C'est trop simple et réducteur de dire qu'on est d'abord là pour enseigner et qu'on ne devrait pas avoir à se préoccuper du reste. Bien sûr qu'on est là pour enseigner, c'est évident, mais pour pouvoir le faire efficacement et pour donner aux élèves l'envie d'apprendre et d'être là, avec nous, on se doit aussi d'être les garants de l'atmosphère de nos classes.
Les exemples que tu donnes, Jack, me font froid dans le dos.
Quand Jeanne Decouvaine écrit qu'on "n'est pas formés pour ça", c'est absurde. Ca va au-delà de la formation, c'est d'abord avoir un regard bienveillant et porter de l'intérêt à nos élèves. Ce n'est pas de la théorie, c'est juste le sens commun. On dirait que cet article oublie qu'enseigner, ce n'est pas juste abreuver les gamins de connaissances nouvelles, il y a des milliers de paramètres qui entrent en compte. A partir du moment où on touche à l'humain, on ne peut pas juste cracher un cours et ne pas voir ce qui se passe autour, on est tour à tour maman, psy, médiatrice selon les situations qui émanent de nos classes.
Je crois qu'un prof doit être capable d'accepter de porter parfois d'autres casquettes que celle qu'on lui assigne au départ.
Et, "on n'est pas payés pour ça", c'est juste le degré zéro de l'argumentation. Je ne suis pas payée quand j'arrive à l'école à 7h30 le matin, je ne suis pas payée quand je reste jusqu'à 18h pour corriger des trucs, je ne suis pas payée quand je prépare mes cours le dimanche matin, et pourtant je le fais, on le fait tous, Jeanne Decouvaine le fait aussi très certainement alors je comprends encore moins cet argument pécuniaire déplacé.
Refiler le problème aux psys, aux infirmières, aux médecins scolaires, c'est fermer les yeux et c'est en plus avoir un regard complètement irréaliste sur la réalité du terrain. Où est le médecin scolaire dans nos établissements ? L'a-t-elle déjà vu ? Combien de fois croise-t-on l'infirmière qui cavale entre trente-six établissements différents ? Nous sommes avec nos classes toute la journée, certains de nos élèves nous voient plus que leurs propres parents, qu'on le veuille ou non nous sommes les premiers témoins de ce qui se passe dans nos classes et les premiers interlocuteurs de nos élèves. On ne peut pas nier délibérément cette réalité en disant qu'on ne nous paye ni ne nous forme pour cela.
Du reste, je ne suis pas du tout d'accord quand elle dit que cette campagne est alarmiste et qu'elle ne vise qu'à faire flipper les parents. J'ai au contraire l'impression qu'elle s'adresse avant tout aux gamins eux-mêmes, que le premier but est qu'ils se posent la question de savoir "Et moi ? Où j'en suis dans tout ça ?".
Et pour ce qui est de la diabolisation d'internet, là encore, elle extrapole. Un spot sur les trois met en avant les éventuels dangers d'internet. Dans les deux autres, nada, ce sont juste les dangers des mots et des gestes qu'on montre.