Pour ma part, ce qui me dérange dans ce témoignage, c'est quand il dit qu'il se sent "humilié" quand les gens de son entourage se marient, ont des enfants, etc. J'ai 30 ans, je suis célibataire sans enfant et je rêve de fonder une famille mais quand mes amis emménagent ensemble, se marient, ont des enfants, je ne me sens pas humiliée mais heureuse pour eux!!!
Je sais que le dernier post remonte à très longtemps, donc désolée pour le up tardif, mais c'est juste pour dire qu'on peut se sentir les deux à la fois.
Bien sûr qu'on est heureuse pour des proches quand un bonheur arrive. Seulement en même temps, ça nous renvoie à notre propre situation, comme un miroir, et ça nous rend triste.
C'est ce que j'appelle la souffrance-miroir. Et c'est très humain et très compréhensible d'être à la fois heureuse pour quelqu'un qui a réussi quelque chose et qu'en même temps ça nous fasse mal par souffrance-miroir en regardant notre propre situation.
Je pense qu'il n'arrive pas à "valider" les étapes dont il parle parce qu'il lui manque la toute première: être à l'aise avec soi-même. De toute façon il est impensable de vouloir entretenir une relation saine si on ne s'aime pas soi-même.
Et pourtant, il existe de nombreux cas où des personnes ne s'aimant pas ont quand-même eu des relations et ont remonté la pente, notamment grâce à des gens qui les ont aimé/e/s et aidé/e/s à se persuader qu'elles pouvaient être aimées, et que grâce à ça, c'était plus facile pour elleux de s'aimer soi-même ensuite.
Et l'amour d'une personne, ça booste énormément, même (surtout?) quand on s'aime pas! Et je vous jure que la personne qui s'aime pas, avec la bonne personne qui l'aime et lui montre qu'elle peut être aimée, et bien elle va s'aimer; pas forcément à fond, mais elle se retrouvera dans une meilleure situation qu'auparavant, et surtout, très important, elle ne pourra plus dire "personne ne m'aime" car quelqu'un lui aura prouvé par A+B que c'est faux. Et ça peut changer beaucoup de choses chez quelqu'un.
Je pense notamment dans certaines situations où certaines personnes ont impérativement besoin d'aide extérieure pour leur prouver qu'elles ont plus de valeur que ce qu'elles pensent, car elles n'ont pas assez de forces pour juste aller mieux par elles-mêmes. Quand une personne ne pense que du négatif à son propos (par exemple quand tant de gens - parents parfois y compris - auront traité la personne comme de la m***, ou bien à cause de traumatismes), comment voulez-vous que la personne aille mieux, si personne d'autre n'est là pour lui dire/prouver autre chose? Je pense notamment aux enfants maltraités qui n'auront pas eu l'amour de leurs parents et qui s'ils veulent s'en sortir, sont bien obligés de trouver une source d'amour depuis l'extérieur pour enfin s'auto-alimenter un peu soi-même.
Je pense qu'en se qui concerne l'estime de soi, certaines personnes oublient très vite la chance d'avoir eu des parents aimants et trouvent ça tellement "normal" qu'ils en oublient que c'est une chance et que c'est bien de là entre autres que vient leur bonne estime de soi. Car je reste persuadée que l'estime de soi, au tout départ, vient toujours de l'extérieur, que ce soit des parents ou de quelqu'un d'autre, et que c'est ça qui nous alimente et nous permet de tourner en autonomie affective ensuite. Et que si cet amour n'est pas donné par les parents, il faut bien qu'il soit donné par une autre source extérieure, car de toute façon, une personne qui ne connaît que du négatif sur elle/lui n'aura jamais l'idée de puiser en elle/lui ce qu'elle/il ne connaît pas - d'où l'absolue nécessité dans certains cas que la source d'amour soit extérieure afin justement de lui montrer que non, elle n'est pas que négativité mais aussi autre chose de bien plus positif, ce qui va permettre à la personne de devenir davantage indépendante affectivement en intégrant cette nouvelle idée positive.
Comme pour une voiture : on peut pas demander à une voiture de rouler et d'être autonome si au tout début elle n'a pas d'essence : et d'où vient l'essence? de l'extérieur.
Alors ça ne veut évidemment pas dire que la personne concernée ne doit fournir aucun effort : bien entendu que si; mais les proches, ainsi que le psy, ont énormément à apporter à l'intéressé/e également de leur côté.
J'entends souvent aussi "comment voulez vous qu'une personne donne à quelqu'un une chose qu'elle ne peut pas se donner à elle-même"?
Le truc c'est qu'aimer quelqu’un et s'aimer soi-même, ce sont deux choses certes liées, mais différentes.
Et ne pas s'aimer n'empêchera en aucun cas d'aimer quelqu'un d'autre (et des cas comme ça, il y en a beaucoup). Donc je pense qu'il faut se méfier des phrases toutes faites. Être à l'aise avec soi-même rend les choses plus faciles, c'est un fait. Par contre, pour l'avoir vécu moi-même et pour l'avoir également vu autour de moi, ce n'est en rien une condition obligatoire pour avoir une relation saine. Il faut juste éviter de tomber dans certains pièges (mais ça c'est pareil que les couples "standards").
Oui, c'est plus difficile d'avoir une relation avec quelqu'un qui ne s'aime pas qu'avec quelqu'un qui s'aime, car ça demande plus de temps, de communication et de patience. Et tout le monde n'a pas forcément les épaules pour gérer ce genre de relation. Et puis quelqu'un qui sourit pas attire moins que quelqu’un qui sourit.
Mais dire que quelqu'un qui ne s'aime pas ne peut pas aimer les autres ou envisager une relation saine avec un/e autre, c'est pour moi inexact, comme le montrent tous ces cas où justement des gens qui ne s'aimaient pas ont remonté la pente grâce à l'amour d'un/e autre. Et l'amour d'une autre personne peut être un moteur extrêmement puissant (je sais de quoi je parle). Et heureusement, car si quelqu'un ne s'aime pas, l'amour de soi ne va pas naître non plus de rien, il faudra bien qu'il vienne de quelque part. Et heureusement qu'il y aura des personnes pour le leur prouver et qui leur tendent la main. Je pense par exemple aux victimes de viol qui ont un amour de soi en-dessous de zéro et qui pourtant, grâce à certaines personnes, peuvent remonter la pente grâce à leur amour (et leur patience, au vu des nombreuses barrières à franchir à cause de leurs traumatismes).
En général, ne pas s'aimer soi-même crée deux gros problèmes :
1) la dépendance affective, et conséquences : le fait d'avoir l'impression que le monde s'écroule en cas de rupture, ou encore que le fait de ne pas s'occuper de nous-mêmes et de ne vivre uniquement qu'à travers l'autre amène (parfois - pas toujours) sans même qu'on s'en rende compte à un désamour progressif de l'autre parce que le fait de ne pas s'être occupée de nous-mêmes nous aura rattrapée et qu'on aura ce besoin à combler et qui attend depuis le début sans qu'on s'en soit aperçue, caché par le besoin d'amour et de reconnaissance que nous apporte l'autre, qui même s'il est très important, n'est pas suffisant si on ne s'en sert pas correctement, c'est à dire si on ne se sert pas de ce que l'autre nous apporte pour apprendre à prendre du temps pour soi-même et exister au moins un peu pour soi-même et non exclusivement à travers l'autre.
2) le fait qu'être trop centrée sur ses propres problèmes puisse nous empêcher d'exprimer des marques d'amour envers l'autre, et si l'un nous montre son amour et qu'on est incapable de lui rendre la pareille car on est trop centrée sur nos problèmes, l'autre va s'épuiser. Dans cet état, en effet, on ne sera pas forcément prêt/e à accueillir l'amour de l'autre, et ça nécessitera un travail sur soi, de la part d'un psy, mais les autres, amoureux ou proches, peuvent très bien aider à leur manière également, leur apport est tout aussi important et il ne faut pas se dire "je suis pas psy donc je m'en fous". Non, toute relation humaine est thérapeutique à sa manière; alors c'est sûr qu'un proche ne pourra pas agir comme un psy, par contre il pourra agir sur des points sur lesquels un psy ne pourra pas agir (ne serait-ce que parce qu'un proche aura une relation plus intime qu'avec un psy et que les apports de la relation seront par conséquent différents). Un psy n'est pas un magicien, et par conséquent ça ne doit pas dédouaner les proches d'apporter à la personne ces choses que justement un psy ne pourra pas lui apporter.
Mais si on a conscience que ces problèmes peuvent survenir et qu'on s'y prépare, qu'on se vire de la tête les contes de fées stéréotypés ou les étapes stéréotypées (parents/mariage/maison...) et qu'on réalise que la relation doit se faire petit à petit sans se presser forcément, si on fait des efforts pour prendre du temps juste pour soi, même un petit peu, même si on trouve ça inutile et qu'on a trop envie de vivre juste pour et à travers l'autre, si on fait des efforts pour pas être trop collant/e et en demande (même si dans certaines situations on peut comprendre que quelqu'un ait une très grande soif de tendresse si iel en a beaucoup trop peu reçu dans sa vie - et dans ce cas on peut essayer de trouver un compromis), qu'on est dans la communication permanente et dans le compromis, alors oui, on peut tout à fait vivre une relation saine même avec quelqu'un qui ne s'aime pas.
Ca prend (beaucoup) plus de temps et d'énergie, ça sera pas toujours facile (mais même dans un couple "normal"/"paisible" c'est pas toujours facile), mais c'est tout à fait possible. Et heureusement.
Et puis au fond, qui s'aime vraiment totalement? On a toutes/tous nos complexes et je pense que c'est plus une histoire de degré qu'un système binaire "je m'aime (sous-entendu 100%) / je m'aime pas (sous-entendu 0%)".
Et je pense que même celleux qui disent ne pas s'aimer s'aiment forcément un minimum au moins sur certains aspects mais qu'ils ne peuvent pas (ou ne veulent pas) le voir. Donc ce genre d'assertion, "s'aimer d'abord soi-même pour aimer les autres", je m'en méfie vraiment comme la peste, car c'est à la fois très culpabilisateur, et inexact (car la nature humaine est à mes yeux plus complexe que cette simple phrase).