Merci pour ce témoignage.
Je suis moi-même sourde profonde (110 décibels à chaque oreille).
Il y a juste quelques détails dans le témoignage qui m'interpellent.
On ne peut pas dire qu'il est "impossible" de déterminer l'origine des sons. C'est faux. Tout dépend des sons, il y en a qui sont facilement reconnaissables (comme le bruit d'un moteur de voiture ou de moto) et d'autres qui sont plus difficilement reconnaissables, voire pas du tout. Mais de dire "impossible" induit les lecteurs en erreur car cela signifie qu'en gros, les appareils ne servent à rien. Or, la fonction première des appareils est justement de permettre aux déficients auditifs de repérer au maximum les bruits environnants (dans la limite du degré de leur handicap) et de pouvoir entendre si une voiture est à l'approche par exemple, ou repérer quand on est appelé, etc.
Concernant l'expression "dialogue de sourds", juste une petite précision... Elle ne fait en aucun cas référence au fait que les sourds seraient soi-disant muets. Cette expression signifie simplement que les interlocuteurs ne captent pas ou ne veulent pas comprendre ce que veut dire l'autre et donc répondent à côté, par exemple.
Ensuite, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'un entendant sera considéré comme handicapé. Il n'est PAS handicapé. Qu'il naisse dans une famille sourde fera simplement de lui quelqu'un de différent des autres membres de sa famille, sans être handicapé puisque rien ne l'empêche d'apprendre la LSF. Il aura indiscutablement des avantages par rapport aux autres (possibilité de téléphoner, etc.).
Quant à la communauté sourde. La première erreur est de parler de LA communauté sourde sachant la richesse de la diversité du monde des sourds. Comme il l'a été dit dans le texte, il y a en effet plusieurs types de surdités différentes, donc plusieurs communautés (LPC, LSF, oralistes, etc.). Là, le "communauté sourde" fait uniquement référence à un seul type de déficients auditifs : les sourds qui signent uniquement ou essentiellement. Or, toutes les personnes déficientes auditives ne sont pas incluses dans ce type de communauté. De l'indiquer tel quel induit aussi les entendants en erreur, en leur laissant penser qu'il n'y a qu'une seule communauté.
La seconde erreur est de penser qu'il est normal que les sourds vivent en ghetto et qu'ils en sont forcément heureux. Les raisons d'un tel renfermement sur eux-mêmes sont diverses, mais on retrouve souvent des raisons issues de souffrance : sentiment de rejet par la société majoritaire (entendante), difficultés à s'intégrer que ce soit en société ou dans sa propre famille, etc. Il y a aussi le fait que ces sourds ayant le plus souvent grandi ensemble depuis la première année de maternelle en institut spécialisé, ils forment comme une grande famille.
Je suis d'accord sur le fait que la LSF et la langue orale comportent chacune ses avantages et inconvénients. Mais je trouve que c'est vraiment minimiser l'importance de la langue orale que de la reléguer en simple "contact avec les entendants". La langue orale, qui respecte la syntaxe de la langue française, permet davantage aux personnes déficientes auditives de s'intégrer à la société que la LSF. C'est un fait. Et sans la langue orale, on galère bien plus à réussir ses études ou, ne serait-ce que son parcours scolaire (au secondaire notamment), que si on usait uniquement de la LSF. C'est également un fait.
Sinon, je suis d'accord avec la quasi totalité du reste du texte. Notamment sur le fait qu'il faut absolument que les deux sociétés (entendante et sourde) soient autant sensibilisées l'une que l'autre, histoire que ça ne se fasse pas toujours dans un seul sens.