@Mijou
Merci beaucoup pour ta réponse sur la distinction entre l'homme et l'artiste, cette réflexion est très intéressante. Je n'y ai pas répondu tout de suite parce que j'avais besoin d'y réfléchir. Du coup, plutôt que de parler de distinction entre l'homme et l'artiste, je parlerais plutôt de distinction entre l'homme (ou l'artiste) et l’œuvre. Ça me semble plus proche de ce que je pense, au vu de ta remarque.
La distinction entre l'homme et l’œuvre signifie, pour moi, que le jugement qu'on porte sur un homme ou un artiste ne présage pas de l'opinion qu'on se fait de l’œuvre. Ainsi, même si je n'apprécie pas l'artiste en tant que personne (par exemple pour des raisons morales ou politiques) , je vais essayer de juger l’œuvre en tant que telle. J'irais même plus loin: je vais essayer de faire la part des choses entre les idées derrière l’œuvre et les aspects purement esthétiques. Ça signifie que je peux apprécier une œuvre même si elle véhicule une pensée ou des opinions que je ne partage pas. Si ça t'intéresse, je peux te donner quelques exemples d’œuvres dont je trouve qu'elles ont de grandes qualités esthétiques mais dont je n'apprécie pas l'auteur ou qui portent des idées qui ne sont pas du tout les miennes.
N'hésite pas à me le dire si tu préfères ne pas être citée.
Je vois très bien ce que tu veux dire, j'ai moi-même 2 exemples perso en tête :
- Woody Allen.
J'ai toujours été fan, j'allais voir tous les ans son nouveau film au cinéma. L'oeuvre en soi, je l'adore.
Mais aujourd'hui, sachant ce dont il a été capable, je ne peux tout simplement plus voir un de ses films, donc payer une place de cinéma, donc lui donner de l'argent, ni même revoir un de ses films en DVD ou en streaming.
- Noir Désir, dont les chansons ont bercé mon adolescence. Les paroles de la chanson "Comme elle vient" me bouleverse... mais aujourd'hui cette chanson pourtant sublime, et dont le texte n'a pourtant RIEN à voir avec le crime qu'a commis son auteur/interprète, me laisse un goût amer quand je l'entends à la radio (car je l'ai supprimée de ma play-list). Je ne peux nier les émotions que cette chanson ont toujours provoquée en moi... mais je ne peux pas nier non plus que l'homme dont le cerveau a accouché de ces lignes magnifiques (et de tellement d'autres) est aussi celui dont les poings ont frappé à de multiples reprises sa compagne avant de finir par la tuer.
Oui, il a payé, au contraire de beaucoup d'autres. Mais n'empêche, les faits sont là. Et irrémédiables.
Quant à séparer l'artiste-homme de l'oeuvre, c'est impossible en fait, tout simplement, parce que l'oeuvre n'est pas apparue de nulle part. Encore une fois tu coupes les cheveux en 4... mais ce qui différencie l'artiste de l'homme c'est la production d'oeuvre(s). CQFD, vouloir séparer l'oeuvre de l'artiste est impossible. Ni l'Oeuvre, ni l'Artiste ne peuvent exister seuls, et sans l'Homme. C'est cette dépendance qui fait que la dissociation est impossible.
Pour en revenir au sujet de la nomination de Polanski en tant que membre d'honneur, on ne parle de toute façon même plus d'oeuvre. Si le débat peut avoir lieu sur le fait de récompenser ses films, ici, c'est bien sa personne qui est récompensée. Donc pour le coup, il n'y a à mon sens aucun débat à avoir dans ce cas précis.
[EDIT : Pour ma part, ce sera la dernière fois que je te réponds ici, et je le fais pour les personnes qui souhaitent réfléchir à tout ça. Comme je l'ai expliqué dans mon précédent message, je pense que l'échange réel n'est pas ton but au vu de l'ensemble de tes posts ici ou ailleurs. La succession de monologues de sourds ne m'intéresse pas, ni essayer de répondre à une personne qui fera tout pour avoir le dernier mot, quitte à changer de discours en cours de route - comme tu viens de le faire -. Je connais trop bien ces façons de faire et cela n'a à mon sens aucun intérêt.]