J'ai l'impression que tu confonds le caractère fictif d'une œuvre, et les messages bien réels qu'elle peut renvoyer. Ce qui est problématique n’est pas les fantasmes de l’auteure, mais les messages qu’elle véhicule à travers ses œuvres.
Une œuvre littéraire ou cinématographique, inspirée d’une histoire réelle ou non, totalement fictive ou non, se passant dans un monde complètement fou sorti tout droit de l’imagination de son concepteur ou de sa conceptrice est vecteur de valeurs, d’idées, de messages, de sens transposables à notre monde et à notre société. L’œuvre a beau être fictive, résulter des fantasme de son auteur.e il n’empêche qu’elle transmet quelque chose de réelle. Et ici, ce qu’elle transmet est très problématique. Il y a différente façons d’aborder le BDSM ou le fantasme du viol. La façon choisie ici renvoie à une image erronée et dangereuse du BDSM, et à une total glamourisation des relations abusives et du viol présentés comme le summum de l'amour romantique. C’est ça qui est critiqué et fortement remis en cause, pas les fantasmes de l’auteure.
Si on disait pour chaque roman ou film "c'est une œuvre fictive, ce n'est pas réaliste, il faut arrêter de vouloir comparer avec notre monde", alors on arrêterait d'analyser le cinéma, d'étudier les roman sous un angle politique (celui du genre par exemple), de théoriser les grandes œuvres ou encore d'écrire sur la perception de la sexualité dans les séries HBO, de philosopher sur Harry Potter etc.
C'est un fait, le cinéma et la littérature sont politiques.
Mais la différence entre Harry Potter et les fantasmes des lecteurs (et non de l'auteur d'ailleurs) de 50 nuances de Grey c'est que ces derniers consistent à faire semblant de se trouver dans une relation, sexuelle ou émotionnelle, qui soit abusive. Et c'est ça précisément qui est excitant. Pratiquant moi même le bdsm, je dois bien avouer que le safeword ou safegesture bah quand on doit l'utiliser ça plombe bien l'ambiance... pareil si mon partenaire/dominant se mettait à s'excuser de me faire mal !
Du coup si on considère la littérature érotique comme une base, une source de fantasme, ça me parait logique de gommer les choses qui sont essentielles mais pas bandantes. Si on fantasme sur le viol, la domination psychologique, on va avoir envie de voir ça "en vrai" (mais dans une oeuvre fictive, ahah), pas de voir d'autre gens faire semblant comme on le fait nous même pour assouvir nos fantasmes bdsm. (Je ne sais pas si je suis très claire)
En gros, dans la vraie vie on fait semblant parce que le consentement et le bien être sont essentiels, mais dans une oeuvre pornographique/érotique ça me parait logique de montrer ça comme si c'était vrai. En fait si on voyait la vraie vie des vrais gens qui font les choses bien, à mon avis ce ne serait pas excitant du tout, et c'est quand même le but du livre/film (bien que pour pleins d'autres raisons je le trouve assez nul: clichés et platitude scénaristique en vrac)
Pour moi ce n'est pas au porno de montrer une "bonne image" mais à ces foutus cours d'éducation sexuelle inutiles avec le prof de svt en 4ème d'enseigner qu'être excité par le porno, c'est normal, mais que pour réaliser ces fantasmes il y a des précautions à prendre.
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