Harcèlement à l'école : pas le problème des profs ?

[Pandore]

Ma question est peut-être bête mais, en tant que prof vous n'avez pas le droit de sortir les élèves quand vous le décidez? Dans mon école, les profs sortaient les élèves pour bien moins que ça...

Normalement, l'élève doit à tout prix rester dans ta classe, sous tes yeux. Il est sous ta responsabilité pendant toute l'heure. Les exclusions de cours doivent rester cantonnés à des cas d'urgence.

Dans les faits, on le fait quand même en trouvant des astuces et du soutien auprès des collègues pour ne pas être en faute.

 

[Hurry]

Normalement, l'élève doit à tout prix rester dans ta classe, sous tes yeux. Il est sous ta responsabilité pendant toute l'heure. Les exclusions de cours doivent rester cantonnés à des cas d'urgence.

Dans les faits, on le fait quand même en trouvant des astuces et du soutien auprès des collègues pour ne pas être en faute.

Ok merci. Mais il n'y a pas d'éducateurs chez qui les renvoyer? Nous on était envoyé au bureau des éducateurs suite à quoi on passait le reste de l'heure consignés à la salle d'étude... où on était toujours surveillé par un éducateur qui était chargé d'y faire régner le silence...

 

[Pandore]

Ok merci. Mais il n'y a pas d'éducateurs chez qui les renvoyer? Nous on était envoyé au bureau des éducateurs suite à quoi on passait le reste de l'heure consignés à la salle d'étude... où on était toujours surveillé par un éducateur qui était chargé d'y faire régner le silence...

Il y a la vie scolaire, mais tu ne résouds pas le problème. Si cinq profs mettent chacun un élève dehors (sur un gros établissement, ça va vite), tu ne peux pas les garder dans le bureau du surveillant (qui est souvent tout seul d'ailleurs). En gros, on ne sait jamais où les mettre.
Quand à les mettre en salle d'étude, je ne vois pas comment un surveillant arrivera mieux que moi à gérer un élève, il restera ingérable. On ne fait que déplacer le problème: la salle d'étude n'est pas là pour récupérer tous les cas du collège, sinon ça devient une salle de confinement. Les surveillants ne sont pas plus flics que nous, surtout qu'ils en ont en général presque cinquante en même temps dont la plupart sont quand même là pour bosser.
Et enfin, côté déontologie, de toutes façons, mon travail consiste à faire cours à tous mes élèves. Je n'ai pas le droit de faire de différence et de refuser mon enseignement à l 'un d'eux quelque soit le prétexte. Donc légalement, il doit rester chez moi.

 

[Bethsabée]

Je suis professeur en lycée... Passer de l'autre côté de la salle de classe m'a fait réaliser pas mal de choses...

Les effectifs de nos classes font qu'on ne peut pas se rendre compte de tout (35 élèves X le nombre de classes que vous avez à l'année, de mon côté ça me fait plus de 150 élèves).

J'essaie d'être vigilante, mais on ne peut pas être partout pendant nos heures de cours: il faut assurer le cours, surveiller que les élèves se mettent au travail, mettre fin aux bavardages, surveiller les téléphones portables (strictement interdits dans mon établissement). C'est difficile en plus de surveiller l'attitude plus générale des élèves.

Il y a en outre clairement un manque de communication dans les équipes, même si nous faisons tout pour pallier cela. J'ai repéré des situations inquiétantes et j'en ai fait part au reste de l'équipe, mais ce n'est pas toujours suivi: 1 infirmière pour près de 2000 élèves, des assistants d'éducation débordés par la paperasse et la gestion des absences (les billets d'absence suivis des coups de fil aux parents doivent leur prendre 75% de leur temps... encore un autre débat)...

Je suis assez d'accord pour dire que ce n'est pas le c?ur de notre travail d'enseignant de pourchasser les situations de potentiel harcèlement, mais cela doit se faire en équipe avec tous les membres de la communauté éducative, chacun ayant son rôle à jouer dans la prévention et la "sanction".

Selon les rapports que l'on a avec les élèves, l'intervention d'un professeur dans ce genre de cas peut se révéler plus destructrice qu'autre chose...

Et enfin, il faut arrêter de voir les profs que de saints individus qui sont entrés dans l?Éducation Nationale comme autrefois on entrait dans les ordres. Une fois que je sors de mes fiches de préparation et de mes corrections, en effet, je ne pense plus à mes élèves car j'ai une vie sociale et culturelle en dehors du lycée (et heureusement...)

 

[Greenfairy2a]

Je trouve les témoignages que j'ai lu parfaitement horrifiants, on parle vraiment là de violence, d'agressions, voire d'agressions sexuelles ! on ferait ça à un adulte, il y aurait plainte immédiatement ! un enfant n'y a pas recours, c'est du devoir des adultes qui l'entourent de le protéger !

Certes, pour avoir bossé dans un lycée/collège, je sais que c'est loin d'être évident pour un prof ou un surveillant d'avoir l'oeil partout et de repérer la souffrance... mais pour moi c'est en grande partie un question
1) de moyens : arrêter de surcharger les classes permettrait aux profs de mieux suivre leurs élèves, de mieux les "tenir" même (parce que faut pas se leurrer, aujourd'hui ce sont des fauves, je parle VRAIMENT en connaissance de cause), plus de surveillants aussi, car de mon expérience, ils sont vraiment trop peu pour être réellement des assistants d'éducation. Lorsque j'ai postulé pour ce boulot, je pensais vraiment pouvoir assister les élèves dans leur vie scolaire, faire de la surveillance certes, mais aussi les aider scolairement, ou simplement être une oreille pour eux s'ils en avaient besoin, avoir un peu un statut de "grande soeur". En réalité, on n'est que des gardiens de prison.
2) de volonté de créer un système scolaire de qualité en recrutant et formant un peu mieux les profs. Y en a toujours des bons et des passionnés, mais pas assez formés, et y en a aussi qui n'en ont rien à foutre et qui veulent simplement la paye à la fin du mois, faut être honnête, et le système de recrutement aujourd'hui est complètement absurde et inadapté !
la preuve avec cette prof qui confond chamaillerie et harcèlement, ça n'a juste rien à voir !
Pour ma part, lorsque j'étais pionne, j'avais repéré une gamine qui se faisait brimer par ses camarades, parce que trop rondes, avec des vêtements pas à la mode, pas jolie, etc... j'ai bien essayé d'alerter la vie sco, mais on m'a juste répondu qu'elle "pleurnichait tout le temps et se faisait remarquer"... °_° aucun recours quand tout le monde s'en fout. La seule chose que j'ai pu faire, c'est réprimander les autres enfants quand j'assistais à ce genre de scène... :/

le rôle d'un prof n'est pas de faire son cours et point ! c'est scandaleux d'envisager ce métier comme ça, ils tiennent l'avenir de gosses entre leurs mains, ils font de l'humain en prétendant n'avoir aucune relation humaine avec leurs élèves. Alors ouais, c'est dur, le métier de prof est dur, ça a des implications psychologiques et sociales, des responsabilités en tant qu'adulte encadrant des enfants, si on n'est pas près à les accepter et qu'on veut juste écrire des trucs au tableau et toucher son chèque, on devient prof de fac.

 

[Nihil]

Wow...Ce témoignage m'a vraiment touché.
J'ai été victime de harcèlement scolaire comme beaucoup de filles de prof/intellos. Mais ce n'est rien comparé à ce que je lis dans les commentaires ( quelques comportements brutaux et beaucoup d'insultes).
Ca a commencé au CE2 quand un gamin du collège juste à coté (on était à peine séparés par des barrières) a insulté ma mère. J'ai répondu et il m'a pris par les poignets et m'a frappé le dos. Il n'a rien eu, à part une engueulade. Ma mère était prof dans le même collège que moi plus tard mais n'a jamais trop réalisé la gravité de ce que je ressentais....

Bizarrement le harcèlement le plus important que j'ai subi venait ... d'un prof. Mon prof de maths de 4ème et 3ème, je m'en rappellerais toute ma vie. Je me suis faite humiliée en classe et punie tous les jours pendant 2 ans. Personne n'a jamais rien fait, ma mère trop gênée de dire quelque chose à son collègue, les autres profs pareils.

Ce genre de traitement laisse des séquelles sociales qui mettent des années à s'effacer... Maintenant quand j'entends mes amis raconter comment ils se moquaient des autres au collège, ça me fout dans une rage noire.

Je ne pense pas que ça soit quelque chose d'anodin. Sur il y a pire mais il y a toujours pire. Et c'est le devoir de l'école d'assurer le bien être physique et mental de ses élèves quand ils sont à l'école justement. Malheureusement les profs n'ont plus les moyens...ni la formation pour.

 

[Lily Chantilly]

Cette chère Madame Decouvaine, n’a vraisemblablement vécu ce type d’agressions répétées lorsqu’elle était étudiante, à moins qu’elle ne fût simplement l’agresseur ?
Je suis partiellement d’accord sur le fait que les professeurs ne sont pas présents pour faire régner la loi ou ne peuvent tout simplement pas remarquer par eux-mêmes ce genre d’horreurs (qui sont, il est vrai, subies souvent en toute discrétion)

Seulement, lorsqu’un enseignement en est informé, il ne peut décemment pas fermer les yeux, sous prétexte qu’il n’est « pas payé pour ça » !

J’ai moi-même subis beaucoup de brimades et violences lors de mes années au collège (je suis loin d’être la seule, hélas)...Intello et autres noms d’oiseaux puisque j’étais une enfant précoce.
Ces dernières ne m’ont guère endurcie.(c'est vrai qu'être menacée d'un cran d'arrêt sous la gorge à 12 ans ça donne confiance en soi et en la nature humaine! Youpi!)
Au contraire, après des années de silence, j’ai littéralement craqué à l’âge de 17 ans (alors que ma scolarité se passait très bien ainsi que mes relations avec les autres), me conduisant à des comportements auto-destructeurs, dont je me suis, heureusement, sortie aujourd’hui.


Finalement, lorsque j’ai parfois quelques bribes de nouvelles des nombreuses personnes qui ont pu me molester durant ces quatre années, je tiens en quelque sorte ma revanche.
J’ai effectivement la sensation d’avoir une existence beaucoup plus riche et intéressante qu’ils n’en auront jamais.
Cette curiosité et cette soif d’apprendre qui me caractérise ne me font plus honte aujourd’hui, puisque qu’elles sont finalement ma force!
Intello fière de l'être!

J’estime également que les parents ont un rôle très important à jouer dans ces violences. Ils ont le devoir d’apprendre à leur chère progéniture qu’il est interdit et immoral de maltraiter autrui, que cela est répréhensible par la loi.
Et cela se joue dès l'enfance!
Hélas, lorsque l’on voit la réaction de certains lorsqu’un professeur à le « culot » de les convoquer pour le comportement inapproprié de leur chérubin, on finit par penser que c’est peine perdue.

Le phénomène Ijime existe et existera encore, tant que les parents feront des crétins à leur image…

 

[Aysechoupinette]

Ah oui, le gouvernement se soucie vachement de ce qui se passe à l'école et de qui on y met pour y encadrer les élèves. D'ailleurs c'est pour ça qu'il a supprimé les IUFM et mis fin aux formations par stages des profs pour les jeter dans les écoles comme ça et compte encore effacer les traces de l'ancien système.

Mais c'est pas grave, il nous sensibilise sur le harcèlement à l'école avec des vidéos émouvantes.

Il n'y pas que les profs qui sont là pour faire la loi (d'ailleurs, ils ne peuvent pas faire grand chose), et ces "vidéos émouvantes", comme tu dis, visent à interpeller les gens sur la réalité des comportements brutaux des élèves entre eux (parfois, hein, c'est pas une généralité, mais ça existe et c'est en hausse) et appeler à la vigilance : faire attention aux élèves qui s'isolent et se taisent. Et ça, un prof peut le faire, (même sans formation pédagogique approndie. Et la suppression des IUFM est un autre débat), mais les parents aussi par exemple. C'est ça, que je voulais dire. Ce genre de cas appelle à la pitié de chaque être humain, pas son bagage universitaire.

 

[Aysechoupinette]

Shield : pour en finir avec cette conversation par commentaires interposés, je suis tout à fait d'accord avec ton opinion sur la politique du gouvernement. En clair, je déteste voir qu'ils sabotent l'éducation (mais aussi le domaine de la santé) dès qu'il s'agit de récupérer de l'argent quelque part. Après, concernant ces campagnes de pub, je fais partie de ceux qui savent que ça ne va pas faire grand concrètement, mais qui trouvent que c'est toujours mieux que rien. J'aime bien la manière "soft". Par exemple, j'aime bien aussi les campagnes pour la sécurité routière, je trouve qu'elles ont beaucoup de sens. En clair, je me comporte un peu parfois comme un bisounours mais j'assume. Cela dit, je comprends tout à fait ce que tu veux dire et tu as aussi raison sur le fait qu'une campagne de pub ne va pas changer grand chose.

 

[Irina-]

J'ai lu un article dans le monde qui parlait de cyber harcèlement entre élèves et pouvaient avoir des conséquences tragiques sur certains élèves. Beaucoup ont maintenant honte de ce qu'ils subissent à l'école et ne vont pas en parler et de là ça peut mener à une dépression, voire au suicide...
Puis les profs qui s'en fichent de ce qui arrivent à leurs élèves, je trouve ça inadmissible. Pour moi, un prof doit enseigner son cours et être là quand il y a des problèmes entre élèves.
J'ai subi le rejet de la part de mes camarades, beaucoup de moqueries d'eux et mêmes des parents voulaient me virer de l'établissement où j'étais... mais la directrice du primaire et ma maîtresse m'ont aidée à faire face et m'ont protégée pour que je puisse apprendre dans des bonnes conditions.
La preuve, j'ai sauté une classe pour me retrouver avec des enfants de mon âge et ça a été un peu mieux après.
Donc oui je suis choquée par cette politique et la non réaction de ces profs qui s'en fichent et trouvent ça "normal"...
Il faudrait au contraire un plus grand nombre d'effectifs de personnes qui peuvent soutenir ces élèves et arrivent à déceler les signes d'un harcèlement même si l'élève est terrifié et arriver à le mettre en confiance. Ce n'est pas que le rôle des parents de déceler ce qui se passe dans la classe ou l'école de leurs enfants, ils ne peuvent pas savoir si leur enfant ne leur en parle pas... C'est à l'école ou à cette personne qui le soutiendrait d'alerter ses parents pour réfléchir à comment stopper ces moqueries.
Non mais sérieux, où va le monde??

 

[LaFlo]

Trés franchement je n'ai pas eu le courage de lire tous les posts sur le sujet mais je tiens à dire qu'au collège (6m et 5m) j'ai été une vraie peste du genre a faire galérer la tête de turc de la classe avec mon groupe de copines ... j'en suis pas fière (on est parfois très con a cette époque et je regrette beaucoup ce que j'ai fais même si le regretter ne pardonne pas je sais) mais je voulais dire qu'on a emmerder cette pauvre fille 2 ans sans que personne n'en ait rien à faire ... On a peut être été convoqués deux fois en deux ans au bureau de la CPE mais c'est tout, c'est pour dire a quel point les profs et le personnel des collèges se moquent pas mal du harcèlement dans leurs établissement ..

 

[Alvira]

Cet article me parle beaucoup et je tiens à apporter un bout de mon témoignage.

Durant toute ma scolarité au collège, j'ai toujours été celle qu'on emmerdait. Chose qui ne m'a pas aidée, j'ai changé 2 fois de collège et en cours d'année. Milieu de 5ème et milieu de 4ème.

L'épisode du compas dont Jack Parker parler ici me rappelle un épisode de ma vie au collège qui m'a énormément marqué. En cours d'espagnol en 4e, on était mélangés en 2 classes. Et dès que la prof se retournait, des petits connards s'amusaient à me lancer leur compas dans le dos. Compas, tube de colle, gomme, crayon, classeur... je me prenais tout sur la tronche, sans rien dire. Au début, j'avais même essayé de rigoler, pour "m'intégrer" en fait. Mais non. Et la prof n'a jamais rien vu en 1 an. Alors que je me mettais toujours à chialer en plein cours. Pourtant, une colle ou un compas qui tombe par terre après avoir heurté un crâne, ça s'entend bordel.

Lorsque je suis arrivée dans mon nouveau collège en 4e (au mois de février - je tiens à préciser que ce changement de collège n'a pas de lien avec le fait qu'on m'emmerdait), là j'étais "La Nouvelle". La Nouvelle qui mangeait toute seule au self, dont tout le monde se moquait. Puis après de la nouvelle, je suis passée à la moche. Et c'est là que j'ai le + souffert.

Des sales petits cons de merde m'ont bousillé le pouillème de confiance que je pouvais avoir en moi en me traitant sans arrêt de "moche", "grosse", "E.T" (ouais l?extraterrestre), Alien, Sale gueule et j'en passe. J'étais hyper timide et les garçons je ne les approchais pas. J'ai eu le droit à "hey hey, mon pote il te kiffe !", et l'autre pote de répondre "batard t'as vu sa gueule ahahahahhah" et moi je passais ma route, en me mettant à pleurer.
Lorsque je devais aller chercher mon petit frère au centre aéré, j'ai même été jusqu'à faire un big demi-tour car il se trouve que le centre aéré se trouvait juste en face du club ado de ma ville. Et c'est là qu'il étaient tous et lorsque je passais devant, il s'écriaient "OH YA LA GROSSE" (pourtant à cette époque là je n'étais pas grosse). Et moi je traçait ma route, quitte à me prendre un poteau en pleine face.


Enfin bref je ne vais pas tout raconter non plus, ce serait trop long et chiant, mais juste pour dire que je suis également ultra choquée par les propos de cette nana et même si je suis heureuse d'avoir terminé cette période de ma vie que je qualifie être la pire, j'en garde pas mal de séquelles. Thérapie depuis plusieurs années car aucune confiance en moi, dépression ect...