syihtb;4727075 a dit :
Pour ce qui est des appareils auditifs, je pense qu'il faut avant tout laisser le choix à la personne (je pense aux sourds de naissance, les trop petits pour avoir leur mot à dire). Après tout, ce que l'on ne connaît pas ne peut pas nous manquer (même si bien sur la surdité engendre des difficultés au quotidien), et entendre pour être "normal" n'est pas une solution.
Là, je m'insurge... Comment pouvez-vous faire une telle conclusion ? A ce que je constate, vous n'êtes pas directement touchée par la situation, vous ne pouvez donc pas décréter aussi légèrement qu'on n'a pas à les appareiller ! Cela démontre bien votre méconnaissance de la surdité et de sa variété dans les différences ainsi que le processus d'apprentissage de la parole !
De plus, on n'est pas appareillé pour être "normal", car c'est de toute façon un leurre que de penser qu'ainsi on devient entendant ! Or, ce n'est pas du tout le cas, le fait d'être appareillé ne nous rendra jamais entendant. Ce n'est qu'une AIDE ! Au même titre que les fauteuils pour les handicapés moteurs, la canne pour les aveugles, etc. La différence réside cependant effectivement dans le fait que selon les sourds, certains peuvent se passer d'appareils (mais le plus souvent, c'est qu'ils ne les supportent pas, pour les autres, c'est un choix délibéré car ils s'en passent très bien, surtout s'ils évoluent dans un milieu quasi exclusivement sourd).
J'ajoute que beaucoup de sourds qui parlent mal, voire très mal, en souffrent énormément. Ils complexent là-dessus, ont honte de leur voix et de ne pas maîtriser du tout le français, sont blessés quand ils ne sont pas compris par leur interlocuteur, quand celui-ci prend la fuite ou s'adresse finalement à l'accompagnateur du sourd car c'est tellement plus simple, etc. Et ce genre de situation les amène à se replier de plus en plus sur eux-mêmes et à former une sorte de ghetto, rejetant les entendants ou ceux des sourds qui ne sont dans cette situation !
J'ai la grande chance de pouvoir parler ET signer... De pouvoir comprendre ce que je lis et rédiger dans un bon français sans devoir demander à quelqu'un de m'expliquer le texte, sans devoir dépendre de quelqu'un. De pouvoir poser des questions à n'importe qui dans la rue ou dans les magasins sans devoir demander à un interprète. Bien sûr, cela n'exclut pas des situations difficiles, comme les gens qui prennent peur dès que je leur demande d'articuler, mais bon, en général, ils s'aperçoivent qu'un échange est tout à fait possible.
Je suis moi-même sourde de naissance ainsi que mon frère et nous avons été appareillés très tôt (10 mois pour moi, 1 an 1/2 pour lui) et ça nous a grandement aidé à apprendre à parler et à nous débrouiller dans la vie de tous les jours. A l'heure actuelle, je ne pourrais pas m'en passer ! J'apprécie de pouvoir entendre de la musique (même si je peux aussi la percevoir par les vibrations), de pouvoir entendre les films au cinéma, etc.
J'apprécie d'avoir le choix ! Entendre ou non... Car oui, les jours où j'ai besoin de silence, il me suffit d'éteindre mes appareils.
A titre d'anecdote, quand j'étais bébé, j'ai gazouillé jusqu'à l'âge de 4 mois où je me suis arrêtée, faute de m'entendre et d'entendre mes parents ! J'ai gazouillé à nouveau le jour où j'ai été appareillée ! Et je connais d'autres sourds qui ont eu une belle émotion en étant appareillés et en découvrant les sons qui les entouraient.
Je ne dis pas qu'il faut appareiller à tout prix, mais qu'il faut arrêter de diaboliser l'appareillage chez les bébés ! Si on veut leur donner la chance de pouvoir oraliser, c'est à cet âge-là qu'il faut le faire, pas à 10 ans parce qu'il sera dès lors trop tard.
Quant au choix, on l'a toujours, plus tard, une fois qu'on a bien acquis les bases du langage. On a la possibilité de ne plus porter d'appareils du tout, comme l'ont fait deux de mes amis.
Pour le reste, @Lady Stardust a tout dit...