J'ai été victime de maltraitance psychologique par mon ancien beau-père, qui était violent de presque toutes les façons possibles avec ma mère (sauf violences sexuelles) et mon frère aîné. Ma mère m'a protégée de sa violence physique.
Vu que mes parents se sont séparés quand j'avais 9 mois, que je n'ai jamais été proche de mon géniteur (d'ailleurs je ne le vois plus du tout depuis un certain nombre d'années) et que ma mère s'est mariée à mon beau-père quand j'avais 2 ans, ce dernier était comme un père dans ma tête (je dis ça pour toutes les personnes qui m'ont déjà dit: "ça va au moins c'est pas ton père").
Plusieurs fois, il y a eu des soupçons de maltraitance à mon encontre, puisque ma mère a été convoquée à 2 reprises quand j'étais encore à l'école (une fois en maternelle et une fois au CM1). Au passage, mais c'est quoi cette idée de convoquer les parents pour demander s'ils maltraitent l'enfant?! Nan mais parce que voilà ce qui s'est passée pour moi, la deuxième fois que l'école a fait ça: ma mère avait été convoquée, alors que je n'avais rien dit (je n'aimais pas ma maitresse de l'époque, et c'était réciproque). Le soir, quand mon beau-père est venu me chercher à l'école, il était fou de rage, il voulait savoir ce que j'avais raconté, et j'étais terrifiée. Il m'a menacée de me tuer (comme il le faisait tous les jours d'ailleurs...), il faisait semblant de me frapper et il arrêtait son geste juste au moment il allait toucher mon visage (ça aussi, c'était une routine quotidienne...). Il avait les yeux tout rouge (il était alcoolique) et je sentais qu'il brûlait d'envie de me tabasser. Plusieurs fois, il s'est arrêté au bord de la route, m'a fait descendre de la voiture et a proféré toute sorte de menace à mon encontre. J'ai vraiment cru que j'allais mourir ce jour-là...
Quand je suis rentrée, ma mère ma aussi demandé pourquoi j'avais dit ça. J'ai eu beau essayé de lui expliquer que je n'avais rien dit, elle ne m'a pas crue. Elle m'a dit qu'il ne fallait pas que je raconte ça, car je n'étais pas maltraitée et que ce n'était pas bien que je dise y être. J'ai senti qu'elle était très déçue, voire en colère après moi, et ça me rendait immensément triste. J'avais peur, je ne comprenais pas pourquoi tout ça se produisait et je n'avais pas le soutien de ma mère.
Enfin, à l'école, la maitresse a été encore pire avec moi suite à cette incident, car elle me considérait comme une menteuse.
Aucun adulte n'a pris ma souffrance au sérieux, et encore aujourd'hui, ma mère minimise les souffrances que j'ai endurées à cause de mon ancien beau-père (ce que je peux comprendre vu qu'elle a vécu des choses pires que moi). Je ne connaissais pas les mots pour décrire les différentes formes de violences à cette époque, mais une chose est sûre, j'en vivais une bien réelle, même si elle n'était pas physique.
Je trouve que le fait de nier les violences qu'a subies une victime, c'est lui infliger une violence supplémentaire. C'est très dur de garder des souffrances en soi sans personne à qui en parler, de ne pas être prise au sérieux par ceux à qui on les a évoquées, d'avoir le sentiment d'être remise à sa place alors que l'on n'est pas en tord, de se sentir décridibilisée, de se faire traiter de menteuse... Une fois, lors d'une conférence de psychologie, j'ai entendu que certains appelaient ça la "victimisation secondaire".
Désolée pour ce long témoignage, et courage à toutes les victimes de violence, quelles qu'elles soient. Sachez que vos souffrances sont bien réelles, vous n'êtes nullement fautives de quoi que ce soit, il existe toujours des solutions et des personnes vers qui se tourner, alors ne perdez pas espoir de vous en sortir un jour. Je vous envoie à toutes beaucoup d'ondes posititves, d'amour et de soutien