J'ai été la « première fois » d'un mec de 27 ans

[Membre supprimé 332225]

@PetitePaille Certes mais ce n'est pas la première fois que je lis un témoignage comme ça, ici même. Alors que c'est également sur ce média que j'ai découvert des concepts comme le fossé orgasmique au sein des couples hétéros, ainsi que le compte @T'asjoui de Dorat Moutot qui recueille de nombreux témoignages de femmes affligées par l'égoïsme de leur partenaire.
Ici on ne parle pas d'égoïsme car c'est la première fois et il semble prévenant, mais même lors d'une première fois rien n'empêche de sensibiliser un homme à la réciprocité, indépendamment des goûts des unes et des autres.
@Nine-V La sexualité mainstream a fait beaucoup, beaucoup de mal au plaisir féminin. Pas uniquement, mais elle est vectrice de représentations biaisées et potentiellement d'abus (fellations et sodomies imposées, négligence des patriques non-phallocentrées, appauvrissement de l'imagination et du désir...). Il faudrait peut-être changer de modèle. Un homme vierge peut le comprendre, surtout à 27 ans (damn !)

 

[Belllinda]

@Sophie L Je ne suis pas d'accord concernant la réciprocité. Selon moi, seul le consentement importe et il y a un problème dès lors qu'un des deux amants se sent dans l'obligation de réaliser une pratique sexuelle. La réciprocité signifie que chacun est en quelque sorte l'obligé de l'autre et je trouve ça problématique.

Un homme n'est pas dans l'obligation de pratiquer le sexe oral, même quand sa partenaire lui a prodigué une fellation. De même, une femme n'est pas dans l'obligation de pratiquer le sexe oral, même quand son partenaire lui a prodigué un cunnilingus.

Si une personne est mécontente des relations sexuelles avec son partenaire, elle peut le lui signifier et ouvrir le dialogue, elle peut aussi mettre fin à la relation ou cesser de pratiquer le sexe oral.

Tu écris:

Quand j'ai lu que le garçon en question s'appliquait à faire jouir sa partenaire avec la MAIN, j'ai eu envie de gueuler "Mais petit joueur ! Petit planqué ! Vas-y avec la bouche, rends-lui la politesse !"... Déception.

Il n'y a pas à "rendre la politesse"; et s'il n'en a pas envie, il n'a pas à le faire, tout simplement. Libre à celle qui témoigne d'en discuter avec lui ou même d'interrompre la relation sexuelle. Je trouve ça étonnant de lire ici une injonction à une pratique sexuelle.

 

[PetitePaille]

@Sophie L

Oui mais encore une fois on en sait rien.
Peut être qu’il est pas sensibilisé au plaisir féminin ou peut être :
- qu’il n’aime pas
- qu’il est pas à l’aise avec ça
- qu’elle n’aime pas ca
- que pendant ce rapport l’occasion n’a pas été la.

La réciprocité ce n’est pas juste donner une cunni à qqn qui a fait une fellation ou inversement. La réciprocité c’est surtout faire en sorte d’être attentif au plaisir de l’autre en général. Donc imaginons que le mec aime pas les cunni, il peut très bien faire plaisir à sa partenaire autrement.
Puis en dehors de ça, on ne peut pas juger de la réciprocité sur un seul rapport, c’est pas gênant que l’un donne plus que l’autre de temps en temps selon les envies. Si en moyenne tout le monde est satisfait je vois pas où est le problème.

 

[Margay]

Pour ma part, j'ai commencé le sexe oral quelques semaines après ma première fois alors que mon mec me faisait déjà des cunis parce qu'il était effectivement plus expérimenté

 

[sailor_ziggy]

Je trouve ça un peu dingue de lire qu’une pratique sexuelle en particulier est une preuve de « care » et de courtoisie (??). Je sais que ces 2 pratiques ne sont pas du tout connotées de la même façon, mais je me suis dit que si je lisais ce genre de remarques vis-à-vis d’une meuf qui n’a pas fait de fellation (à sa première fois en plus !), je serais en rogne. Là je le suis moins, mais quand même. Une preuve de « care » c’est pour moi l’ensemble des pratiques expérimentées pendant l’acte, le fait d’être doux.ce, attentif.ve, prévenant.e et de faire gaffe au consentement et au plaisir de l’autre. Le seul gars qui m’a fait un cunni la première fois est

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. Sans parler de toutes les raisons évoquées plus haut, je suis aussi un exemple de fille que les doigts font « mieux » jouir que la langue. Il y a peut-être une explication historique derrière ça (les hommes le pratiquent peu donc le font comme des manches, les meufs peuvent avoir du mal à lâcher prise pendant un cunni parce qu’on a l’impression de recevoir une faveur exceptionnelle, parce qu’il y a des complexes ou que sais-je), mais que diable la sexualité « classique » est déjà embourbée dans trop d’injonctions contradictoires. Jouir et faire jouir, ça me semble être tout ce qu’il y a à savoir (et je ne parle pas nécessairement d’orgasme, mais de plaisir en général)

 

[Nine-V]

Pour rebondir sur ce que dit @sailor_ziggy : le "care" peut prendre des formes tellement variées! Personnellement (je sais, je ramène un peu tout à moi mais dans le cadre de la sexualité, c'est moi que je connais le mieux ), je préfère que mon partenaire me douche, me savonne, me lave et peigne les cheveux après une partie de sexe intense, que de me faire un cunni... Alors certes, je n'ai pas d'orgasme quand on me lave les cheveux (quoique...) mais j'ai clairement plus de plaisir et je me sens plus valorisée, prise en compte, cocoonnée qu'avec des coups de langue inutiles (pour moi!)
Après, je suis tout de même d'accord avec toi @Sophie L sur le fait que le sexe mainstream, celui véhiculé par le porno et par pas mal de magazines dits "féminins" a fait beaucoup de mal à la prise en compte du plaisir féminin et à la diversité des plaisirs en général. Et oui, un homme de 27 ans peut le comprendre. Mais de là à l'appliquer à la lettre et dans les règles de l'art dès sa première fois, il y a un sacré fossé! Peut-être que dans les jours/semaines/mois qui ont suivi ce témoignage, le ptit monsieur est devenu une machine à cunni ultra performante C'est juste que ce n'était pas l'objet de ce témoignage précis, à ce moment donné.

 

[Membre supprimé 332225]

@Sophie L Je ne suis pas d'accord concernant la réciprocité. Selon moi, seul le consentement importe et il y a un problème dès lors qu'un des deux amants se sent dans l'obligation de réaliser une pratique sexuelle. La réciprocité signifie que chacun est en quelque sorte l'obligé de l'autre et je trouve ça problématique.

Un homme n'est pas dans l'obligation de pratiquer le sexe oral, même quand sa partenaire lui a prodigué une fellation. De même, une femme n'est pas dans l'obligation de pratiquer le sexe oral, même quand son partenaire lui a prodigué un cunnilingus.

Si une personne est mécontente des relations sexuelles avec son partenaire, elle peut le lui signifier et ouvrir le dialogue, elle peut aussi mettre fin à la relation ou cesser de pratiquer le sexe oral.

Tu écris:

Il n'y a pas à "rendre la politesse"; et s'il n'en a pas envie, il n'a pas à le faire, tout simplement. Libre à celle qui témoigne d'en discuter avec lui ou même d'interrompre la relation sexuelle. Je trouve ça étonnant de lire ici une injonction à une pratique sexuelle.

Je suis d'accord avec toi sur le principe, mais je place cette expérience dans le contexte actuel. Les femmes ne sont pas les égales des hommes face au plaisir dans les relations hétéros, et reçoivent moins de sexe oral qu'eux quand on regarde la population hétéro dans son ensemble.
C'est ça qui me choque.
Cette disparité me semble violente, injuste et inacceptable. À situation violente, réaction (écrite) violente, en ce qui me concerne.

 

[Membre supprimé 332225]

@Sophie L

Oui mais encore une fois on en sait rien.
Peut être qu’il est pas sensibilisé au plaisir féminin ou peut être :
- qu’il n’aime pas
- qu’il est pas à l’aise avec ça
- qu’elle n’aime pas ca
- que pendant ce rapport l’occasion n’a pas été la.

La réciprocité ce n’est pas juste donner une cunni à qqn qui a fait une fellation ou inversement. La réciprocité c’est surtout faire en sorte d’être attentif au plaisir de l’autre en général. Donc imaginons que le mec aime pas les cunni, il peut très bien faire plaisir à sa partenaire autrement.
Puis en dehors de ça, on ne peut pas juger de la réciprocité sur un seul rapport, c’est pas gênant que l’un donne plus que l’autre de temps en temps selon les envies. Si en moyenne tout le monde est satisfait je vois pas où est le problème.

C'est vrai, sur un seul rapport on ne peut pas juger.
Mais ce n'est pas la première fois que je lis un témoignage dans lequel une pratique est privilégiée par rapport à sa pratique analogue (et ce sont toujours ces deux pratiques).
On peut également se demander comment il peut ne pas aimer le cunni, vu qu'il n'en a jamais fait, et pourquoi elle elle serait mal à l'aise avec le cunni alors que lui est visiblement très à l'aise avec l'idée d'une pipe. Ça me rappelle... le schéma de la sexualité hétéro lambda, dans toute sa splendeur.

Pour le reste de ton message, j'ai répondu précédemment (passage sur la réciprocité).

 

[Membre supprimé 332225]

@sailor_ziggy Ben... tu l'as dit toi-même, ces deux pratiques ne sont pas connotées de la même façon.
Et jamais je n'aurais écrit ces lignes à propos d'une femme qui ne fait pas de fellation lors de sa première fois, tout simplement parce-que les femmes représentent encore actuellement le groupe dominé par rapport au groupe dominant des hommes, parce-que ce sont elles qui jouissent le moins des relations hétérosexuelles et parce-que ce sont elles qui subissent le plus de viols et d'agressions sexuelles.

Dans un tel contexte, oui, pour moi recevoir un cunni s'apparente à du care, à prendre soin de sa partenaire en plus de la mener au plaisir.
Bien sûr que des femmes n'aiment pas cette pratique ou en préfèrent d'autres, mais ce n'est pas une raison pour la faire passer à la trappe.

 

[Clèves]

Mais je crois pas que le problème soit que vous, individuellement, aimiez ou pas faire/recevoir des cunni Le problème, c'est qu'à l'échelle de la société, la réciproque ne va pas toujours de soi, au point qu'il y a une majorité bien plus écrasante d'hommes qui ne pratiquent pas le sexe oral sur leur compagne que l'inverse. La fellation est vue quasiment comme un dû dans une relation hétérosexuelle, alors que l'inverse n'est pas du tout vrai. Ce n'est pas une question de dire que les hommes devraient se forcer à prodiguer des plaisirs buccaux à leur compagne. Ou qu'en tant que femmes on est forcées d'aimer ça pour avoir notre carte de membre au club des libérées sexuellement. Mais plutôt de se demander, à l'échelle de la société, ce qui fait qu'en tant que femmes, on nous met très vite dans la tête qu'on va devoir tailler des pipes, et bien, pour être considérées comme des bons coups, alors que les hommes peuvent se permettre d'avoir une vie sexuelle parfois très active sans jamais avoir cette obligation qui pèse au-dessus de leur tête. On ne va pas aller espionner les gens pour vérifier qui fait quoi au lit, ça n'aurait pas de sens, mais au niveau sociétal, par contre, il est totalement légitime de se poser ces questions.

C'est pourquoi avancer des arguments du type "il suffit d'en parler et/ou de mettre fin au rapport" me paraît totalement hors sol. S'il suffisait de s'assoir avec une bonne tasse de thé pour mettre fin aux déséquilibres genrés inhérents au couple hétéro, ça se saurait. C'est comme la question des tâches ménagères et de la charge mentale : c'est sociétal, ça dépasse la simple volonté individuelle.

 

[Kanmani]

Le problème, c'est qu'à l'échelle de la société, la réciproque ne va pas toujours de soi, au point qu'il y a une majorité bien plus écrasante d'hommes qui ne pratiquent pas le sexe oral sur leur compagne que l'inverse. La fellation est vue quasiment comme un dû dans une relation hétérosexuelle, alors que l'inverse n'est pas du tout vrai. Ce n'est pas une question de dire que les hommes devraient se forcer à prodiguer des plaisirs buccaux à leur compagne. Ou qu'en tant que femmes on est forcées d'aimer ça pour avoir notre carte de membre au club des libérées sexuellement. Mais plutôt de se demander, à l'échelle de la société, ce qui fait qu'en tant que femmes, on nous met très vite dans la tête qu'on va devoir tailler des pipes, et bien, pour être considérées comme des bons coups, alors que les hommes peuvent se permettre d'avoir une vie sexuelle parfois très active sans jamais avoir cette obligation qui pèse au-dessus de leur tête. On ne va pas aller espionner les gens pour vérifier qui fait quoi au lit, ça n'aurait pas de sens, mais au niveau sociétal, par contre, il est totalement légitime de se poser ces questions.

Alors, désolée mais non, pour moi, dans ce cas précis, le problème est bien dans l'analyse sytématique du rapport sexuel via l'axe de la déconstruction.

Sur ce forum, on le sait qu'il existe une pression implicite et inconsciente des femmes à faire des fellations alors que l'inverse n'est pas vrai, on sait aussi qu'il faut prendre le temps de déconstruire la sexualité des hommes et des femmes, de militer pour que le plaisir des femmes soit reconnu, qu'il ne soit plus tabou, pour que la sacro sainte pénétration ne le soit plus, etc....
Et nombreux sont les articles de Madmoizelle qui traîtent de ce sujet, sans compter les sujets sur le forum, et tant mieux !

Mais comme tu le dis justement, cette déconstruction doit s'analyser à l'échelle de la société.
Or, là, on parle d'un témoignage précis sur une expérience précise, je ne vois pas pourquoi ça aurait vocation à être plus que ce c'est : un fragment de vie. Une expérience qui a fait plaisir aux deux concernés.
Honnêtement, je comprend votre point de vue mais je ne vois pas trop le but de "conceptualiser" un rapport sexuel dans le cadre d'un témoignage qui a juste pour but de montrer un moment parmi d'autres dans la sexualité.

En fait, je ne vois pas trop ce que vous auriez voulu que la Madz pense, dise ou fasse pour que ce témoignage vous paraisse assez "féministe" ou "care" ?

EDIT : Et je ne vois pas vraiment non plus d'ailleurs pourquoi un témoignage devrait absolument répondre à ces critères de "féministes" ou de "care" ? Parce que s'il n'est plus spontané, un témoignage devient plus une sorte d'essai, non ?

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Hésite pas à me dire si tu préfères que je te décites

 

[Clèves]

@Kanmani Je suis d'accord avec toi pour ce qui est du témoignage en lui-même, je rebondissais davantage sur le débat entamé dans les commentaires qui me semblait englober un angle plus large. Du coup en soi je pense pas que la madz du témoignage aurait dû avoir telle ou telle attitude. C'était pas super évident dans mon commentaire, je le reconnais !