Peut-être parce que dans la rue ce sont en immense majorité des hommes qui adressent la parole aux femmes (c'est loin d'être une "politesse" répartie à égalité envers les hommes comme les femmes), que beaucoup de "bonjour mademoiselle" sont très loin d'être désintéressés ("tu montes prendre un café?") ou ne visent pas à établir un contact / être poli mais à montrer que le mec en question t'as vu (le fameux "je te dis salut sans te regarder et en t'ayant dépasser" ), que ça s'accompagne très souvent de commentaires sur le physique / à caractère sexuel (entre "joli cul" et "tu suces?" mon cœur balance ) et que c'est souvent suivi d'insultes si tu ne réponds pas (la archi-célèbre "sale pute", mais j'aime bien aussi le "nan mais t'es moche de toute façon" après la non-réponse au 5ème "vous êtes charmante mademoiselle" de la journée )Jérémy, si j'ai bien compris, parlait de ce genre de politesse. Je ne vois pas en quoi ça peut-être du harcèlement.
Jérémy, il voudrait être poli, il pourrait faire une super chose pour ça: écouter les femmes parler de leurs expériences dans la rue. Comprendre que son "bonjour poli" (destiné aux hommes comme aux femmes de tout âge bien sûr...), il arrive sûrement au milieu / après une énième remarque du jour / de la semaine de la part d'inconnus sur son physique / une énième insulte / un énième "contact" (envers une jeune femme) qui vise plus à marquer sa présence d'homme dans l'espace que de saluer poliment. Le harcèlement né de la répétition.
Du coup quand bien même le fameux Jérémy ce serait la 1ère fois en 4 ans qu'il ose dire bonjour poliment à quelqu'un dans la rue, s'il trouve que le sexisme c'est mal, que le harcèlement de rue c'est mal, que le harcèlement à caractère sexuel c'est mal, et bien il pourrait commencer à prendre en compte la parole des personnes qui en sont principalement victimes, au lieu de s'épancher en "moi je moi je" . Comme dans plein de sujets touchant le sexisme, on en vient toujours au fait que "oh la la ça restreint ma liberté, moi, homme qui suis gentil, pas comme les méchants sexistes harceleurs": ben oui, pour lutter contre le sexisme / faire de la rue un espace un peu plus safe pour les femmes, ça implique de s'assoir sur quelques unes de ses "libertés".
Le sexisme, oh la la, c'est pas cool, faut que ça disparaisse bla bla, mais par contre quand faut soi-même renoncer à des trucs pour contribuer, ne serait-ce qu'un peu, à essayer d'y mettre fin (en l’occurrence, le fait de dire "poliment bonjour" à des jeunes femmes n'ayant pas l'air de chercher le contact dans la rue, pas forcément la mer à boire si on compare avec le fait de se faire harceler quotidiennement ), bizarrement là y'a moins de monde, et les personnes en question préfèrent s'indigner de la "restriction de leur liberté" que de combattre celle qui ne les touche pas (le fait de pouvoir librement évoluer dans l'espace public sans se faire harcelée). Sympa les priorités.
Alors oui dans les petits villages on dit souvent bonjour, etc, mais c'est pas le sujet en fait.
Jérémy, dans un endroit où tout le monde se dit bonjour (qu'importe le genre, l'âge, etc) il peut continuer à le faire. Mais dans les grandes villes, où le harcèlement de rue est très fréquent, il peut aussi se décentrer de sa petite personne, ouvrir les yeux sur la réalité du harcèlement de rue et choisir de quelle côté côté il souhaite se placer (du côté des victimes / des harceleurs / de ceux qui ne harcèlent pas mais en ont rien à foutre des victimes de harcèlement sexiste).
Désolé, mon message est un peu sec, mais ayant entendu aujourd'hui deux fois "mademoiselle" (en m'ayant dépasser, sans même me regarder), une fois "pute" et un sifflement de chien à mon égard (de 5 hommes différents donc) en étant sorti 4 fois de chez moi pour faire à chaque fois un trajet de 4 minutes à pied, Jérémy, il est bien gentil, mais il me fatigue un peu à vouloir absolument que ses sentiments à lui d'homme se vivant comme restreint dans ses "libertés" comptent plus que ceux des victimes de harcèlement de rue.