J'ai pas été à proprement parler victime de harcèlement au travail, mais certains de mes anciens collègues oui.
Je travaillais dans un supermarché de proximité (franchisé), et la direction était tenue par un couple : le directeur, et sa femme qui faisait un peu de tout : compta, accueil et autres (elle était une ancienne coiffeuse).
Un matin j'arrive (je tenais l'accueil et faisais de la caisse aussi), tout le monde tire la tronche : en général, c'est que le patron a gueulé. Je pose des questions, et j'apprends que le responsable du rayon fruits et légumes, mari d'une des chef caisses, s'est fait balancer des tomates au visage par le patron (himself, oui oui) parce que le rayon n'était pas à son goût.
Les seules personnes à qui il foutait la paix, c'était celles qui osaient lui répondre, tout en faisant du bon travail.
Je ne pense pas que ce patron était un homme foncièrement mauvais, parce qu'il lui arrivait de rendre certains services à ses employés.
Je pense qu'il n'y a pas un profil "type" de harceleur, c'est malheureusement assez subtil, c'est un peu un profil en mosaïque. Il y a peut-être certains dénominateurs communs, mais ce que je trouve assez frappant dans certains témoignages, c'est que je retrouve la description du pervers narcissique.
Je ne compte plus les petites caissières adorables mais fragiles/naïves, qui faisaient leur boulot correctement, et qu'on baladait de CDD en CDD, sans jamais les tenir au courant à l'avance (alors qu'elles avaient un loyer à payer, bref).
Il y a eu également le cas d'une caissière, d'origine maghrébine (une perle cette fille, adorable et très appréciée des clients) qui s'est faite virer...on a jamais su pourquoi. Un beau jour elle s'est faite foutre à la porte (elle était en contrat de professionnalisation, donc en alternance avec une école). Un soir que je ferme ma caisse, je la vois me faire coucou, en larmes, je comprends pas. Le lendemain, j'apprends qu'elle a été licenciée. Lorsqu'elle repasse pour son solde de tout compte, il se trouve que j'ai fini ma journée, on va donc éclaircir tout ça dehors. Sauf que, méga-boulette : on a parlé sous la caméra qui surveille la place de parking réservé aux convoyeurs de fond.
La responsable du secteur caisse nous demande de partir, l'air super irritée.
Le lendemain, je suis convoquée par la femme du patron, qui me pose tout un tas de questions : de quoi on a parlé, pourquoi, etc... Je sens bien le coup fourré, donc je fais la naïve, celle super triste de voir une bonne collègue partir. La patronne finit par me libérer, et moi j'ai juste la gerbe tellement je trouve leur attitude honteuse.
Il se trouve que la responsable caisse (je l'ai appris par la suite) était très détestée par beaucoup de caissière. Elle est arrivée en tant que caissière, et a gravi les échelons en passant un BTS au sein de l'entreprise. C'était assez particulier, elle avait le syndrome du "petit chef" (pas Ratatouille non
) : comme c'était la responsable du secteur caisse, elle s'en prenait plein la tête de la part des patrons. Du coup, elle reproduisait ce qu'elle subissait avec certains de ses subalternes (les nouvelles caissières principalement, rarement les anciennes).
Je conclue pour dire que je trouve effarant le nombre de personnes qui subissent le harcèlement au travail. Le plus triste c'est toute cette culpabilité ressentie, alors que les coupables eux le vivent très bien !
Câlin à toutes, soyez fortes. Ne laissez pas la peur vous dominer, vous méritez mieux qu'une existence de craintes et de culpabilité.
PS : J'ai pensé à un truc en lisant certains témoignages : est-ce que vous avez pensé à enregistrer les conversations ?
Il y a des enregistreurs (dictaphones on dit nan ?) qui sont pas très chers et qui fonctionnent très bien, je pense que ça peut être très utile, surtout dans le cas des madZ en cours de procès.