Et si le travail du sexe était un sujet politique et non un problème à régler ?

[Membre supprimé 360590]

@Lune0103

Je réagis à un point de ton message qui me fait tiquer depuis longtemps (donc ce n'est pas toi )
Imaginons une personne nous dire que ça ne sert à rien d'interdire l'heroine car ça ne ferait que renforcer l'économie parallèle ?

Serait-on convaincues? Non parce que réglementer les choses dont je parle ne réglerait pas le problème du tout. Ça en créerait plein d'autres. Ça se voit tout de suite. C'est pour ça que les pays qui ont légalisé le cannabis dans les coffee shop n'ont pas légalisé l'héroïne

Pourquoi on fait une différence ? Car ce n'est pas un enjeu politique, d'une part car la dimension de domination socio économique ( tous rapports confondus) est trop souvent niée quand il s'agit de femmes précaires, racisées, ce qu'on veut et ensuite car les prostituées sont vues comme des riens..

Si ça devient un enjeu politique et social, les choses bougeront (vraie aide de sortie, de réinsertion, au logement, protection famille incluse si témoignage pour faire tomber les réseaux).
Ça ne peut venir que des féministes.

 

[AngèleLN]

@Tu as raison. Puisqu'on en parle de la drogue, le Portugal a dépénalisé toutes les drogues (en réponse d'ailleurs à une épidémie d'héroïne dans le pays), tout en maintenant des sanctions pour le trafic.
Résultats : la consommation de drogue reste en deçà de la moyenne européenne alors certes l'expérimentation a augmenté mais en même temps la consommation en tant que telle a diminué fortement. Il y'a eu une baisse drastique de la mortalité par surdose (taux de mortalité par surdose le plus faible de l'UE). Il y'a eu une diminution des contaminations virales liées à l'usage de drogues par voies intraveineuses.
A côté de ça, ils ont mis le paquet en terme d'accès aux soins, beaucoup plus d'usagers addicts sont pris en charge que dans le reste de l'UE.

 

[Membre supprimé 360590]

@AngèleLN
C'est dépénalisé mais pas légalisé puisqu'il y a toujours chasse au trafic.
Je file la comparaison mais je suis totalement contre la pénalisation des prostituées et des clients et je suis pour un plus grand accès aux soins et aux aides.

(Il faut vraiment que je travaille, j'abuse donc bonne journée à toutes).

 

[eLLuLa]

Dépénalisation n'est pas légalisation. En soi je suis pas forcément contre la dépénalisation. Au Portugal les personnes qui se droguent ne sont pas considérées comme des consommateurs lambdas, comme ils consommeraient de l'alcool, mais comme des personnes malades (et plus comme des criminels). Résultat ils sont pris en charge pour être soignés.
Si la prostitution était dépénalisée, il faudrait que cela soit uniquement dans le but de la réduire voire à terme d'en voir la fin, avec une véritable prise en charge + une politique de sensibilisation. Le but ne serait donc pas d'arriver à un "travail du sexe" légal comme demandé par le Strass.

EDIT: ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je ne compare pas la prostitution à une maladie

 

[Membre supprimé 360590]

@Lune0103
Ok, je vois. Tu parles des prohibitionistes. En général, ce sont des états où la religion/la politique a un grand poids (sens "dictatorial" du terme). En France, à ma (petite) connaissance, personne n'est pour la stigmatisation des prostituées Il y a un consensus pour aider à sortir des réseaux. Rendre la prostitution acceptable, ce n'est pas trop dans les papiers car concrètement, ça n'empêche pas les SSPT, les rapports tarifés non protégés, le danger... Alors qu'accompagner la sortie en même temps qu'en faisant la chasse aux proxos, concrètement ça accompagne l'interdiction sans risque pour les concernées.

 

[Kettricken]

Imaginons une personne nous dire que ça ne sert à rien d'interdire l'heroine car ça ne ferait que renforcer l'économie parallèle ?

Side note : mon père, spécialiste des addictions, me disaient que certes la prohibition aux USA avaient mené à + de contrebande, de banditisme etc... mais que la santé publique s'était nettement améliorée. La question étant de faire la balance entre cette amélioration et les blessures liées au banditisme

 

[Membre supprimé 360590]

Side note : mon père, spécialiste des addictions, me disaient que certes la prohibition aux USA avaient mené à + de contrebande, de banditisme etc... mais que la santé publique s'était nettement améliorée. La question étant de faire la balance entre cette amélioration et les blessures liées au banditisme

Le problème du prohibitionnisme, ramené à la prostitution, est qu'il s'en prend aux prostituées
En ce qui concerne l'alcool, ça avait bien fait baisser les violences intra-familiales Je ne sais pas si ça entre dans ce que ton père met dans Santé publique, je ne suis pas spécialiste, mais je suis preneuse de toute info (on en parlait brièvement sur le topic Interdire ou non le tabac).
Merci pour l'info

 

[Membre supprimé 332225]

En tant que femme, je refuse de défendre un système basé sur des services sexuels réalisés par des femmes ou des personnes lgbt pour des hommes cis.
J'imagine que ces services sexuels sont dirigés vers le"soulagement" des prétendus"besoins" des hommes, et que la personne prostituée ne reçoit aucun plaisir.
On se bat déjà pour que ce schéma de sexualité ne se fasse plus au sein des couples, pourquoi je me battrais pour ce schéma hors couple, qui plus est tarifé ?
La sexualité n'est pas une prestation que les femmes doivent aux hommes, que cela soit tarifé ou non.
Les grands gagnants de tout cela, c'est les clients. Pourquoi je chercherais à perpétuer un système qui se fait à leur bénéfice ?

 

[hellopapiméquépasa]

en fait j'ai l'impression que dans le milieu féministe full intersectionnel si t'a un point de vue un peu nuancé sur la prostitution genre "ce serai bien de pas le légaliser et le mettre sur le même pied d'égalité que n'importe quel métier" (1er degrès sur la page même de tds y a un meme qui dis "quand je vois qu'une personne me dis que je me fait exploiter alors qu'elle a un patron")on est tout de suite vu comme "les méchante abolo anti féministe qui ne veulent que du mal au prostitué" (je suis d'ailleurs assez surprise de l'article car des qu'une asso se postionne contre la prostitution y a plein de comm en mode "vous n'êtes pas féministe").la démarche d'aller voir une prostitué c'est quand même "je vais avoir une relation sexuelle avec une meuf pas parqu'elle me désire mais parcque je la paye"c'est quand même très spécial..et j'ai du mal a croire que de ce postulat la il peut y avoir des base saine.Eduquons les mec, arrêtons de parler du sexe comme d'un besoin (et donc stop au assistant sexuelle pour les handi )vital,mettons en place des vrais mesure contre la transphobie et le validisme (beaucoup des prostitué sont trans et/ou handi),de vrais mesure sociale,un vrai parcours de sortie..et bien sur des droits pour celle qui exerce!!(droit économique et sociaux,crèche pour les petits ect..)et bien sur si des meufs adorent ça tant mieux pour elle(il faudrait leur permettre d'exercer sans risque) mais légaliser ça aurait des conséquence dramatique!

 

[Peace&Love&It;3]

A ce sujet XY Média a publié une première vidéo sur l'impact de la loi "contre la prostitution" sur les TDS mais est aussi en train de créer une série de plusieurs vidéos, 3 sont parues dont 1 sur le prohibitionnisme et ses limites

Je sais que Vénus est elle-même TDS et a quitté le STRASS pour être trop peu inclusif des personnes trans et racisées comme elle. XY Média est aussi beaucoup composé de membres d'ACCEPTESS-T, une asso transféministe soutenant les TDS sur le terrain.

 

[Margay]

J'avoue que j'ai de plus en plus de mal à comprendre les arguments pro légalisation totale Je vois effectivement régulièrement les chiffres sur les PTSD, les violences sexuelles, l'âge d'entrée dans la prostitution, mais aussi des critiques de la loi de pénalisation des clients qui est donnée comme exemple de pourquoi il faudrait légaliser, mais je n'ai jamais vu d'exemple concret où la légalisation marche.
Souvent, ça reste encore très très peu chiffré parce que même avec la légalisation, ça reste un process dans l'ombre donc impossible d'avoir des statistiques fiables (même les stats sur les PTSD n'ont pas de cohorte énorme). Je me souviens de quelques articles sur l'Allemagne et les Pays Bas et en fait, le nombre de prostitué.es qui finissaient auto-entreprenereuse avec déclaration et tutti quanti, c'était vraiment peanuts, parce que s'afficher avec une société à son nom comme prostitué, c'était l'assurance de jamais pouvoir revenir sur le marché du travail un jour. Qu'en gros, la légalisation, ça développait surtout le nombre de clients et légitimait le recours à la prostitution, mais que ça n'apportait pas de sécurité particulière aux prostitué.es

A la limite, j'avais vu des chiffres sur la Suisse où ça avait l'air plutôt bien foutu (il y avait un très gros rapport sur la sujet, ce qui est déjà vachement rassurant pour moi), mais il restait pas mal de critique à faire notamment sur la concurrence et ça que ça induisait.

(Aussi, même dans le cas où y'aurait plein de femme à se déclarer prostituée autoentrepreneureuse, quand on voit aujourd'hui le statut d'autoentrepreneur à la sauce deliveroo et ubereat, c'est pas franchement un modèle que j'aurais envie de défendre)

Bref, si quelqu'un à des sources de pays avec légalisation de la prostitution et où ça se passe bien, avec des vrais chiffres et tout, ça m'intéresse pas mal. En attendant, je continuerais de trouver que c'est encore un symptôme de la domination des hommes sur les femmes et dans ce système, j'ai pas envie de normaliser l'idée que le sexe, ça peut s'acheter. Pêtre un jour si homme et femme sont réellement égaux, et si on me prouve que la prostitution n'est pas forcément à l'origine de PTSD mais que ce sont les conditions de travail actuelles qui le sont, je reverrais ma copie

 

[Margay]

DP mais olala
Je suis en train de remonter le fil twitter du STRASS, pour comprendre un peu leur position, et je suis tombé sur ce tweet :

https://twitter.com/i/web/status/1480641022468276232

Et l'article relayé? Il est dégueulasse. Ca me dégoute profondément. Vraiment, je veux bien savoir comment on peut soutenir un groupe qui relaie ce genre d'horreur avec un simple "intéressant" et sans remettre une seconde en question le corps de l'article. Il reprends toute la rhétorique de la femme folle et manipulatrice qui voulait piéger le pauvre homme qui s'est laissé avoir.

"Du dossier exposé par le président Christophe Subts, il ressort pourtant qu’une femme de 21 ans l’accuse [le gars à 46 ans, note de moi] de l’avoir obligée, via internet, à poser nue pour des photos et à s’exhiber dans des vidéos sur un site moyennant une rémunération pour elle et pour lui ! Dans sa plainte, elle affirme qu’elle était sous l’emprise de cet homme dont le fantasme était « de la violer ». 80 % des paiements effectués en ligne étaient encaissés par cette dernière et les 20 % restants profitaient au prétendu souteneur, soit près de 650 € et 130 € sur une période de deux mois."

"S’il ne nie pas les faits, le prévenu précise avoir participé à ce commerce à la demande de la plaignante « pour rendre service ». « J’ai manqué de discernement ! », estime-t-il. Le président de l’audience le pressant de questions, il ajoute qu’« elle est portée sur ce genre de choses » et qu’elle a « un tempérament très fort ». À la demande de précisions du magistrat, il répond aussitôt : « Dans le domaine sexuel ! ». Selon lui, ce serait une rencontre sur un réseau social qui « aurait mal tourné ». L’homme poursuit : « C’est elle qui fixait le prix que le client versait sur son compte ».

Absente au procès, celle qui se constitue partie civile par courrier réclame 5 000 € en réparation de son préjudice moral. À son égard, l’expert psychiatre relève « des troubles graves de la personnalité ». Interrogé sur ce point, le prévenu indique : « J’ai surinvesti les réseaux sociaux pendant le premier confinement, et je n’avais pas l’impression d’avoir une personne problématique face à moi »."

"Pour le parquet, Solenn Briand constate « ce lien à caractère sexuel sur un site de rencontre » pour poser la question cruciale du dossier : « Est-ce du proxénétisme ? ». Répondant que « des contacts physiques » sont exigés par le droit, elle n’a d’autre choix que de requérir une relaxe.

Maître Pierre Tracol salue « l’honnêteté intellectuelle de Madame la procureure », et va plus loin, en présentant la plaignante comme « une manipulatrice » qui « veut battre monnaie devant le tribunal ». Le plaideur insiste : « Il n’y a pas de proxénétisme sans prostitution ». Il demande de concert une relaxe, s’agissant de ces relations virtuelles. C’est la décision prise par la juridiction."

NAN MAIS??!

Si quelqu'un à une autre version des choses, je veux bien une explication qui rende ça passable, parce que là??!