Je prends les chiffres recensés par un média indépendant de la ville dans laquelle je suis :
"Au 28/04 à
#Toulouse nous en sommes à :
-663 interpellations
-424 gardes à vue (nous n'avons pas tous les chiffres, beaucoup plus donc)
-125 déferrements (idem)
-une trentaine de personnes en prison
-253 mois de prison avec sursis
-229 mois de prison ferme (incluant les peines aménageables)
-23 600€ de fin de mois pour certain-e-s flics
-6 050€ de frais de justice
-76 ans d’interdiction de séjour ou manifestation sur Toulouse
-313 blessé-e-s dont 56 sérieu-ses-x à partir de l'acte 12"
Je ne souhaite à aucun flic de se suicider. Leur métier est violent et difficile, ça je le sais aussi. Mais les "suicidez-vous" ne s'adressent en aucun cas aux policières municipales qui gèrent les problèmes du quotidien ! Bien sur que je me tournerais vers la police si un problème l'exige, mais on parle pas de ça ici !
Il s'agit, depuis septembre, de toute une population sur qui on lance des grenades, qu'on frappe, qu'on blesse, qu'on mutile, qu'on emprisonne. Ce ne sont pas des phénomènes isolés, à cause d'un trop plein de zèle. Ce sont des actes d'une extrême violence, généralisée et encouragée par l'Etat. Le problème de la police est structurel. On ne parle absolument pas d'un ou deux flics. On parle de l'entièreté du fonctionnement du "maintien de l'ordre".
Avoir peur pour sa vie, je le comprends. En revanche, lorsqu'on parle des manifestations, on ne parle pas de la police municipale. La police municipale est pourtant en partie responsable des violences extrêmes exercées dans les quartiers populaires, et ce avant les manifs gilets jaunes. La violence ne vient pas de nul part non plus. Lorsqu'on parle des manifestations, il est question des CRS, des gendarmes mobiles, de la BAC, de la BRI... Qui, encore une fois, blessent, mutilent, et tuent (Zined Redouane, on l'oublie trop). Il faut vraiment se demander où se trouve la violence systémique. Il faut sortir de l'abstraction et des témoignages personnels hype limités pour essayer de comprendre le problème politique, un peu, sinon on s'en sortira pas et on en restera à ça : ne rien apprendre du tout, ne rien analyser, et en rester à l'émotionnel pur qui, de ce point de vue, est dangereux puisqu'il ne remet à aucun moment en question le problème politique global. Des gens risquent leur vie tous les samedis en ce moment. Ils et elles ne sont pas payées pour ça. Ils et elles ne sont pas protégées, ni par un équipement, ni par la société.
Je suis très en colère contre Mademoizelle, parce que vous ne pouvez pas vous débarrasser du bébé sous prétexte que "ce sont les paroles de la personne qui témoigne, pas du magazine". Il n'y a aucune analyse, aucun contrepoint. C'est pas un témoignage anodin, surtout aujourd'hui. Ce n'est pas qu'un ressenti parmi d'autres. Vous devez avoir un minimum conscience des enjeux et savoir que c'est un article politique que vous publiez ici, avec un point de vue profondément situé, non questionné et qui s'insère dans un contexte très grave.
Désolée pour la rédaction aléatoire, je réagis à chaud
EDIT, toujours en colère : on n'a pas besoin de Madmoizelle pour faire du BFM.