Je plussoie très fort tous les messages de
@Kaktus de manière générale.
J'ai des soucis de santé mentale qui font que, globalement, m'occuper de moi-même tout court c'est déjà une grosse charge mentale; tout me demande de l'énergie, et dans certaines périodes fonctionner ne serait-ce qu'à un niveau basique c'est très, très compliqué. C'est un problème, j'essaie de le résoudre du mieux que je peux, mais ça prend du temps et en attendant, non seulement je serais réalistement incapable de m'occuper d'un enfant (mais d'autres raisons par ailleurs font que je n'en veux de toute façon pas), mais en plus j'ai mis de côté temporairement l'idée de me mettre en couple parce que même entretenir une relation avec quelqu'un ça me parait déjà trop à gérer; pour vous donner une idée.
Je n'ai pas (encore) d'amies proches ayant des enfants, mais j'y pense spécifiquement parce que je vois passer ce type d'articles; et ça me fait angoisser +1000 par anticipation, pour être honnête. Aucun doute que j'offrirais spontanément toute ma compassion et mon soutien émotionnel, et que j'essayerais de trouver des petits gestes à faire dans les moments où je déborde d'énergie. Mais par contre, si mes amis me demandaient un service que je me sentirais pas capable de faire, et
qu'ils étaient déçus parce qu'ils considéraient ça comme un truc que je leur dois, (j'insiste là-dessus) ben... Je serais vraiment emmerdée.
Quand je demande de l'aide parce que je me sens au fond du trou, je m'efforce de garder à l'esprit que mes amis ont le droit de dire non, et je leur fais la faveur de considérer par défaut que si c'est le cas, c'est qu'ils ont une bonne raison et qu'ils n'ont pas à se justifier; que puisque ce sont mes amis s'ils pouvaient m'aider ils le feraient. Je ne pars pas du principe que ce sont de mauvaises personnes, parce que, au pif, ils ne pouvaient pas m'emmener à tel rendez-vous médical pour lequel j'ai besoin d'un moyen de locomotion. Peut-être qu'ils vont me donner une idée d'une autre solution que je peux utiliser, peut-être pas; mais je pars du principe que chacun fait ce qu'il peut.
Et du coup ça me gêne un peu les formulations qui contiennent en sous-texte que bon, X-bonne-idée-utile-pour-les-parents, c'est pas la mer à boire; alors t'es pas obligé de le faire
mais si tu le fais pas, t'es pas super comme amie. Il se peut que ce soit mon petit cerveau malade qui voie ce sous-entendu alors qu'en fait pas du tout; et dans ce cas my bad. Mais ce glissement entre considérer qu'un geste altruiste, c'est trop cool et super utile, à considérer qu'en fait c'est
la base pour être un humain décent de faire ces trucs proactivement et de ne pas dire non quand on nous les demande, ça peut avoir l'air d'être du détail mais c'est important, je trouve. (Ce n'est pas ce qui m'est apparu à la lecture de cet article précis, mais j'avais eu ce ressenti avec d'autres articles précédents, et également dans certains messages ici).
Je passe mon temps à essayer très fort de ne pas culpabiliser parce que je n'arrive pas à m'occuper de moi-même aussi bien qu'il faudrait; pour prendre des bonnes décisions, je choisis en partie pour ça de ne pas créer en plus une autre personne dont je serais nécessairement responsable, et la société me renvoie constamment au visage que je suis une égoïste de ne pas vouloir d'enfants. Alors si en plus, je suis égoïste parce que je ne viens pas au secours des parents en toute circonstances (en sachant que tous les parents n'ont pas les mêmes besoins et que ce qui serait super pour certains serait mal accueilli par d'autres)... C'est typiquement le genre de choses qui pourraient m'amener hypothétiquement à m'éloigner d'amis nouvellement parents, parce que j'aurais peur de ne pas être à la hauteur pour eux et qu'ils m'en veuillent pour ça. Alors que clairement, c'est pas de ça dont les parents ont besoin.
Y a aussi pour moi une différence à faire entre la nature de la responsabilité qui lie un parent à son enfant, et le lien d'amitié. Oui, je trouve qu'un parent doit à son enfant des choses que des amis ne se doivent pas forcément entre eux, parce que dans un cas on est responsable de l'existence même de l'autre. Bien entendu c'est modéré par toutes les injonctions et les circonstances qui compliquent le choix d'avoir des enfants dans notre société actuelle, mais malgré ça je pense pas que ça justifie de mettre les 2 sur le même plan.
Tout n'est pas évident/la base pour tout le monde, on n'est pas toujours au courant des circonstances exceptionnelles des autres, y compris de ses amis pour des raisons qui peuvent être intimes, donc c'est bien de ne pas faire de présomptions par défaut.
Je pense pas que ce soit volontaire de la part de l'article, je le trouve pertinent compte tenu de la société généralement mal organisée pour les parents dans laquelle on est. Et probablement qu'une partie de mon ressenti vient aussi de mes propres problèmes, et pas uniquement de ce qui est dit. Mais je trouve ça dommage de me sentir culpabilisée une fois de plus, alors que justement j'essaie de me renseigner et de mieux comprendre ce que vivent les parents en tant que CF qui n'a du coup pas le même vécu/perspective.