Bonjour, je suis pharmacienne, j'étais assez intéressée par l'article !
D'abord, si les règles de prescription ou dans ce cas de non prescription sont respectées, un pharmacien n'a pas le droit de refuser la délivrance d'un médicament ou produit de santé, peu importe la sorte (contraception, stupéfiants...) s'il n'y a pas de cause médicale (dans ce cas, on devrait écrire sur l'ordonnance "refus de délivrance parce que..." mais on préfère appeler le médecin pour discuter des alternatives plus adéquates). Il est dans l'obligation de mettre à la disposition de ses patients tous les médicaments et produits de santé disponibles et autorisés sur le marché. Plusieurs pharmaciens ont déjà été condamnés pour refus de délivrance, notamment pour la contraception. Comme dans le reportage, certains se réfugient derrière le "stock nul", càd qu'ils font exprès de pas en avoir en réserve pour décourager les patientes (mais ils sont normalement dans l'obligation de les commander et de les délivrer si la patiente le demande), ce cas est assez limite et certains pharmaciens ont déjà reçu des avertissements de l'Ordre car ce n'est pas acceptable.
Cela me révolte parce que le pharmacien est un professionnel de santé de proximité, il doit être proche de ses patients, il les connait et il est de son devoir de répondre à tous leurs besoins de santé sans jugement.
Cependant, je pense (et j'espère !) qu'il y a peu de pharmacies qui ne délivrent pas de contraception du lendemain (malheureusement, il y a des cons partout).
Il est vrai que certains organismes de Sécurité Sociale font pression sur les pharmacies en refusant le remboursement des pilules délivrées... On est parfois tiraillés...
Enfin, je sais que certains pharmaciens (et pharmaciennes) sont mal à l'aise dans ces situations. Bien sûr il y a des femmes qui sont absolument au courant de la contraception pour qui il n'y a pas de "problèmes". Mais parfois, on voit des jeunes filles qui n'ont pas (ou pas encore) d'éducation sexuelle et pour lesquelles il est important de donner des informations et cela peut être mal reçu... Par exemple, des jeunes filles qui ont des rapports sexuels réguliers, qui viennent régulièrement pour une contraception d'urgence et à qui on voudrait suggérer une contraception régulière (et l'usage du préservatif)... Car si la contraception d'urgence ne rend of course pas stérile, elle doit rester "exceptionnelle" et ne doit pas remplacer les autres formes car elle présente des risques lors d'un usage trop régulier sur le long terme (ça reste un médicament).
Bref, sorry pour le pavé mais ce sujet me tient à cœur, j'accorde beaucoup d'importance à la relation de confiance entre le patient et son pharmacien et le comportement de certains "confrères" me révolte vraiment.