Le plus gênant, dans les explications biologiques / neuroscientifiques, c'est qu'elles admettent parfois que les manifestations physiques induisent le comportement humain. Alors que cela pourrait être parfaitement l'inverse, eh oui, et ça ne résoudra absolument pas la question de "d'où ça vient". Ce n'est pas parce qu'on décrit ou constate un phénomène (quand on tombe amoureux, pof, dopamine et tutti quanti) qu'on résout sa cause et donc ses conséquences selon moi.
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Et d'ailleurs, au fond cette explication n'apporte pas grand chose, à part se dire "c'est pas de ma faute, c'est de la faute de mon corps", comme si l'esprit n'avait pas la moindre influence sur le corps, comme si le corps et l'esprit étaient encore deux choses distinctes, l'un contrariant l'autre. (Enfin, ça fait longtemps qu'on est plus censés penser comme ça, non ? Bon évidement ce dualisme a encore de beaux jours devant lui en fait.)
Mais revenons à l'article et au sujet : l'article est assez flottant dans la mesure où son ton n'est pas très défini. Il n'est ni parodique, ni vraiment ironique ou sarcastique, ni tout à fait léger. Il respire une forme de désenchantement, presque amer et dédaigneux, ça donne pas l'impression que l'auteur s'investisse vraiment dans son sujet, et en même temps on sent en latence l'envie d'y croire un peu quand même, mais pas vraiment. D'où les réponses qui volent un peu dans tous les sens sur
son sens de l'amour et de la manière de le vivre. Alors qu'au fond, comme on l'a dit : chacun le vit comme il le peut surtout, car c'est peut-être la chose la plus difficile et la plus belle au monde, aimer quelqu'un. (Que ce soit un amant, un ami, un parent, ou un frère.)
J'ai connu peu d'amours (et c'est pas peu dire), je reste convaincue que l'amour et la passion que l'on éprouve dépendent énormément de facteurs qui nous échappent : la personne en face, la période de notre vie, les événements qui nous ont marqués jusqu'ici etc. On peut saisir au vol certaines tendances : qu'il est difficile de faire des efforts passés "3 ans", ou simplement passée la période où l'on a pu déverser tous ses désirs, sans forcément penser à ceux de l'autre... et ce temps-là est variable en fonction de chacun. Mais les quantifier, les baliser, par principe, c'est évidemment pas forcément la meilleure solution – de vivre ses liens humains en fonction de règles préétablies, culturelles, et somme toute, relativement arbitraires, car génériques et factuelles. (Du temps où les mariages étaient arrangés, les choses se passaient autrement qu'avec ces 3 ans je veux dire, et ça ne veut pas dire qu'il n'y avait que des couples malheureux quand il y avait des mariages arrangés, c'était notamment une autre manière de vivre les choses malgré la contrainte.)
Plaquer ses aspirations sur celles des autres, et regretter que l'autre n'aspire pas aux mêmes choses, et voir de la tristesse là où l'autre voit surtout la jouissance : enfin, dans un terrain aussi miné et aussi ambigu que l'amour, dire qu'il est triste que telle personne se comporte de telle manière, revendiquer son propre bonheur par comparaison, au fond, ça n'a pas beaucoup de sens. L'amour a peut-être une définition aussi changeante et aussi complexe que l'être humain lui-même.
Quant à ce mot "passion", j'aimerais franchement qu'on me l'explique vraiment. Car être passionné par quelqu'un, comme être passionné d'art ou de botanique, j'ai personnellement la sensation que c'est pas loin d'être la même chose. Et pourtant je n'ai pas envie de forniquer avec une toile de peintre ou avec un bégonia ; de même, être passionné par quelqu'un, oui le facteur sexuel entre en compte, mais au fond, "sexuel" touche à un domaine plus vaste, celui du charnel, du besoin physique simplement de toucher l'autre, de le sentir, de le goûter, de le regarder, de l'apprécier dans toute sa sensualité – enfin, coïter pour coïter, de mille manières, oui c'est créatif, oui c'est gai, mais j'ose espérer que la passion ne se résume pas à ça, et j'ai même, personnellement, tendance à ressentir cette passion pour l'autre très tôt. Et je suis passionnée d'art depuis toujours et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas être passionnée par quelqu'un toute ma vie aussi. Même si ce n'est pas forcément ce à quoi j'aspire dans l'absolu. J'aspire à vivre passionnément, en découvrant le maximum de choses, avec une seule personne ou avec plusieurs. Enfin je ne sais pas où je vais avec ce post, mais toujours est-il que l'article donne parfois la sensation d'assimiler passion à simple jouissance ou excitation, alors qu'il me semble que c'est un sentiment plus profond que ça, et à mes yeux indétachable de l'amour. Il n'y aurait pas, d'un côté, l'amour passion/déraison et l'amour calme/chiant. Il y a de multiples formes d'amour, de toute façon, et je ne vois pas en quoi l'amour exclut la passion dans sa définition. A mes yeux, aimer quelqu'un s'apprend avec quelqu'un, et peut se construire au fil du temps, ou s'éteindre plus vite. Mais il n'y a pas d'amour plus "légitime", plus "vrai" ou plus "sérieux" qu'un autre. Ca, c'est ce qu'on veut bien y investir. On peut vivre je pense des années d'amour déraisonné et une semaine d'amour calme et vivre les choses avec autant d'intensité. Enfin, pourquoi construire des échelles de valeur, et dire ce qui est excitant ou non, ce qui est ennuyeux ou non ? Est-ce à cette aune-là qu'on considère la valeur des choses, et surtout des relations humaines ?
Bon je m'enflamme un poil dans un pseudo-lyrisme, mais le sujet m'a touchée, me touche encore par certains aspects, et c'est dommage de le voir traité de cette façon par Maïa, enfin, c'est à la fois trop et pas assez léger pour ne pas laisser un goût désagréable à la lecture à mon sens.
Enfin il a au moins eu le mérite de déchaîner les passions, en un sens.
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