nadja;4483445 a dit :
J'avais écrit un pavé sur le sujet qui a disparu.
J'ai vécu ce type de situation pendant quatre ans avec mon premier copain. Les passages des rires aux cris, des "Je t'aime" à "Je pète une porte/une table en hurlant", les phrases terribles du genre "Parfois tu dis des phrases tellement connes qu'on a envie de te tarter" ou "Tu n'as que l'art dans la vie, c'est le seul truc qui t'intéresse", les "J'en ai marre de te voir pleurer, je le supporte plus putain !", c'est une horreur. J'en venais à appréhender son retour à l'appart. Et pourtant j'étais tout à fait consciente de la situation, je cherchais des infos sur les personnes bipolaires et les pervers narcissiques comme si ça allait changer quoique ce soit. La grande difficulté c'est qu'on passe des moments magiques à des moments très durs et que cette petite lueur d'espoir ne disparaît pas. C'était mon premier petit-ami, j'étais folle de lui, on avait passé de très beaux moments. Je pleurais tout le temps, j'étais super fragile et je me suis perdue. J'ai arrêté de faire tout ce que j'aimais. Et pourtant je répliquais, je le provoquais, je répondais doucement, j'ai tout tenté.
Le pire c'est qu'avec le recul, un an après, j'en viens à demander si je n'exagère pas.
J'étais très exactement dans ta situation, un an après l'avoir quitté, parfois je me demandais si je n'avais pas exagéré les choses... C'est que notre mémoire sélective fait parfois trop bien son boulot. Je me suis donc souvenue de choses vraiment folles/terribles. Il avait été jaloux de sa propre soeur jumelle, me faisant un caca nerveux parce qu'elle avait acheté des corsets et que je lui avais dit oui quand elle m'a proposé d'en essayer un. "Mais tu te rends pas compte, elle va te voir en soutif, elle est bi, elle peut faire des trucs, j't'interdis d'essayer ses corsets." Rien que là le gars se pose niveau parano. Il y a eu aussi des phrases, des messages sur le répondeur me gueulant dessus à coups de "t'es trop conne, t'es une grosse conne putain, t'es la pire saloperie de l'humanité, t'es un monstre." Ce qui m'a fait réagir, c'est une phrase, "toute bête" : "Parfois tu m'saoules tellement que j'aimerais que tu crèves". Une alarme s'est comme allumée en moi, et j'ai revisionné avec un autre regard les trois/quatre derniers mois : je ne dormais plus beaucoup, je ne parlais plus à personne, j'avais beaucoup maigri et en sous-poids, je n'avais plus le goût de vivre. Je me suis rendue compte que si je restais avec, j'allais y laisser plus que des plumes. Pourquoi rester avec un mec qui souhaite ma mort ? Ca n'est pas ça l'amour. Il a bien essayé de se dépêtrer de la situation, me sortant qu'il avait dit ça juste pour me faire réagir et pour prouver à quel point je ne me focalisais que sur quelques mots et à quel point nos disputes c'était de ma faute (c'est ce qui avait le don de l'énerver en fait, que je reprenne ses mots, que je ne retienne "que le mauvais"). J'ai compris plus tard que ce qui l'énervait plus que tout c'est surtout que je le mette face à sa connerie. Il ne supportait pas avoir tort. Et quand il me traitait, ou disait des choses blessantes, il l'expliquait par des "transes colériques" (terme qu'il a utilisé lui-même), qu'il oubliait dès le lendemain, donc c'est pas sa faute hein, il est pas responsable, il ne le pensait pas vraiment s'il ne s'en souvient plus.
J'étais une vraie loque, mais le jour où j'ai décidé de couper les ponts avec lui, ce jour où je me suis dit "ça ne peut plus durer", je me suis sentie plus forte, soulagée. J'ai dormi 12h d'affilée et ai recommencé à correctement m'alimenter. J'ai su que c'était le bon choix. Lui n'acceptait pas que je coupe les ponts, il m'a fait du chantage au suicide, me harcelait, m'appelait à toute heure, me traitant de monstre, me disant que ce n'était pas possible, que l'on ne changeait pas d'avis comme ça du jour au lendemain, qu'on n'oubliait pas une histoire d'amour du jour au lendemain, que je devais m'être trompée, que j'avais dû mal m'y prendre, que je croyais avoir raison de faire ça mais que j'avais tort.
J'ai su quelques années plus tard qu'il avait été jusqu'à envoyer une lettre à mes parents. Ils n'ont pas voulu me dire ce qu'elle contenait mais je l'imagine assez clairement. J'ai longtemps eu peur qu'il se venge, j'avais peur de mon ombre, sincèrement il était tellement instable et excessif...
Tout ça pour dire, pourquoi on se laisse marcher sur les pieds ? Parce qu'au début, tout va très très bien, c'est l'homme parfait, qui distille les mots qu'il faut, qui couvre d'attentions, le prince charmant. Enfin, à 18-19 ans, ce fameux prince charmant arrive. Tellement sociable, populaire, apprécié, drôle, intelligent. Quelle chance. Tellement de chance que bon, si parfois il s'emporte, ce n'est pas grave. Et puis c'est un peu de ma faute aussi, il a raison, je ne devrais pas lui dire non quand il veut qu'on fasse l'amour, c'est normal qu'il se sente rejeté. Et puis c'est normal s'il veut que je me rebelle face à mes parents, c'est vrai, ils font vraiment trop de différences, ils ne font pas comme il faut, je dois mettre les points sur les i et m'éloigner un peu d'eux et de leur mauvaise influence. Pareil pour les amis, après tout, ils ne me comprennent pas comme lui me comprend. Et petit à petit, tout est de ma faute : le fait qu'il ait un boulot qui ne lui plaît pas, le fait qu'il est souvent absent de ce boulot, que son CDD n'est pas reconduit, qu'il n'a plus de carte bancaire, plus de thune. S'il me crie dessus c'est de ma faute, je dois changer. Mais il m'aime, oui, il me le répète, il m'aime à la folie. Je ne serais rien sans lui. Alors je dois changer et me la fermer.