tu le dis, dans ce cas précis il ne s'agit pas d'exploitation des jeunes qui participent; ben ça n'empêche que c'est pas leur rôle. Des initiatives comme celles là même si elles sont cool, ça revient à déplacer une responsabilité de l'Etat envers l'individu, et l'effet pervers de ça c'est que ça permet au gouvernement de s'en laver les mains : bah vous voyez on n'a plus à s'occuper de nos hôpitaux croulants, c'est les petits jeunes qui le font!
Surtout que c'est ce qui passe pour tout un tas de services publics, dont ironiquement le système de santé qui s'écroule depuis plusieurs décennies; pendant ce temps-là on met en place de la télé-médecine à tour de bras comme si ça pouvait réparer toutes les suppressions de service hospitaliers ou la désertification médicale (non). Surtout on évite de regarder la racine du problème et puis quand on nous demande des comptes on peut ressortir nos petites actions insignifiantes mais qui font joli sur un programme.

Donc déjà, oui c'est un problème de voir ces initiatives, toutes utiles qu'elles soient, être encensées pour faire diversion au manque flagrant de vrais changements structurels sur la question de pourquoi on a des hôpitaux décrépits à la base.

Et ensuite, le prétexte de la méritocratie ce serait bien de se rendre compte que c'est quand même une grosse fumisterie, quand on sait que dans notre société actuelle les conditions de vie de chacun sont beaucoup, beaucoup plus influencées par notre milieu d'origine et des paramètres sur lesquels on a pas la main que sur nos efforts personnels quels qu'ils soient.

Pourquoi alors se plaindre de ce dispositif qui a le mérite d'être un exemple concret de méritocratie dont ces jeunes sortent gagnants ?

Parce que cet exemple ne sera pas transférable à leur vie en société!
Quel sens ça a d'instaurer le sens du mérite à ces gamins là, de les convaincre que "si on veut quelque chose, il faut se donner les moyens", alors que quand ils seront entrés dans la vie d'adulte, ils vont être de facto être limités dans leur mobilité sociale, quand bien même ils se donneraient beaucoup de mal? De créer une petite bulle dans laquelle la méritocratie fonctionne en effet, alors que dans les faits le reste de la société ne fonctionne pas selon ces règles là?

Et puis d'ailleurs en fait, puisque c'est si bien la méritocratie, pourquoi ça s'applique pas aux enfants de bourgeois? Quand j'étais étudiante et que mes potes bossaient le soir et les week-ends pour payer le loyer de leur tout petit appartement, y avait Charles-Henri et Marie-Eugénie qui partaient faire Halloween aux Etats-Unis, et puis skier à Courchevel, et le nouvel an à Londres.
Est-ce qu'à un moment on leur a demandé s'ils avaient mérité toutes ces vacances-là, si ils s'étaient donnés les moyens pour ? (spoiler non c'était plutôt les moyens de leurs parents).
Si c'est tellement bien les jobs d'été pour "apprendre la vie aux jeunes", pourquoi les bourgeois envoient pas leur gosses faire le service chez tous les restaurateurs qui pleurent parce que les jeunes veulent plus bosser ?

ça me casse un peu les pieds qu'on parle encore de méritocratie, alors que ça n'existe pas ici, et toujours aux mêmes personnes qui précisément vont raquer le plus dans leur vie pour récolter les miettes du gateau, pendant qu'à l'Elysée on se frotte les mains de pas avoir à faire le boulot pour lequel ils sont payés par notre thune.

 

[Solsticesdivers]

@Cocoa.

Je trouve que tu évacues un peu vite les manquements de l'Etat envers la société.

Je parle du sujet qui fait l'objet de l'article. Il n'est pas incompatible de saluer ce dispositif et de constater les manquements de l'État.

Des initiatives comme celles là même si elles sont cool, ça revient à déplacer une responsabilité de l'Etat envers l'individu

Ce dispositif n'a pas de caractère obligatoire, je vois donc difficilement comment on peut parler d'un transfert de responsabilité. Je comprends le fond de ton message : ce dispositif ne peut exister sans qu'il y ait eu un échec de l'État en amont ; néanmoins, le cas échéant, ça me semble être une solution de repli plutôt intéressante.

Donc déjà, oui c'est un problème de voir ces initiatives, toutes utiles qu'elles soient, être encensées pour faire diversion au manque flagrant de vrais changements structurels sur la question de pourquoi on a des hôpitaux décrépits à la base.

Je ne vois pas vraiment en quoi il s'agit d'une "diversion". Comme je l'ai dit plus haut, souligner les aspects positifs de ce dispositif ne fait pas obstacle à une critique globale de l'État et de ce qui a rendu possible un tel dispositif.

Et ensuite, le prétexte de la méritocratie ce serait bien de se rendre compte que c'est quand même une grosse fumisterie

Je vois ce dispositif comme une bulle de méritocratie, rien de plus.

Quel sens ça a d'instaurer le sens du mérite à ces gamins là, de les convaincre que "si on veut quelque chose, il faut se donner les moyens"

Parce que, dans leur situation, c'est bel et bien le cas. Pour anticiper toute interprétation fallacieuse, je précise : la condition "se donner les moyens" est nécessaire, je ne dis pas qu'elle est suffisante. Faire prendre conscience à des individus que leur probabilité de s'en sortir augmente mécaniquement avec du travail et de l'effort ne me semble pas superflu, quand bien même ce ne serait pas une garantie de succès.

Et puis d'ailleurs en fait, puisque c'est si bien la méritocratie, pourquoi ça s'applique pas aux enfants de bourgeois?

Si c'est tellement bien les jobs d'été pour "apprendre la vie aux jeunes", pourquoi les bourgeois envoient pas leur gosses faire le service chez tous les restaurateurs qui pleurent parce que les jeunes veulent plus bosser ?

Personnellement j'ai vu de tout, y compris des enfants issus de familles aisées qui devaient travailler l'été parce que ça s'inscrivait dans l'éducation que leurs parents voulaient leur donner. Si ta remarque vise surtout à noter que la vie est injuste, je pense que c'est une conclusion à laquelle je souscris ; et ça ne changera jamais, ça va largement au-delà des responsabilités de l'État.

Pour résumer ma réponse : je partage ton opinion sur l'essentiel à ceci près que :
- un jeune, quel qu'il soit, ne perd rien à comprendre qu'il faut au moins se donner du mal et travailler, quand bien même ça peut ne pas être suffisant, pour ne pas rater une occasion si celle-ci – même peu probable – se présente ;
- un peu de méritocratie est préférable à une absence totale de méritocratie.

 

[Membre supprimé 370517]

@Margay

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[Mayushi]

Un peu en décalé avec votre échange, mais je voulais signaler que ce type de projet coûte plus d'argent que ce simili travail gratuit peut en faire gagner, même si les jeunes ne partent pas en vacances ensuite.
Réaliser des travaux dans ces conditions revient la plupart du temps à plus cher que passer par une entreprise classique.

C'est d'ailleurs le même problème avec les tig et les simili rsa contre travail. Les associations n'accueillent pas ce type de projets parce qu'elles n'ont pas les moyens d'encadrer ca correctement, sauf si elles ont un financement spécifique dédié.

Du coup la plupart du temps, ce type de projet est monté avec l'argumentaire type "partage, collectif, solidarité, savoir être, savoir faire, ouverture" (et vous pouvez ajouter les mots valises de votre choix).

C'est naïf de croire que le RSA contre travail à terme ne serait pas intéressant pour le patronat. Oui la personne marginalisée qui est au RSA depuis 20 ans, pas de formation etc. les premiers jours~mois de sa nouvelle activité "RSA contre travail" elle sera peu efficace, comme un.e jeune qui commence dans un secteur particulier. Mais tu crois vraiment qu'au bout de 2, 3, 5 ans elle sera toujours inefficace ? C'est la même chose pour le travail carcéral et les TIGs.

On a déjà les dérives du service civique pour se rendre compte des problèmes liés à ces systèmes qui permettent d'avoir un travail fait sans le rémunérer correctement. On a des pléthores de reportages sur les abus concernant les stages aussi qui réutilisent plus ou moins tout tes arguments pour justifier les indemnités ridicules : coût de formation, temps d'organisation, nouvel équipement. Puis dire que la formation et l'encadrement ont un coût, c'est réel si la personne formée repart avec des compétences solides car elle effectue des tâches complexes. Si on te donne des tâches simples et répétitives pendant 1 semaine tu apprends rien et tu coûtes pas non plus grand chose. Repeindre des murs de façon "moyenne" mais suffisamment propre pour que ça soit acceptable ça demande pas plus d'une demi journée de formation / encadrement, après ça roule tout seul. J'arrive très bien à peindre chez moi sans avoir de formation. On leur demande pas de repeindre Notre-Dame non plus.

Les coûts que tu mentionnes existent aussi dans le privé, même pour les postes avec des vrais salaires. Un.e jeune qui débarque dans une entreprise de BTP tu vas en général donner de l'équipement neuf, tu vas forcement l'encadrer et le/la former, iel va te coûter en temps. Cette personne peut partir au bout de 3 semaines aussi. Avec un vrai salaire ceci dit. Si les entreprises dans le privé s'y retrouvent à payer des jeunes pour faire du travail saisonnier sur 1~2 mois c'est bien que la formation coûte pas grand chose en réalité car ces jeunes là sont bien payés au SMIC.

 

[MarieLouise]

@Mayushi bien sûr le temps d'apprentissage existe pour tous les salariés. Sauf que les salariés restent dans l'entreprise, là tu enchaîne de la présence sur des temps très courts des personnes sans formation.

A terme, les entreprises classiques sont gagnantes, parce que ça peut jouer un rôle qualifiant pre embauche. Mais ce ne sont pas elles qui les accueillent pour des projets de ce type.
La réforme récente du tig a par exemple augmenté le temps maximal de la peine et permis aux entreprises de l'ess de demander des habilitations.
Les deux étaient liés, car en 400 h, tu peux davantage rentabiliser l'effort de formation.
Même si a ma connaissance, cela n'a pas eu l'effet voulu, et que les juges ne donnent que très rarement 400h car c'est difficile pour la personne et presque aucune structure d'accueil n'accepte les peines aussi longues.

Mon premier message n'était pas naif ou idéologique, c'est un constat de comment fonctionne ce type de projet, parce que j'ai travaillé dans ce milieu et monté des budgets à la pelle pour des trucs très très similaires.

Après, si tu as des sources qui confirment l'utilisation du tig ou du rsa comme main d'œuvre gratuite qui fait augmenter la rentabilité d'une structure, ca m'intéresse.
Le cas du service civique est très différent en raison du temps des missions et des profils concernés.

 

[hellopapiméquépasa]

moi ce qui me choque c'est que ce travail aurai pu être donné a des salarié diplomée comme si les taux de chomage n'était pas suffisament haut.

 

[Solsticesdivers]

@Légitime Immature

Spoiler: HS : absence de réponse

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