Cet article m'a tellement outrée que j'ai laissé tomber mon credo qui est de lire l'intégralité des commentaires avant de moi-même participer à la conversation.
Edit : je me rends compte que je suis sûrement plus agressive que d'habitude dans ce message, mais je ne veux pas le supprimer pour autant. Tant que je verrai mes ami(e)s artistes se battre sans profiter de ce qui pourrait être une facilité, en utilisant leurs droits en toute conscience et pour avancer, je ne pourrai recevoir les arguments présents dans cet article.
Fin de l'edit.
Tout en n'étant pas d'accord avec ce témoignage et le choix de cette jeune fille, certain(e)s la trouvent quand même courageuse. Et bien moi qui suis pourtant habituellement très ouverte et peu reconnaître le courage, je n'en vois aucun ici. Je me demande même comment quelqu'un peut proner et revendiquer ce choix de vie.
Que je m'explique. Non, bénéficier du RSA n'est pas une tare. Je suis en attente de réponse pour les mois de carences qui se posent entre mes différents contrats dans la structure où je bosse. Non, décider d'en profiter UN TEMPS n'est pas un drame en soi, afin de mettre sur pied des projets.
Mais là, c'est se foutre de la gu**le du monde.
" je refuse d’entrer dans un système qui ne me ressemble pas, qui me semble tout à fait affreux", mais bon Dieu, bénéficier du RSA, faire la démarche d'aller à Pôle Emploi pour s'inscrire, c'est faire partie du système. Revendiquer le fait de ne pas travailler pour y avoir droit, c'est en profiter, et ouais, moi ça me casse le c*l de me bouger les fesses pour cotiser pour une personne qui se déclame artiste et qui a pas l'air d'être au courant qu'il y a des statuts pour se revendiquer comme tel en tant que professionnel, tout en participant à l'effort collectif. Si on ne veut pas faire partie du système, on fait pas la demande pour le RSA, et on part vivre dans une ferme cultiver ses légumes et faire du troc pour s'auto-gérer, de manière noble et réfléchie ! Voici un témoignage dangereux juste bon à donner de l'eau au moulin pour tous les détracteurs des aides sociales, qui sont pourtant nécessaires, MERCI BEAUCOUP !
"Ma seule angoisse soit que cette aide disparaisse et que mon art ne marche pas, alors je me retrouverais à la rue" Désolée de te faire descendre de ton nuage, mais effectivement, tu n'auras pas droit à cette aide éternellement. C'est ce qu'on appelle être en fin de droits. Donc si tu ne retravailles pas entre temps, adieu la jolie cagnotte.
"Je n’aimais plus qu’on me vole du temps, ni de devoir être forcée à faire quoique ce soit. Pas pour moi les réveils à 6h, les heures fixes, les faux sourires, jour après jour, pour simplement avoir accès à un confort qui n’était, déjà, pour moi, pas un but…" Est-ce que cela t'est venu à l'esprit qu'accepter de travailler, ce n'est pas forcément accepter de se plier à une hiérarchie, que cela pouvait être un plaisir pour certains, et que ton article était condescendant dans son ton pour ces personnes ?! Je suis une feignasse, je rechigne pour me bouger les fesses, mais j'aime désespérément mon travail, bien qu'il ne soit pas parfait, qu'il soit précaire, et que c'est mon premier emploi. Pourquoi ? Parce que je me suis formée dans la culture, que j'ai la chance d'exercer dans une structure culturelle, prestigieuse de surcroit, alors que je sors de la fac. Et je suis bien contente de ça. Et figure-toi qu'on n'a pas besoin d'être artiste pour être satisfait de son emploi, puisque lorsque je travaillais comme caissière en librairie, c'est le sourire aux lèvres que je partais travailler, car je savais que j'allais rencontrer des gens, bosser en équipe, sortir de chez moi, m'enrichir, d'une manière ou d'une autre (et pas pécuniairement parlant).
Pour finir, ce qui m'a sûrement le plus exaspérée ici, c'est cette manière de définir ton "ART", et la manière condescendante de traiter les photographes qui font du reportage, comme s'ils n'étaient pas des artistes.
"Aujourd’hui, je suis photographe auteur – j’ajoute « auteur », sans aimer trop ce terme, pour différencier ce que je fais avec ceux qui travaillent en studio, qui font les mariages, les concerts, etc. Je mets en scène des modèles, ou moi-même, dans de petites scénographies qui exposent mes idées, mes angoisses, mes visions… Je ne suis pas payée, je ne touche d’argent que si je vends des tirages quand (et surtout si) je fais des expositions."
Si tu t'étais renseignée 5 mn dans ton grand temps libre, tu saurais que ces photographes que tu as l'air de mépriser comme étant des tacherons sans créativité, sont en fait des artistes, d'une manière ou d'une autre. Ce sont des auteurs, leurs productions sont soumis elles-aussi aux droits d'auteur et d'originalité. Ma meilleure amie est photographe professionnelle, spécialisée dans l'architecture et la photographie de concerts. Tiens, elle est artiste également. Sauf qu'en tant que photographe pro, on ne bénéficie pas du statut d' "artiste", on ne dépend pas de la "Maison des Artistes", si on ne multiplie pas sa pratique (hello le statut bâtard de photographe). Pourtant chacune de ses prises de vue est un travail méticuleusement étudié, et une oeuvre d'art. Alors oui, elle ne prend pas en photo ses copines ou des modèles en photos dans des poses tourmentées, mais elle (et ses collègues) se sont battue(s), parfois sans aides financières (ce qui est assez courant), pour exercer leur passion et leur métier, et je prends ça comme une insulte vis à vis d'eux cette manière d'envisager une hiérarchie dans le difficile art de la photographie.
C'est rare que je sois aussi énervée par un témoignage (il en faut des comme ça aussi bien sûr), et désolée si j'ai pas été très claire partout