Je pense que parler à un adulte n'est pas une mauvaise solution en soi, mais qu'il faut en revanche bien "choisir" cet adulte, ou du moins bien tomber.
Comme beaucoup de personnes qui témoignent ici, j'ai été harcelée au collège. J'ai fini par ne plus en pouvoir et j'ai demandé à mes parents de me prendre rendez-vous chez un psychologue, pensant naïvement que parler à quelqu'un dont le travail était de m'aider pourrait me sortir de là... Mauvaise idée, étant donné que le premier conseil du type a été de changer ma façon d'être avec les autres ; je l'ai pris comme une confirmation du fait que c'était ma faute.
Aujourd'hui, plus de 10ans plus tard, j'en parle parfois avec mon père et je me dis que c'est plutôt à lui que j'aurai du m'ouvrir, le problème, c'est que j'avais honte.
Quand aux professeurs ou responsable scolaire, pour avoir abordé la question avec pas mal d'entre eux, je pense qu'ils sont moins insensibles ou naifs que beaucoup le pensent, mais qu'ils ont malheureusement peu de possibilité de manœuvre. Je ne dédouane pas ceux qui, effectivement, n'en ont rien à faire et ne nie pas leurs existences, j'en ai croisé aussi, mais je sais que tous ne sont pas indifférents, loin de là.
Avoir vécu ça ne m'a pas rendu plus forte ni plus indépendante, au contraire. Couplé à d'autres éléments, ça m'a causé une dépression qui dure encore aujourd'hui et une haine viscérale de la solitude.
Sur l'aspect "on a tous rigolé pour un plateau tombé à la cantine on est tous un peu coupables", je ne suis pas d'accord et l'exemple ne me semble pas du tout pertinent. Le harcèlement, ça n'est pas un rire ponctuel pour une maladresse ou une erreur de goût, c'est une répétition acharnée d'actes et de moqueries envers une personne, c'est singer la personne qui a lâché son plateau pendant les semaines qui suivent, c'est se moquer de TOUTES ses tenues ou presque, revenir sur les vêtements considérés comme ridicules alors qu'ils ont été remisés au fond du placard depuis longtemps, ce sont des coups ou des moqueries ciblées et persistant sur la durée, les affaires mises à la poubelles jusqu'à ce que tu prennes l'habitude de ne plus les laisser trainer. Un évènement ponctuel du au hasard et dirigé envers n'importe qui, même s'il est cruel et traumatisant, ça n'est pas du harcèlement. (je ne dis pas ça pour me dédouaner d'une potentielle responsabilité dans un harcèlement, j'ai moi-même été du "mauvais côté" en primaire, le plus grave dans l'affaire étant sans doute que je considérais vraiment la fille que je martyrisais comme une amie et que j'ai été très choquée quand j'ai appris que je lui avais fait du mal. Aujourd'hui encore je m'en veux pour ça et j'ai honte de ne pas avoir réalisé l'impact que mes actes pouvaient avoir)
Pour revenir à la vidéo, je trouve que Marie est bien mieux lorsqu'elle parle de ce sujet, plus posée et réfléchie et c'est bien. Sa première vidéo là dessus où elle donnait une part de responsabilité à la victime m'était restée en travers de la gorge.