Apparemment c'est vrai cette histoire de tweet. Suffit de taper la phrase dans la barre de recherche twitter pour voir les réactions des twittos
Mais est-ce qu'on doit réellement s'attendre à se faire agresser sexuellement ?
De toute évidence, oui...
.
Bref, tout ceci me laisse pensive sur nos responsabilités "bienveillantes".
On parle de photo ou de fantasme? On ne peut pas empêcher les gens de faire ce qu'ils veulent. On peut simplement les punir pour leur action si besoin s'en fait.
J'ai reçu des dick pics non-sollicitées. J'ai pas trop apprécié alors j'ai exprimé le fond de ma pensée et j'ai bloqué/supprimé les cuistres en question. Même si je sais que certains mecs ne cherchent pas forcément à choquer/insulter/humilier les gens. Généralement, ces idiots cherchent une ouverture. Les bloquer à al source me parait être une bonne façon de montrer que c'est pas le cas. On m'a déjà posé des questions trop intimes et quand je n'étais pas prête à donner de réponse, je l'ai dit et j'ai expliqué pourquoi. Maintenant, il est arrivé qu'on me fasse des confidences que j'aurais préféré ignorer mais je pars du principe que si on me le dit, c'est pas forcément pour m'embêter. Alors, peut-être que je suis moins pudique et moins sur la défensive.
Je suis d'accord avec toi, dans l'idéal, on devrait tous adhérer à ces principes. Mais très peu de personnes pensent comme nous. Tout ce qu'on peut faire, c'est conscientiser et ne pas détester tous ces gens qui ne font/pensent pas comme nous.
Je n'ai jamais dit qu'il ne devait pas y avoir de poursuites pénales ou d'actions militantes, ou qu'on devrait passer l'éponge dès que la victime dit "stop" A titre d'exemple, j'ai toujours dit que je trouvais normal de poursuivre Polanski mais pas qu'on ramène toujours ça à sa victime, en prêtant d'ailleurs très souvent à cette dernières des pensées et une expérience qu'elle rejette.Je suis d'accord avec certaines parties de ton post et surtout nos responsabilités "bienveillantes", mais je pense que tu oublies de mentionner le but des condamnations pénales et de manière générale de mouvements médiatiques de condamnation.
Le but de la condamnation pénale n'est pas de protéger la victime. Son but c'est d'ostraciser un comportement, ici le viol et de manière plus générale les agressions sexuelles.
Le fait que la victime ne souhaite pas poursuivre ne rentre à raison pas en ligne de compte. Ce qui est choquant, c'est qu'un homme qui a commis un viol (si c'est ce qu'a fait Polanski, je me suis jamais intéressée à cette histoire sordide) sur une adolescente ne subisse pas de condamnation, quoiqu'en pense, quoiqu'en considère sa victime. Car sinon le message qu'on laisse passer à la société c'est que ce n'est pas si grave.
De manière générale en droit pénal la victime ne peut pas arrêter les poursuites, même si évidemment ça les complique. C'est normal et heureux, ne serait-ce que parce que sinon c'est un peu trop facile d'acheter le silence de quelqu'un, on le voit avec les accords de confidentialités de #metoo. Ce qui est fait est fait, l'intérêt désormais pour la société c'est de limiter les comportements condamnés futurs, par l'accusé.e ou un.e autre, en les qualifiant d'inacceptables.
C'est la même chose pour TPMP. Très franchement oui on aurait pas du faire tout un foin autour de cette femme car qu'elle soit consentante ou non c'était pas la question : le problème c'est qu'elle n'avait pas l'air consentante et que la télé a donc diffusé une image d'une agression (qu'elle soit réelle ou non), en la présentant comme normale, notamment à des enfants. Le but des féministes à ce sujet n'était à mon sens pas de parler à la place de la femme, de la définir comme victime car son statut réel importe peu en fait (sauf pour la justice, mais cela reste un fait divers) face au but véritable qui est de critiquer la présentation télévisuelle de ces pratiques comme normales.
Edit : cependant je suis d'accord que considérer qqn comme une victime contre son gré peut mener à de graves dérives et voir des crimes là où il n'y en a pas. Mais là pour moi c'était pas une dérive (ni pour Polanski).
Je n'ai jamais dit qu'il ne devait pas y avoir de poursuites pénales ou d'actions militantes, ou qu'on devrait passer l'éponge dès que la victime dit "stop" A titre d'exemple, j'ai toujours dit que je trouvais normal de poursuivre Polanski mais pas qu'on ramène toujours ça à sa victime, en prêtant d'ailleurs très souvent à cette dernières des pensées et une expérience qu'elle rejette.
Ce que je critique c'est simplement de balancer sous les feux des projecteurs des victimes qui n'ont rien demandé, comme c'est le cas de la jeune femme ici.
Porter plainte pour agression sexuelle ou viol est un choix difficile, parce que dans notre société ça va souvent avec son lot d'ostracisations, de menaces etc. On ne devrait jamais imposer ça à une victime, et c'est un peu ce qui a été fait pour celle de TPMP. On a décidé à sa place que le bien commun était supérieur à sa tranquilité d'esprit et que les menaces, manifestations de haine, réputation sordide qu'elle allait probablement récolter n'était qu'un dommage collatéral. Moi j'ai l'impression que cette jeune femme n'a pas franchement eu le choix, la plainte est devenu indispensable : puisqu'elle subit déjà les conséquences négatives d'un procès au final, autant se faire reconnaitre comme victime!
En fait, on n'est pas forcément obligé de tout ramener à la victime quand on vut dénoncer un comportement, mais c'est trop souvent la narration autour des agressions sexuelles, pour de bonnes raisons mais parfois un peu aveuglément, et dans le cas de TPMP tout était loin de se focaliser sur Hanouna et le CSA!
Ce que je critique c'est qu'on tient un peu un discours à double standard finalement. La parole de la victime est méééééga-importante donc on l'interroge sur comment elle a vécu les choses. Mais quand elle dit "non mais moi je pense que c'est pas la peine d'en faire tout ce battage médiatique parce que je le vis pas si mal au final", ben on déclare "ouais mais non, elle est en mode syndrome de Stockholm donc on va pas du tout écouter ce qu'elle raconte et continuer notre campagne". Et c'est ce qui a été fait ici. On a demandé son avis à la jeune femme, à l'époque elle disait "moi je trouve pas ça grave", et on a décidé à sa place que sa parole n'avait finalement pas tant de valeur ou qu'elle n'avait pas encore réalisé etc., bref on lui a volé son histoire. Pourquoi lui avoir donné la parole à la base, du coup?
Rien que le fait de mettre des photos d'elle et des extaits vidéos de l'agression pour illustrer l'affaire, on l'a placée sous les projecteurs de l'agression sans qu'elle ait rien demandé! Et on voit bien qu'on a souvent l'impression de se "battre pour la victime" et non "pour la société" dans ce genre de cas : même sur ce topic, une partie des débats, notamment dans les derniers messages, porte sur le ressenti qu'on attribue à la victime, son expérience, comment elle aurait dû/n'a pas pu réagir etc., et non sur la diffusion des images, la culture du viol et le CSA (et c'est pas une critique, c'est une philosophie très louable de placer la victime au centre) ! Donc si on veut parler pour défendre les droits de la victime, il faut aussi prendre son intérêt en compte lors des actions militantes... ou reconnaitre clairement que la victime n'est qu'un numéro au sein d'une lutte beaucoup plus importante qu'elle.
Il y a une interview très intéressante (en anglais) de Samantha Geimer (victime de Polanski) qui parle un peu de cette question des victimes qu'on utilise sans réellement se préoccuper d'elles. Je ne suis pas d'accord avec certaines de ses positions qui peuvent même un poil déranger (son soutien à la lettre ouverte des femmes françaises anti-balance ton porc par exemple) mais je trouve néanmoins sa réflexion extrêmement enrichissante, ne serait-ce que parce qu'elle donne un point de vue assez peu entendu et qu'elle a l'air d'avoir l'esprit très clair :
http://quillette.com/2018/01/31/nobodys-victim-interview-samantha-geimer/
En gros, je ne dis pas qu'on ne doit pas poursuivre des gens identifiés comme des agresseurs mais qu'on doit réfléchir à la manière dont on utilise leur crime pour servir une cause, à la manière dont on présente l'affaire, au type de campagne qu'on mène et à l'impact que tout ça aura sur les victimes.