Je vous mets un extrait de la chronique de Thomas Legrand ce matin sur France Inter, qui résume à peu près ce que je pense (mais que le dit mieux) :
Imaginons simplement que le foot ne soit pas devenu une industrie pourrie et que les joueurs de foot, ou les sportifs de hauts niveau et professionnels, en général, aient encore des réflexes normaux, sportifs quoi. Thierry Henry, qui a fait une main, qui a été vue par des millions de gamins de France et du monde qui l?admirent, aurait eu alors une autre attitude. Il aurait fait un truc que tout le monde fait quand il joue au foot avec ses enfants mais qui est devenu impensable dans l?industrie du foot. Imaginons qu?il ait dit à l?arbitre « il n?y a pas but monsieur j?ai fait une main ». Imaginons qu?il ait expliqué après ça, devant les caméras qu?il ne pouvait pas qualifier son équipe sur une tricherie, il serait entré dans l?histoire du fairplay et aurait fait un acte éducatif inestimable. Ou alors soyons moins idéaliste. Imaginons qu?il n?ait rien dit mais que les autorités politiques (ou simplement celle du foot français) aient pris la décision hier de soutenir la demande des irlandais de rejouer parce qu?il y a eu triche. Là on aurait pu dire que l?essentiel était sauvé ! Il faut simplement penser à ces milliers d?éducateurs et profs de gym à travers la France, qui toutes les semaines, avec des salaires qui représentent, par mois, dix minutes de travail pour Thierry Henri, tentent de se servir du foot, la passion de tant de gamins, pour inculquer les règles de la vie en société, le respect de l?autre. Ces éducateurs sont catastrophés ce matin. Nous avions déjà eu un autre exemple qui nous montrait l?aplatissement populiste des politiques devant la puissance du foot de haut niveau. Quand Jacques Chirac avait dit qu?il comprenait que Zinedine Zidane (le héros absolu des français) ait pu préférer une mâle vengeance plutôt que la maitrise de soi et la justice, après son coup de tête contre Materazzi en finale de la coupe du monde? ce n?est pas la peine de défendre une soi-disant « politique de civilisation » pour en arriver à glorifier le « pas vu pas pris ».