tari-elensar;2266585 a dit :Je veux rajouter au post de Harleen que tout le monde veut l'égalité des sexes à tout bout de champ. On oublie trop souvent quand même qu'un homme et une femme, ce n'est pas la même chose, qu'il y a des avantages pour chaque sexe, différents mais existants, et des désavantages également.
Seulement, comme pour tout, l'herbe est plus verte chez le voisin, hein.
Je n'aimerais pas qu'on m'impose de voir des seins à l'air dans la rue. Franchement, c'est une chose à me dégouter de sortir me balader.
Et encore plus si je dois aller promener mon neveu...
Tu vois le corps d'un homme ainsi que celui d'une femme de la façon que tu veux. C'est ce genre d'articles qui te font penser que tu vois ton corps comme quelque chose d'aliénant (le monde vivait bien mieux sans la presse je crois), un peu genre lavage de cerveau à force de le lire absolument partout. Je ne vois pas en quoi le corps d'un homme ne fait pas l'objet de tabous, encore moins de fantasmes, et aucun fantasme n'est aliénant tant que tu sais te détacher du regard des autres. Là, c'est un problème de société, de personnes incapable de vivre pour soi, dans une ère où tout le monde veut être le mieux vu possible, où l'épanouissement est considéré comme synonyme d'intégration sociale maximale, quitte à oublier les autres valeurs.
Se réapproprier notre corps ? Mon corps va très bien, c'est mon corps, j'en fais ce que je veux, personne ne me dicte si je dois m'épiler et où, et je n'ai pas besoin de m'exhiber pour ça.
Des phrases comme "se réapproprier son corps", qu'on lit dans psychomagazine, ou dans les magazines genre biba, cosmo, etc (je cite les plus populaires) ne veulent strictement rien dire sur ce plan là. Je vais peut-être sembler un peu dure à certaines, mais s'il y a besoin de s'exhiber pour se sentir bien, pour être épanouie, pour pouvoir se dire que c'est notre corps et pas celui d'un autre, pour moi il faut se poser des questions par rapport à la façon dont on considère/juge notre corps.
Et même j'ai envie de dire, pour aller plus loin, que céder à la mode de l'exhibitionnisme (ne nous leurrons pas, c'est vraiment devenu une mode, même si ça a toujours existé), c'est céder à un nouveau diktat, un nouveau code... Dans l'idée, c'est soit tu t'exhibe, soit t'as honte de ton corps.
Alors déjà, merci pour la comparaison avec Psycho magazine, franchement je n’en attendais pas tant !
Enfin, je te rassure, ça n’est pas dans la salle d’attente de mon dentiste que me viennent mes idées sur ce sujet.
Je trouve celle avec Cosmo et Biba particulièrement abusive. On a vu plus émancipateur que leurs injonctions à être toujours plus jeune, belle, mince et lisse, à grands coups d’articles lénifiants et d’images photoshopées.
Oui, « tout le monde » veut l’égalité des sexes. Tu n’es pas contente d’avoir le droit de vote, de pouvoir travailler, avoir une voiture, porter des pantalons, gérer ton compte en banque comme tu l’entends ? Tu peux justifier quasiment toutes les injustices et atrocités avec des arguments du type « les hommes et les femmes sont différents blablabla ».
L’égalité des sexes ne veut pas dire effacer les différences entre hommes et femmes. Ca veut dire pouvoir vivre avec ces différences sans qu’elles soient des facteurs de discrimination ou qu’elles permettent à un sexe de prendre de l’ascendant sur l’autre.
En l’occurrence, on se demande pourquoi il est plus facile pour un mec de se mettre torse nu dans certaines circonstances sans que ça ne choque personne, alors qu’une fille sera immédiatement taxée d’exhibitionniste, et que certains se croiront en droit de la reluquer ou de la tripoter? Il est en revanche évident que personne ici ne réclame le droit à se balader toute nue dans la rue en permanence ! La société est régie par des codes, et heureusement ! Il me semble néanmoins pertinent de nous demander pourquoi certains codes s’appliquent à une moitié de la société et pas à l’autre ?
A ce genre de question, je refuse la réponse « parce que c’est comme ça » (voire les raisons que j’expose plus haut). Ce que je pense sur le sujet, c’est que les femmes sont prisonnières des fantasmes et tabous qui sont projetés sur leur corps. Et il ne s’agit pas que de nudité. Une femme ne pète pas, ne chie pas, ne rote pas, n’est pas poilue, sent bon de partout, doit rester jeune et séduisante parce que sinon elle est bonne pour la casse.
Je ne fais pas l’apologie de la vulgarité, mais je voudrais simplement être perçue comme une humaine avant d’être perçue comme une femme avec tout ce que ça implique d’injonctions et de contraintes en tout genre.
Tu as réussi à prendre du recul par rapport à tout ça ? Tant mieux pour toi ! C’est très loin d’être le cas de tout le monde.
Bien sûr, personne ne nous met le couteau sous la gorge pour qu’on se conforme à ces modèles de féminité. C’est beaucoup plus insidieux que ça, ça passe par les magazines cités plus haut, par le fait qu’une femme sera avant tout jugée sur sa faculté à séduire, avant de l’être sur ses compétences ou sa moralité.
Un exemple très simple : quand on parle d’une femme, on la décrira surtout à travers ses traits physiques. Quand une prof impopulaire est critiquée, elle sera immanquablement traitée de laideron mal fagoté et de mal baisée, alors que s’agissant d’un homme, on s’attaquera avant tout à ses connaissances ou à ses compétences.
Il n’y a qu’à voir la différence de traitement entre DSK et Nadine Morano aussi. J’ai lu beaucoup de réactions sur divers forums internet concernant les deux affaires. Aucune attaque sur le physique de DSK, alors que Morano a été taxée de morue, de mocheté etc.
Et ça n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, qui prouve à quel point nous sommes tous et toutes conditionné(e)s par ces carcans.
D’où l’idée d’en faire voler quelques-uns en éclats, en désacralisant le corps de la femme, en le montrant tel qu’il est, pour le « dénuer » de sa dimension reproductive ou séductrice. Nous ne sommes ni des putains ni des madones, nous sommes des êtres humains dans toute leur complexité et leur simplicité en même temps.