linkette;3567893 a dit :... le 8 et le 9 sont décidément trop près
Alors voilà "mon" extrait:
C'est Kundera ! La Valse aux adieux
linkette;3567893 a dit :... le 8 et le 9 sont décidément trop près
Alors voilà "mon" extrait:
je laisse la main pour un nouvel extrait car je n'ai pas le temps ce soir d'en trouver un nouveau !linkette;3569504 a dit :Vouiiip
Foxey;3580325 a dit :Youhou
Alors euh voila
"D'habitude, je ne parle pas aux étrangers. Je n'aime pas parler aux étrangers. Ce n'est pas tellement à cause du Danger Étranger dont on nous parle à l'école, quand un homme bizarre vous offre des bonbons ou vous propose de faire un tour en voiture parce qu'il veut avoir des relations sexuelles avec vous. Ça, ça ne m'inquiète pas. Si un homme bizarre me touche, je le frapperai, et je peux frapper très fort. Par exemple, quand j'ai donné un coup de poing à Sarah parce qu'elle m'avait tiré les cheveux, je l'ai assommée, elle a eu une commotion cérébrale et on a dû l'emmener au Service des Urgences à l'hôpital. En plus, j'ai toujours mon Couteau de l'Armée Suisse dans ma poche, et avec sa lame scie, je peux couper les doigts de quelqu'un.
Je n'aime pas les étrangers, parce que je n'aime pas les gens que je n'ai jamais vus. J'ai du mal à les comprendre. C'est comme en France, là où on allait camper des fois pendant les vacances, quand Mère était vivante. Je détestais ça parce que je ne comprenais pas ce que les gens disaient dans les magasins, au restaurant ou à la plage, et ça me faisait peur."
Dans mon enfance, il en allait autrement. Je me rappelle avoir vu, petit garçon, un homme enchaîné et pendu au carrefour où se croisent les quatre chemins. Son visage et son corps étaient enduits de goudron afin d'en retarder la corruption. Il resta pendu là cinq semaines avant d'être décroché et ce fut la quatrième semaine que je le vis.
Il se balançait sur son gibet, entre ciel et terre, ou, comme me le dit mon cousin Ambroise, entre ciel et enfer. Il n'atteindrait jamais le ciel et l'enfer qu'il avait connu était perdu pour lui. Ambroise toucha le cadavre du bout de sa canne. Je le vois encore, remuant au vent comme une girouette sur un pivot rouillé, pauvre épouvantail qui avait été un homme. La pluie avait pourri sa culotte, sinon son corps, et des lambeaux de coutil se détachaient, comme des bandes de papier, de ses membres enflés.
C'était l'hiver et un passant facétieux avait enfoncé une branche dans le gilet déchiré, à l'occasion des fêtes. Je ne sais pourquoi cette plaisanterie apparut à mes yeux de sept ans comme le suprême outrage, mais je ne dis rien. Ambroise avait dû m'emmener là dans un dessein précis, peut-être pour éprouver mes nerfs, pour voir si je me sauverais, ou rirais, ou crierais. Etant tout ensemble pour moi un tuteur, un père, un frère, un conseiller, en fait tout mon univers, il me mettait continuellement à l'épreuve. Nous fîmes le tour du gibet, il m'en souvient, Ambroise taquinant le pendu avec sa canne ; puis il s'arrêta, alluma sa pie et posa la main sur mon épaule.
Bien sur !FireFly;3609915 a dit :harey Tu aurais un indice, ou un deuxième extrait ?