@Lili-Sw
@Princessechat
Je suis vraiment désolée et très embêtée de lire vos messages, je pense qu'on s'est (très) mal comprises, et je m'en excuse si j'ai été maladroite dans mes propos.
Si je ne m'étale pas sur mon harcèlement, c'est que encore aujourd'hui c'est véritablement difficile pour moi d'en parler (d'ailleurs aucun de mes proches n'est totalement au courant) et que je ne voulais pas raconter ma vie. Je vais préciser un peu : Toutes mes années collège (mais surtout en 5e et 4e) j'ai subi beaucoup de mots, de gestes, d'actes, qui peut-être paraissaient anodins pour ceux qui le pratiquaient, mais qui, mis bout à bout, ont été terribles pour moi. Sans trop rentrer dans les détails, je citerai simplement le fait que moi aussi j'ai eu des surnoms ridicules à cause de mon physique ingrat, de mon prénom peu commun, on m'a mit des mots, des lettres anonymes dans mes affaires, on m'a insulté, on m'a humilié (et pas seulement les élèves, certains profs en riaient et entraient eux-même dans le "jeu"), on m'a volé des affaires, on a raconté des rumeurs sur moi (et vous savez à quel point les rumeurs sont tenaces au collège), on m'a violenté (crachats, tirage de cheveux, pincements, coups, bousculades, et tripotages...), etc. Ce n'était pas "de simples rires". Encore aujourd'hui j'ai tendance à minimiser car à mon époque le terme "harcèlement scolaire" ne se disait pas, et c'était une véritable honte d'en être victime. J'ai énormément pris sur moi, à un tel point que je me suis longtemps auto-mutilée et qu'encore aujourd'hui personne n'est véritablement au courant car je n'arrive toujours pas, même après 10 ans, à en parler.
Quand je dis que c'est, pour moi, quelque chose que je ne considère pas comme "facilement solutionnable", c'est parce que, plus que les gosses sadiques qui harcèlent (et qui ne se rendent pas compte de l'impact de leurs actes), il y a ceux qui ne font RIEN. Ceux qui voient, et ne disent rien. Qui ne te défendent jamais, ou qui, pire, en rigolent. Ça aussi, ça fait vraiment mal. Ce ne sont pas eux qui sont toujours sur ton dos, mais ils sont souvent présent (le reste de la classe, par exemple), ils sont témoins, et en rient. Ils en rient parce qu'ils ne voient qu'un centième de ce que tu vis, et ce petit morceau de brimade, ils trouvent ça drôle. Je rejoint totalement
@Lunafey qui a je trouve bien compris mon propos, voulant dire "C'est juste que c'est important d'accepter qu'on a tous une part de méchanceté en nous, et donc ça pose les bases de la réflexion : si la méchanceté est humaine, comment faire pour empêcher le harcèlement ?". Car oui, je pense sincèrement qu'on a tous, à un moment ou à un autre, ris de quelqu'un. Pas méchamment, enfin pas consciemment, mais qui n'a jamais rigolé devant une situation qui lui semblait loufoque, marrante ou "mignonne" ? Même un petit rire de rien du tout, ça marque celui qui en subit au quotidien.
Pour moi ceux qui regardent sans rien dire, ceux qui ignorent, ceux qui en rigolent, sont aussi à compter dans le processus du harcèlement. Le problème du harcèlement, c’est que les personnes concernées ne s’en rendent pas compte, ou du moins, ne mesurent pas du tout l’impact que peuvent avoir leurs propos, leurs gestes, sur celui qui subit en silence ou fait semblant de rire afin de ne pas se sentir trop ridicule. Et les personnes touchées, comme c’est une honte, ne veulent pas en être. J’ai mis des années avant de comprendre que non, ce n’était pas normal ce que j’avais subi, non, ce n’était pas non plus de ma faute. Comme je l’explique dans mon poste précédent, je pensais que je pouvais être amie avec ces personnes-là, j’essayais sans cesse de « paraitre plus cool », j’essayais de leur plaire, afin d’en finir avec ce rôle de la sous-merde de service. Je ne comprenais pas pourquoi tout me tombait dessus alors que dans ma classe il y avait à chaque fois « pire » que moi. Certains étaient en surpoids, très petits, avaient de l’acné, un appareil dentaire, tout ces trucs qui paraissent « typiques, clichés » de la victime de harcèlement. Et c’est très difficile de chercher à chaque fois les raisons, d’essayer d’être la plus gentille, la plus drôle possible, d’essayer de faire des efforts, sans se rendre compte que le problème ne vient pas de nous…
Voilà. Je ne pensais pas qu’un questionnement sur la possibilité de pouvoir un jour résoudre le harcèlement pouvait donner lieu à des réponses aussi « vexantes »… J’étais très perplexe en les lisant. Je n’ai jamais dis qu’on était tous « l’harceleur » de quelqu’un, loin de là, j’ai juste dis que c’était plus compliqué que ça car parfois la personne harcelée ne se rend pas compte que le problème ne vient pas d’elle, que les personnes témoins ne bougent jamais, ou qu’elles rigolent sans se rendre compte que c’est un coup de plus pour la victime, et comme le dit EnjoyPhoenix, que les harceleurs ne rendent jamais compte de (ou n’assument pas) la portée de leurs actes. Ils se justifient avec un « C’était pour rigoler, je ne voulais pas être méchante ». Peut-être que c’est vrai, peut-être que non. En attendant, je pense que l’individu est bien trop complexe pour réduire ça à schéma comme « un méchant contre un gentil ». On le voit encore quand on lit les messages des personnes qui sont passées de victime à bourreau. Et c’est ça qui m’effraie : la complexité des êtres humains, des rapports, rendra-t-elle un jour possible la fin de toute forme de harcèlement ? (Vous avez 4h).