Par rapport aux liens dans mes paragraphes, je vais essayer de reformuler ce que je voulais dire.L'abolition totale est en effet très rare, oui. Pour le somnambule, techniquement ça pourrait compter, mais alors pour prouver ça...si j'étais l'experte qui devais en juger, franchement je ne me prononcerais pas, en vrai. Si vraie crise oui, mais comment prouver que c'est une vraie crise et pas un gars qui s'en sert comme excuse ? Surtout que les expertises ont en général lieu plusieurs mois après le crime, donc très compliqué...
Oui, tout à fait. Dans les cas de l'altération, qui est donc bien plus fréquente que l'abolition, il y a une peine de prison, mais la peine maximale possible est réduite (par exemple pour un meurtre : on passe de perpétuité à 30 ans) et il y a une injonction de soins qui est prononcée également. Mais dans ces cas-là, le concept de soins psychiatrique fait sens puisqu'il y a bien quelque chose de psychiatrique à guérir.
Je n'ai pas bien compris où tu voulais en venir, j'avoue
Les deux premiers paragraphes me semblent évidents, oui ?
Je ne comprends pas comment ils se corrèlent au dernier paragraphe...
J'ai déjà répondu...
Pour les déficients intellectuels violents, qu'est-ce qu'on va faire pour eux en psychiatrie ? Qu'est-ce qu'on va soigner ? On ne va pas les rendre moins déficients intellectuels...et encore une fois, on n'est pas éducateurs, on n'est pas là pour leur apprendre à gérer la frustration, pour leur apprendre la vie en société ou la vie en autonomie. Tout ce qu'on fait pour eux en psychiatrie, clairement, parce qu'on n'a pas d'autre solution, c'est les sédater avec des médicaments, quand ce n'est pas les contenir physiquement. Formidable...Le souci, il est social là. Le souci, c'est qu'il n'y a pas assez de places dans les structures adaptées pour eux. Mais : et donc ? Pourquoi ça devient notre problème ?
De plus, je n'ai pas dit qu'il fallait les exclure de la psychiatrie. J'ai dit qu'ils n'ont rien à faire en *hospitalisation*. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas intervenir dans leur prise en charge sociale, notamment pour gérer l'agressivité avec des médicaments (sans les assommer), mais il n'y a aucune indication à une *hospitalisation* en psychiatrie.
Comme j'ai dit plus haut : en psychiatrie comme dans n'importe quel service hospitalier, on prend des patients qui décompensent d'une pathologie adaptée à notre spécialité, et ils sortent quand ils vont mieux. Sauf qu'on ne décompense pas d'une déficience intellectuelle, et on n'en guérit pas non plus, donc d'emblée ça va à l'encontre des indications d'hospitalisation.
Pour les patients atteints de démence : oui, il y a des symptômes psychiatriques dans les démences. Mais le trouble de fond, ce n'est pas un trouble psychiatrique, c'est un trouble neurologique et gériatrique. Il y a aussi des symptômes psychiatriques dans les tumeurs cérébrales, pour autant ça semble logique que ces patients n'ont rien à faire en service de psychiatrie.
Donc là encore, les psychiatres peuvent intervenir dans la prise en charge et donner leur avis pour gérer le traitement des symptômes psy, mais il n'y a aucune indication à une *hospitalisation* en psychiatrie.
À ça aussi, j'ai déjà répondu, pour le cadre de l'hospitalisation.
Et je ne comprends pas bien la question, encore une fois Il y a aussi de grandes différences entre une mucoviscidose et un cancer du poumon, pourtant les deux peuvent nécessiter d'être hospitalisés ou pris en charge en pneumologie...
1 er paragraphe : J'ai l'impression en te lisant que tu dis que les patients / condamnés doivent aller en psy que s'ils ont une abolition du discernement, ou bien une décompensation (dans ton 2e message). Décompensation psychotique, c'est bien une bouffée délirante, c'est bien ça (donc abolition / diminution discernement) ? Après, décompensation anxieuse, dépressive etc. je suis allée regarder et la définition est assez vague "La décompensation peut être de type psychotique, maniaque, anxieuse, dépressive, alcoolique…. Elle révèle à un moment donné la présence d’un excès de tensions que la personne ne peut plus gérer par ses moyens habituels de défens" --> en gros la personne n'arrive plus à faire face dans la vie quotidienne.
--> du coup, là où je voulais en venir, c'est que j'ai l'impression qu'il y a hospitalisation à partir du moment où la personne est à bout et n'arrive plus à gérer, même si le discernement n'est pas altéré. D'où les exemples de la phobie scolaire, de l'anorexie, de la dépression sévère etc. (soignable ou non soignable d'ailleurs dans les cas de troubles cycliques).
--> Du coup, dans le cas d'un condamné, bah s'il fait un geste répréhensible c'est en quelque sorte qu'il n'arrive pas à gérer la vie quotidienne, donc en prenant en compte cette définition large de la décompensation psychique ça pourrait rentrer ? Quelqu'un avec un trouble antisocial, passer à l'acte ce ne pourrait pas être un peu l'équivalent de quelqu'un avec un trouble anxieux généralisé qui se retrouverait totalement paralysé par l'anxiété ? (j'y vais avec mes gros sabots).
--> Outre la décompensation psychique (je n'avais pas vu ton 2eme message désolée, j'ai regardé après), j'avais l'impression qu'on hospitalisait quand le patient était dangereux pour lui même (anorexie, suicide) ou pour les autres (agression) à cause de son trouble. Dans ton exemple d'agression dans le cas d'un trouble anti social, bah le patient est dangereux à cause de son trouble, mais j'imagine que le patient peut se contrôler si le trouble est bien maîtrisé.
Ex avec l'anorexie : la personne sait qu'elle doit manger pour guérir, même si elle veut guérir c'est très difficile pour elle même si elle sait que c'est pour son bien. Passer par l'hôpital et avoir un environnement adapté + médecin + sonde + être en quelque sorte obligée de reprendre du poids est nécessaire pour lui permettre de reprendre du poids. Donc ok, il y a une notion de volonté du patient, mais pas que.
Donc en gros 1) mais il n'y a pas que des personnes avec des troubles du discernement en psy 2) j'ai l'impression qu'une personne est hospitalisée dès qu'elle n'arrive plus à vivre sa vie quotidienne / est dangereuse pour elle ou pour autrui (donc les cas des condamnés) 3) Pour être hospitalisé en psy, il faut un trouble psychiatrique sous-jacent mais la liste de tous les troubles du DSM est tellement immense que ça doit être difficile de ne pas trouver chez un condamné (ou n'importe qui d'ailleurs) un trouble pouvant en partie expliquer un comportement (au milieu de plein d'autres variables).
Je trouve cette discussion super intéressante, et si je pose les questions ce n'est pas pour challenger / polémiquer mais vraiment car je trouve ce sujet très intéressant et je trouve ça bien de pouvoir en parler avec une experte !