@Nefertii
Ça me gêne un peu, je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir eu ce genre de propos. Quand j'ai écrit "magique" je parlais vraiment du mot qu'a posé une personne sur son vécu, je n'ai pas du tout ce vocabulaire pour décrire l'accouchement. D'ailleurs je n'envisage pas du tout mon accouchement comme un potentiel événement "magique", je pense que ça va être très intense, sûrement difficile, non seulement pour moi mais aussi pour mon bébé.
J'ai l'impression de passer pour une espèce de mystique, alors que même le terme "naturel" est rarement dans mon vocabulaire. Oui c'est "naturel" d'accoucher sans péridurale ou d'allaiter, mais c'est aussi "naturel" de mourir de certaines maladies qui se soignent très bien aujourd'hui. Donc jamais je n'utiliserai l'argument "c'est naturel donc c'est bien"...
Et dans l'histoire, c'est moi qui suis très terre à terre ; je ne parle pas d'une solution technologique qui par magie enlèverait la douleur sans aucun effet secondaire, je parle des conditions matérielles concrètes de grossesse des femmes. Quand il faut faire 2h de route pour aller à la maternité la plus proche, tu peux dans certains cas louper le coche, que ce soit trop tard pour avoir accès à la péridurale. Je pense qu'il faut aussi ne pas être franco-centrée, si une innovation médicale qui révolutionne l'accouchement est développée, ça va bouleverser les systèmes de santé dans le monde entier. Ce sont les femmes privilégiées et les femmes qui ont la chance d'être dans un pays avec une bonne sécurité sociale qui vont en bénéficier...
Je te rejoins tout à fait sur l'importance que toutes les femmes aient le choix, et puissent être dans des conditions de prendre les meilleures décisions pour elles et leur enfant. Dans notre pays, ces choix existent : la péridurale par exemple n'est pas une solution parfaite mais elle permet quand même de fortement diminuer les douleurs liées aux contractions. Pour autant, je pense que notre système de santé pourrait faire bien mieux pour accompagner les femmes enceintes et mettre toutes les ressources à leur disposition pour qu'elles aient réellement le temps et l'énergie mentale de se poser et de se demander "et moi, qu'est-ce que je veux ?"
Je ne pense simplement pas que l'option technosolutionniste soit pertinente dans ce cas. Les études montrent très bien à quel point le ressenti de la douleur liée à l'accouchement est variable en fonction du contexte (bienveillance/présence du ou de la partenaire, préparation mentale en amont, attitude du personnel médical, etc.) Une métaphore que j'avais trouvée intéressante est celle de la pénétration : en fonction du contexte, ça peut être la sensation la plus douloureuse comme la plus neutre (voire la plus plaisante mais là je n'idéalise pas assez l'accouchement pour pousser la comparaison jusque là ). Si, comme c'est le cas dans notre culture, l'accouchement est présenté comme la pire expérience de douleur qui existe, l'anticipation peut automatiquement augmenter notre sensation de souffrance. Or, oui ça peut être une douleur insoutenable pour certaines, comme ça peut être bien vécu par une grande partie des femmes. On a toutes un rapport à la douleur différent, et nos corps réagissent tous différemment aux contractions, c'est pour ça que des solutions comme la péridurale et d'autres moins "médicales" existent et c'est tant mieux.
Je ne suis ni sage-femme, ni gynéco, ni pédiatre ni pédopsy, donc je serais très intéressée d'avoir des avis, mais ce que dit @A Kane me fait penser aux témoignages de dépression post-partum que j'ai pu lire. J'ai l'impression que dans de nombreux cas, ces femmes décrivent un sentiment d'étrangeté vis-à-vis de leur bébé, comme si elles avaient du mal à lier le foetus qui était dans leur ventre et l'être qui vient de naître. Est-ce qu'un accouchement "indolore", coupé de toute sensation, où la femme est presque dans un état d'inconscience, ne pourrait pas augmenter ce risque de ne pas réussir à faire le lien entre le bébé de l'intérieur et le bébé de l'extérieur ?
En tout cas l'idée d'une société où on parviendrait à supprimer la douleur me fait autant peur que celle d'une société où on pourrait supprimer la tristesse. C'est drôle parce qu'avant de tomber enceinte, je pense que je n'aurais pas du tout tenu le même discours, je n'aurais jamais cru vouloir essayer de me passer de péridurale par exemple. C'est vraiment chemin faisant, en me découvrant des forces et des faiblesses que je ne soupçonnais pas forcément, que j'ai déconstruit certaines choses. Et si j'opte finalement pour la péridurale je ne le verrais absolument pas comme un échec, j'espère simplement que ce sera ma décision et que je pourrai au maximum garder mon agentivité en la dosant comme je veux.
Ce serait intéressant d'enquêter auprès des personnes concernées (enceintes ou ayant accouché), pour leur demander leur opinion sur la question. D'après ce que j'ai lu et les témoignages que j'ai pu recueillir, quand l'accouchement est décrit comme un événement traumatisant c'est souvent lié à des facteurs extérieurs. Mais le moment de l'accouchement n'est pas forcément le plus difficile finalement, on me parle beaucoup de l'après, avec le corps physiquement éprouvé, toutes les attentes sociétales qui pèsent, la fatigue et l'angoisse face à un nouveau-né qu'on ne comprend pas, les changement dans le couple...
Bref, une innovation n'est jamais neutre et porte forcément des implications sociales, économiques, et un imaginaire. Dans ce cas, on serait dans un imaginaire où l'accouchement en tant que tel est un "problème" qu'il faudrait régler, alors qu'en améliorant les systèmes de santé le "problème" n'est plus du tout le même. On sait aussi que la surmédicalisation de la grossesse représente tout un business : la péridurale ou la césarienne sont des actes médicaux, alors qu'une femme qui accouche sans péridurale prive les personnels soignants d'un certain contrôle sur cet accouchement et rapporte peu aux cliniques et aux hôpitaux. Donc ce n'est pas anodin de pousser au développement d'une nouvelle solution technologique dans un monde où les services publics sont de plus en plus mis en difficulté.
Si on revient à la question de la souffrance, je pense par exemple aux douleurs de règle : il y a des médicaments qui existent pour mieux les vivre mais dans tous les cas ça reste un moment qui peut être fatiguant, et ça varie selon les personnes. Je préfère une société qui permette aux personnes avec utérus de se reposer 1 ou 2 jours dans le mois plutôt qu'une société qui nous mette à égalité avec les personnes n'ayant pas de règles en nous apportant des solutions médicales (qui auront de toute manière forcément certains effets secondaires). D'ailleurs, ça pourrait être contre-productif d'anesthésier totalement les douleurs de règle, puisque quand elles sont vraiment fortes on sait maintenant que ce n'est pas normal et que ça peut être pathologique. Donc comme le disait @Arsinoée on est dans un cas où la douleur est un indicateur important qu'il y a quelque chose qui ne va pas et qu'il faut consulter.
Edit : je rajoute juste que quand tu parles de "choisir la facilité", je pense que c'est un terme assez mal choisi. Je ne pense pas que le biberon soit toujours plus facile, chaque solution a ses avantages et inconvénients et chaque femme aura sa propre vision de ce qui est confortable pour elle et son bébé. C'est comme quand on parle d'accouchement par voie basse et accouchement par césarienne, il y a des avantages et des inconvénients dans chacune des méthodes, mais je ne pense vraiment pas qu'on puisse parler de "facilité" ni pour l'une ni pour l'autre... même dans le cas d'une anesthésie générale, comme ça a été dit, le post-partum peut être plus éprouvant physiquement.
Ça me gêne un peu, je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir eu ce genre de propos. Quand j'ai écrit "magique" je parlais vraiment du mot qu'a posé une personne sur son vécu, je n'ai pas du tout ce vocabulaire pour décrire l'accouchement. D'ailleurs je n'envisage pas du tout mon accouchement comme un potentiel événement "magique", je pense que ça va être très intense, sûrement difficile, non seulement pour moi mais aussi pour mon bébé.
J'ai l'impression de passer pour une espèce de mystique, alors que même le terme "naturel" est rarement dans mon vocabulaire. Oui c'est "naturel" d'accoucher sans péridurale ou d'allaiter, mais c'est aussi "naturel" de mourir de certaines maladies qui se soignent très bien aujourd'hui. Donc jamais je n'utiliserai l'argument "c'est naturel donc c'est bien"...
Et dans l'histoire, c'est moi qui suis très terre à terre ; je ne parle pas d'une solution technologique qui par magie enlèverait la douleur sans aucun effet secondaire, je parle des conditions matérielles concrètes de grossesse des femmes. Quand il faut faire 2h de route pour aller à la maternité la plus proche, tu peux dans certains cas louper le coche, que ce soit trop tard pour avoir accès à la péridurale. Je pense qu'il faut aussi ne pas être franco-centrée, si une innovation médicale qui révolutionne l'accouchement est développée, ça va bouleverser les systèmes de santé dans le monde entier. Ce sont les femmes privilégiées et les femmes qui ont la chance d'être dans un pays avec une bonne sécurité sociale qui vont en bénéficier...
Je te rejoins tout à fait sur l'importance que toutes les femmes aient le choix, et puissent être dans des conditions de prendre les meilleures décisions pour elles et leur enfant. Dans notre pays, ces choix existent : la péridurale par exemple n'est pas une solution parfaite mais elle permet quand même de fortement diminuer les douleurs liées aux contractions. Pour autant, je pense que notre système de santé pourrait faire bien mieux pour accompagner les femmes enceintes et mettre toutes les ressources à leur disposition pour qu'elles aient réellement le temps et l'énergie mentale de se poser et de se demander "et moi, qu'est-ce que je veux ?"
Je ne pense simplement pas que l'option technosolutionniste soit pertinente dans ce cas. Les études montrent très bien à quel point le ressenti de la douleur liée à l'accouchement est variable en fonction du contexte (bienveillance/présence du ou de la partenaire, préparation mentale en amont, attitude du personnel médical, etc.) Une métaphore que j'avais trouvée intéressante est celle de la pénétration : en fonction du contexte, ça peut être la sensation la plus douloureuse comme la plus neutre (voire la plus plaisante mais là je n'idéalise pas assez l'accouchement pour pousser la comparaison jusque là ). Si, comme c'est le cas dans notre culture, l'accouchement est présenté comme la pire expérience de douleur qui existe, l'anticipation peut automatiquement augmenter notre sensation de souffrance. Or, oui ça peut être une douleur insoutenable pour certaines, comme ça peut être bien vécu par une grande partie des femmes. On a toutes un rapport à la douleur différent, et nos corps réagissent tous différemment aux contractions, c'est pour ça que des solutions comme la péridurale et d'autres moins "médicales" existent et c'est tant mieux.
Je ne suis ni sage-femme, ni gynéco, ni pédiatre ni pédopsy, donc je serais très intéressée d'avoir des avis, mais ce que dit @A Kane me fait penser aux témoignages de dépression post-partum que j'ai pu lire. J'ai l'impression que dans de nombreux cas, ces femmes décrivent un sentiment d'étrangeté vis-à-vis de leur bébé, comme si elles avaient du mal à lier le foetus qui était dans leur ventre et l'être qui vient de naître. Est-ce qu'un accouchement "indolore", coupé de toute sensation, où la femme est presque dans un état d'inconscience, ne pourrait pas augmenter ce risque de ne pas réussir à faire le lien entre le bébé de l'intérieur et le bébé de l'extérieur ?
En tout cas l'idée d'une société où on parviendrait à supprimer la douleur me fait autant peur que celle d'une société où on pourrait supprimer la tristesse. C'est drôle parce qu'avant de tomber enceinte, je pense que je n'aurais pas du tout tenu le même discours, je n'aurais jamais cru vouloir essayer de me passer de péridurale par exemple. C'est vraiment chemin faisant, en me découvrant des forces et des faiblesses que je ne soupçonnais pas forcément, que j'ai déconstruit certaines choses. Et si j'opte finalement pour la péridurale je ne le verrais absolument pas comme un échec, j'espère simplement que ce sera ma décision et que je pourrai au maximum garder mon agentivité en la dosant comme je veux.
Ce serait intéressant d'enquêter auprès des personnes concernées (enceintes ou ayant accouché), pour leur demander leur opinion sur la question. D'après ce que j'ai lu et les témoignages que j'ai pu recueillir, quand l'accouchement est décrit comme un événement traumatisant c'est souvent lié à des facteurs extérieurs. Mais le moment de l'accouchement n'est pas forcément le plus difficile finalement, on me parle beaucoup de l'après, avec le corps physiquement éprouvé, toutes les attentes sociétales qui pèsent, la fatigue et l'angoisse face à un nouveau-né qu'on ne comprend pas, les changement dans le couple...
Bref, une innovation n'est jamais neutre et porte forcément des implications sociales, économiques, et un imaginaire. Dans ce cas, on serait dans un imaginaire où l'accouchement en tant que tel est un "problème" qu'il faudrait régler, alors qu'en améliorant les systèmes de santé le "problème" n'est plus du tout le même. On sait aussi que la surmédicalisation de la grossesse représente tout un business : la péridurale ou la césarienne sont des actes médicaux, alors qu'une femme qui accouche sans péridurale prive les personnels soignants d'un certain contrôle sur cet accouchement et rapporte peu aux cliniques et aux hôpitaux. Donc ce n'est pas anodin de pousser au développement d'une nouvelle solution technologique dans un monde où les services publics sont de plus en plus mis en difficulté.
Si on revient à la question de la souffrance, je pense par exemple aux douleurs de règle : il y a des médicaments qui existent pour mieux les vivre mais dans tous les cas ça reste un moment qui peut être fatiguant, et ça varie selon les personnes. Je préfère une société qui permette aux personnes avec utérus de se reposer 1 ou 2 jours dans le mois plutôt qu'une société qui nous mette à égalité avec les personnes n'ayant pas de règles en nous apportant des solutions médicales (qui auront de toute manière forcément certains effets secondaires). D'ailleurs, ça pourrait être contre-productif d'anesthésier totalement les douleurs de règle, puisque quand elles sont vraiment fortes on sait maintenant que ce n'est pas normal et que ça peut être pathologique. Donc comme le disait @Arsinoée on est dans un cas où la douleur est un indicateur important qu'il y a quelque chose qui ne va pas et qu'il faut consulter.
Edit : je rajoute juste que quand tu parles de "choisir la facilité", je pense que c'est un terme assez mal choisi. Je ne pense pas que le biberon soit toujours plus facile, chaque solution a ses avantages et inconvénients et chaque femme aura sa propre vision de ce qui est confortable pour elle et son bébé. C'est comme quand on parle d'accouchement par voie basse et accouchement par césarienne, il y a des avantages et des inconvénients dans chacune des méthodes, mais je ne pense vraiment pas qu'on puisse parler de "facilité" ni pour l'une ni pour l'autre... même dans le cas d'une anesthésie générale, comme ça a été dit, le post-partum peut être plus éprouvant physiquement.
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