Je ne l'ai pas trouvé misogyne. Comme quoi ça dépend beaucoup de la sensibilité de chacun, parce que pour moi LE truc qui m'a écoeurée et interpelée c'est les parents d'Amy et la création d'Amazing Amy. J'ai trouvé que c'était ça le noeud du problème, et qu'Amy était surtout dépeinte en "victime", mais c'est peut-être juste une lecture personnelle (je n'ai vu que le film).
Depuis son enfance Amy a été l'ombre de son alter ego fictif, que ses parents ont médiatisé et perfectionné à tel point qu'ils semblent plus éprouver de l'affection pour elle que pour leur propre fille. Amy a grandi conditionnée par l'idée que pour être satisfaisante auprès de Maman et Papa (et par extension le grand public qui adule son faux self) il fallait réécrire et scénariser sa vie, qu'il fallait être parfaite. Bien qu'elle en soit à moitié consciente, il semblerait qu'elle n'ait jamais réussi à sortir de cette relation aliénante. À la fin quand elle a les yeux pleins d'étoiles en voyant tous les regards et les caméras enfin tournés vers elle, elle doit se dire "c'est qui l'amazing Amy maintenant ?". Nick n'est pas dupe, puisqu'il dit cyniquement aux parents "Vous devez être si fiers" (d'avoir réussi votre créature). Quand on voit l'inventivité et l'ingéniosité qui ont été mobilisées pour mettre en oeuvre sa machination, on se dit qu'elle aurait pu être une super écrivain de polar ! Sauf qu'elle ne peut pas être l'écrivain, elle c'est le personnage de la fiction, c'est la place qui lui a été assignée.
Je pense que comme elle se refuse d'en vouloir à ses parents et refoule la dimension perverse de leur relation, elle a dans sa tête rationalisé sa rancoeur en la déplaçant sur le sexe opposé et la société, avatars parfaits dans l'inconscient collectif de la personne exigeante qui dicte comment se comporter. Ce n'est d'autant pas anodin que la société a aussi sa part de responsabilité et là on entre dans un second niveau de lecture d'orde plus sociologique que @Mymy a très bien résumé avant moi et que j'ai honnêtement la flemme de reformuler
J'ajouterais que dans un milieu où règnent les images, c'est plus facile pour Amy de s'attaquer aux hommes plutôt qu'à ses parents pour alléger sa souffrance, parce que l'idée d'une femme physiquement violentée par un homme est plus facilement concevable (par elle et par les autres) que l'idée d'une femme psychologiquement tourmentée par sa famille bourgeoise bien rangée.
Je ne vois pas en Gone Girl un film misogyne parce que j'ai tout de suite vu les reproches qu'elle fait aux hommes comme illusoires, une auto-persuasion, il lui fallait inconsciemment trouver un bourreau, une cause à son angoisse. Je pense sincèrement que psychologiquement les sexes auraient pu être interchangés. Quand Amy se lâche totalement une fois qu'elle prend la fuite en se disant libérée parce qu'elle n'est plus auprès de Nick, je vois surtout une Amy qui se libère de son rôle irréprochable des livres jeunesse ! Et le seul mec qu'elle tuera sera celui qui s'inscrit le plus dans le schéma étouffant des parents (il l'infantile et lui impose ses préférences sur comment elle doit se comporter)
Je sais que je passe un peu à côté de la "critique de l'illusion de la vie conjugale" annoncée comme étant le thème principal de l'oeuvre, mais en attendant la première fois que le mot "mariage" sort de la bouche d'Amy, c'est pour parler du mariage d'Amazing Amy orchestré par ses parents avant son propre mariage, donc prout je maintiens mon interprétation psychanalytique de comptoir des parents dans l'histoire ! La pauvre vit complètement entre fiction et réalité, entre Amazing Amy, son journal rose d'ado à moitié mytho, son faux kidnapping et ses interview à son retour, elle est complètement paumée et plongée dans la psychose ! Si elle est bouleversée quand elle voit Nick la tromper, ce n'est pas l'adultère en elle-même qui la déroute, mais le fait que ce n'était pas écrit dans le scénario parfait qu'elle avait imaginé pour eux. Elle a voulu revenir dans ses bras à partir du moment où il a compris qu'il fallait mentir en se conformant à l'image de l'époux parfait qu'on attend de lui, elle avait de nouveau quelque-chose sur quoi s'accrocher, s'ils ne suivent pas le script elle est perdue.
Depuis son enfance Amy a été l'ombre de son alter ego fictif, que ses parents ont médiatisé et perfectionné à tel point qu'ils semblent plus éprouver de l'affection pour elle que pour leur propre fille. Amy a grandi conditionnée par l'idée que pour être satisfaisante auprès de Maman et Papa (et par extension le grand public qui adule son faux self) il fallait réécrire et scénariser sa vie, qu'il fallait être parfaite. Bien qu'elle en soit à moitié consciente, il semblerait qu'elle n'ait jamais réussi à sortir de cette relation aliénante. À la fin quand elle a les yeux pleins d'étoiles en voyant tous les regards et les caméras enfin tournés vers elle, elle doit se dire "c'est qui l'amazing Amy maintenant ?". Nick n'est pas dupe, puisqu'il dit cyniquement aux parents "Vous devez être si fiers" (d'avoir réussi votre créature). Quand on voit l'inventivité et l'ingéniosité qui ont été mobilisées pour mettre en oeuvre sa machination, on se dit qu'elle aurait pu être une super écrivain de polar ! Sauf qu'elle ne peut pas être l'écrivain, elle c'est le personnage de la fiction, c'est la place qui lui a été assignée.
Je pense que comme elle se refuse d'en vouloir à ses parents et refoule la dimension perverse de leur relation, elle a dans sa tête rationalisé sa rancoeur en la déplaçant sur le sexe opposé et la société, avatars parfaits dans l'inconscient collectif de la personne exigeante qui dicte comment se comporter. Ce n'est d'autant pas anodin que la société a aussi sa part de responsabilité et là on entre dans un second niveau de lecture d'orde plus sociologique que @Mymy a très bien résumé avant moi et que j'ai honnêtement la flemme de reformuler
J'ajouterais que dans un milieu où règnent les images, c'est plus facile pour Amy de s'attaquer aux hommes plutôt qu'à ses parents pour alléger sa souffrance, parce que l'idée d'une femme physiquement violentée par un homme est plus facilement concevable (par elle et par les autres) que l'idée d'une femme psychologiquement tourmentée par sa famille bourgeoise bien rangée.
Je ne vois pas en Gone Girl un film misogyne parce que j'ai tout de suite vu les reproches qu'elle fait aux hommes comme illusoires, une auto-persuasion, il lui fallait inconsciemment trouver un bourreau, une cause à son angoisse. Je pense sincèrement que psychologiquement les sexes auraient pu être interchangés. Quand Amy se lâche totalement une fois qu'elle prend la fuite en se disant libérée parce qu'elle n'est plus auprès de Nick, je vois surtout une Amy qui se libère de son rôle irréprochable des livres jeunesse ! Et le seul mec qu'elle tuera sera celui qui s'inscrit le plus dans le schéma étouffant des parents (il l'infantile et lui impose ses préférences sur comment elle doit se comporter)
Je sais que je passe un peu à côté de la "critique de l'illusion de la vie conjugale" annoncée comme étant le thème principal de l'oeuvre, mais en attendant la première fois que le mot "mariage" sort de la bouche d'Amy, c'est pour parler du mariage d'Amazing Amy orchestré par ses parents avant son propre mariage, donc prout je maintiens mon interprétation psychanalytique de comptoir des parents dans l'histoire ! La pauvre vit complètement entre fiction et réalité, entre Amazing Amy, son journal rose d'ado à moitié mytho, son faux kidnapping et ses interview à son retour, elle est complètement paumée et plongée dans la psychose ! Si elle est bouleversée quand elle voit Nick la tromper, ce n'est pas l'adultère en elle-même qui la déroute, mais le fait que ce n'était pas écrit dans le scénario parfait qu'elle avait imaginé pour eux. Elle a voulu revenir dans ses bras à partir du moment où il a compris qu'il fallait mentir en se conformant à l'image de l'époux parfait qu'on attend de lui, elle avait de nouveau quelque-chose sur quoi s'accrocher, s'ils ne suivent pas le script elle est perdue.
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