J'ai testé pour vous : avoir des troubles du comportement alimentaire

21 Juin 2010
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phoenixe.tumblr.com
Merci pour cet article ! J'aime vraiment les "j'ai testé pour vous", à travers les témoignages, on peut voir que l'on est pas seule et ça fait du bien.

J'ai toujours eu un rapport complexe avec la nourriture. J'ai des périodes où je stresse beaucoup et je fais de crises d'hyperphagies puis je ne mange plus pendant des jours pour "compenser" cette période de bouffe non stop.
Et ce n'est pas facile à vivre du tout.

(ne pas citer)
 
21 Juillet 2011
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Paris
Navajo;2631067 a dit :
Edit : je me permets de faire un lien vers l'excellent site boulimie.fr qui m'a énormément aidée à plusieurs périodes de ma vie, je pense qu'il pourrait être de bon conseil à toutes celles qui souffrent également de TCA...

+1000 pour boulimie.fr, qui remet en cause les idées reçues sur les TCA en expliquant que l'addiction à la nourriture, que ce soit dans le contrôle ou dans la perte de contrôle, relève d'un problème de construction de la personnalité dans la petite enfance, d'un trouble de l'attachement. Que, loin d'être un comportement destructeur (je pensais que je me "détruisais" avec mes crises alors que c'est la seule chose qui m'a évité de tomber dans la dépression ou de me foutre en l'air), la boulimie est une stratégie de survie - qui pourrit la vie c'est vrai - pour des personnes qui ressentent un vide structurel, fondamental.
C'est en parcourant le site de fond en comble et en m'y reconnaissant - j'avais l'impression que ça avait été écrit pour moi - que j'ai décidé d'entreprendre une thérapie, il y a presque 2 ans. J'avais déjà passé des mois en thérapie individuelle, où je m'écoutais parler, j'intellectualisais tout et je baladais le psy. Aucun bénéfice.

J'ai donc fait une thérapie, en groupe (le truc qui me fait le plus peur au monde), pas centrée sur la "reprise de bonnes habitudes alimentaires" mais sur la reconstruction de mon identité, l'apprentissage de mes limites et de comment les poser, l'apprentissage du respect de mon ressenti. J'ai plus appris et changé en 2 ans qu'en 30 ; je suis toujours "fragile", sensible, et je le serais toujours mais j'ai appris à m'accepter comme ça et j'ai à présent les armes pour affronter la vie. Cette vie que je trouve enfin belle, pour la première fois. Je fais encore des crises, parfois, mais je les prends comme ce qu'elles sont : un réconfort passager dont je finirai par me débarrasser, le jour où je serais complètement moi.
 
18 Avril 2011
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Paris
la_chieuse;2631304 a dit :
Alors là ça m'intéresse énormément comme sujet. De temps en temps en lisant des articles comme ça on se demande si on n'est pas hypocondriaque à découvrir qu'on a quelque chose que personne n'a vu par la simple lecture. Alors je vais poser des questions parce que je m'inquiète. Quelle est la différence entre l'accro au régime comme vous l'appelez et une fille qui a un TCA? Si on vomit pas on peut quand même être malade? Les filles qui disent s'en sortir (dont l'auteur de l'article) ont-elles réussi seules ou aidées? Par qui? Comment?
Je suis au régime perpétuel depuis 13ans maintenant, pour un gain de 20kg à la fin. Je contrôle absolument tout ce qui passe dans mon assiette pendant une à deux semaines. Je peux perdre jusqu'à 5 kg avant de tout reprendre en une soirée. A manger n'importe quoi, tant que c'est gras, mauvais pour la santé, lourd, sucré. MAIS je n'ai aucun problème dans la vie, ma famille m'adore et est unie, j'ai un mari formidable et un job intéressant et bien payé. Donc je ne peux pas envisager d'avoir un problème psy puisque tout va bien!
Si vous pouvez répondre à mes questions et me conseiller, je vous remercie d'avance.

Je pense qu'une accro au régime va souvent les enchaîner, en faisant attention à ce qu'elle mange, mais pas de façon maladive. Alors qu'une fille (ou un mec d'ailleurs, on les oublie trop souvent) qui souffre de TCA (ano ou boulimie) va en plus chopper des crises d'angoisse (tremblements, comportement agressif...) à l'idée de manger, qui traduira son mal-être face à la nourriture et face à elle même. Selon moi, les TCA ont une dimension psychologique plus importante que la notion de régime.
Pour la boulimie, il existe la BV (boulimie vomitive) et la BNV (boulimie non vomitive), ce qui montre bien que oui, on peut être "malade" (je préfèrerais dire que l'on a un problème plutôt que "malade") même si l'on ne vomit pas (d'ailleurs, il y a des alternatives aux vomissements : laxatifs, purge...). Il faut observer ton comportement face à la nourriture pour savoir si tu es "malade" : si la nourriture t'obsède SANS CESSE, et si ton comportement alimentaire s'accompagne de crises d'angoisse, d'agressivité, de frénésie, tristesse, complexes...Si tu t'éloignes de tes amis pour aller bouffer en cachette, ou si tu t'epêches de manger alors que tu crèves la dalle.. Si tu perds totalement le respect de toi même, si tu dilapides le moindre euro en poche dans la bouffe etc.... Je pense que c'est alors que tu peux déterminer si tu as un problème ou pas. Mais faut éviter l'amalgame régime/TCA. Ce sont deux choses différentes.

Biensur, quelqu'un qui ne s'accepte pas comme il est, qui est perturbé par des soucis de famille, de société etc sera davantage enclin à "contracter" ces troubles - qui plus est si son rapport à la nourriture a toujours été ambigu... Alors quand les soucis s'accumulent, et que l'on n'a aucune prise sur eux, le mal-être grandit et se traduit par cette sorte de volonté de fer à vouloir contrôler ce qui est contrôlable : à savoir, le corps. Ce qui, je pense, passe par la bouffe (ou la non-bouffe dans la cas de l'ano...) Et dans la bouffe, ces personnes trouvent un certain réconfort momentané, jusqu'au moment de culpabilité qui fait que les gens veulent se purifier (vomissements, jeûne, laxatifs sont autant de solutions que les gens adoptent pour déculpabiliser).
Pour les anorexiques, le réconfort se trouvera davantage dans un travail acharné, (cours, sport...)bref, un truc qui occupe l'esprit pour éviter de manger. C'est leur manière à eux de contrôler leur corps.

Quant à "sortir" de cette "maladie"... Je ne sais pas si l'on peut vraiment y croire. A l'anorexie suit bien souvent la boulimie vomitive, juste un prétexte pour faire croire aux gens que l'on aime et qui nous aiment que l'on va mieux et que l'on s'alimente de nouveau. On reprend des couleurs, du poids aussi, et on ne se sent pas mieux pour autant... On fait belle figure, mais on retombe finalement dans un cercle autrement plus vicieux je pense, car la boulimie vomitive nous rend vraiment frénétique : une razzia de saloperies à l'huile de palme dans un magasin qui finira de toute façon dans la cuvette, pour la modique somme de 20? par jour.... La boulimie vomitive, en plus de vider notre compte en banque, rend aussi associal, parano et fou... Bref, je pense qu'à moins d'être suivi par des spécialistes des TCA (équipe d'addictologie, ou psy dans une moindre mesure...) lorsque l'on souffre de TCA, la guérison - si elle est possible - est très longue et 'est pas sans conséquences : le corps est très abîmé, les carences se multiplient, les gens qui vous entourent vous regardent autrement, vous surveillent, ou vous abandonnent même... Et une chose qu'il ne faut pas oublier : pour guérir, il faut le vouloir ET le pouvoir, car primo, en général, les "malades" n'aiment pas en parler, et secundo les TCA deviennent un mode de vie et s'en défaire suppose de faire un gros vide dans sa vie et un énorme travail sur soi...

Bon nombre de forums existent sur le sujet sur doctissimo entre autres, et je pense que tu pourras avoir davantage de réponses en les consultant. Mais à te lire, je ne pense pas que tu aies de problème, tu es juste une accro du régime, rien de bien méchant à mon sens ;)

J'espère t'avoir éclairée un tant soit peu ;)
 
21 Juillet 2011
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Paris
la_chieuse;2631304 a dit :
Quelle est la différence entre l'accro au régime comme vous l'appelez et une fille qui a un TCA? Si on vomit pas on peut quand même être malade? Les filles qui disent s'en sortir (dont l'auteur de l'article) ont-elles réussi seules ou aidées? Par qui? Comment?
Vas lire ça : Qu'est-ce que la boulimie?
Je pense que ce qui définit la boulimie, c'est l'obsession. Si tu te sens obsédée par la nourriture, tu as certainement un problème.

la_chieuse;2631304 a dit :
MAIS je n'ai aucun problème dans la vie, ma famille m'adore et est unie, j'ai un mari formidable et un job intéressant et bien payé. Donc je ne peux pas envisager d'avoir un problème psy puisque tout va bien!
Avoir une vie géniale n'empêche pas de se sentir, tout au fond, vide. J'ai été très étonnée, quand j'ai fait ma thérapie, du nombre de filles brillantes, belles, avec des boulots de rêve, qui étaient là. Et ça rassure finalement sur soi. :-)
 
21 Juillet 2011
18
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Paris
Névralgeek;2631991 a dit :
Quant à "sortir" de cette "maladie"... Je ne sais pas si l'on peut vraiment y croire.

Si si, je te promets, c'est fou mais on en sort. J'en côtoie régulièrement, des filles qui s'en sont sorties :-)
 
27 Août 2008
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boutenac, GASPARETS
Et bien! Si je m'attendais à ça!
Je ne savais pas que j'avais été sujette à des "TCA".
Moi aussi, j'ai vécu dans une famille surendettée.

Quand je faisais les courses avec ma mère, (toujours chez ALDI pour ne pas citer de chaîne) c'était privation sur privation: Maman de la brioche pour le petit déjeuner! -non pas ça, c'est inutile; Des lardons? -non pas ça, ça fait grossir (car en plus de ça, ma mère était/est obèse, tandis que nous, les filles, étions squelettiques); Du fromage? -non pas ça, c'est trop cher...

Pendant trois ans particulièrement j'ai souffert de cette situation. Les placards et le frigo vides, ça me file la chair de poule. Alors que je revenais du lycée l'estomac vide car je gardais le maigre argent attribué au repas du midi pour m'acheter des vêtements à ma taille, rien de bien appétissant ou nourrissant pour me satisfaire.
Du pain trop dur avec un morceau de beurre quand il y en avait. Ou bien des pâtes+un cube de bouillon dans de l'eau pour faire une soupe, un repas que j'ai appris à apprécier matin gouter et soir car très économique et remplissant.
Résultats du match: 1m78 pour 49kg. Pas jouasse. Je souffrais d'être maigre, de devoir supporter les "t'es maigre, t'as pas de poitrine, t'es anorexique" au lycée, alors quand je rentrais à la maison, j'avalais tout ce qui était susceptible de me faire grossir (en vain)

Maintenant, je suis avec mon copain, il a une bien meilleure situation financière que moi à l'époque et je revis.
Les courses sont un pur conte de fée. Je me souviens avoir culpabilisé de lui avoir fait acheté du fromage de chèvre, du soda et des brioches pour le petit déjeuner car ce n'était pas "normal" dans une liste de course pour moi.
Sa mère fait de délicieux plats à foison, alors que ma propre mère ne cuisinait rien d'autre que des boites de raviolis ou lentilles, mais j'ai encore du mal à tout manger.
Alors que sa famille dévore tous les plats sans soucis, mon estomac tiraille, il fait mal, tout ne rentre pas et ça les vexe, ils croient que je n'aime pas leur cuisine.
Je réapprends à manger le midi, à manger en quantité raisonnable même si ça paraît gargantuesque.

Je réapprends à savourer les sucreries que je n'ai jamais eues, et comme une enfant je me jette sur les soda et la pâte à tartiner de marque et pas la pate infecte premier prix qui me laisse un mauvais souvenir gustatif.

J'ai vraiment l'impression de revivre, j'ai pris 10kg en 6 mois (depuis que je suis avec mon copain et que j'ai quitté le "cocon" familial)
 
3 Novembre 2008
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BESANCON
fashiondiella.blogspot.com
Ce genre d'article est super intéressant et touchant ! tout le monde n'est pas touché mais une partie quand même et ça donne une idée au autre de ce que ces personnes là vivent et peuvent modifié leurs regards (les regards critique persistent malheureusement sur les gens différents)

Bravo à la demoizelle qui témoigne pour son courage et bravo à madmoiZelle.com de publier ce style d'article !!!
 
3 Mars 2007
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Paris
Johannemorrison;2632737 a dit :
J'ai lu dans l'article :
"Je n?ai jamais été une boulimique qui se fait vomir. La boulimie, c?est avant tout des crises incontrôlables où tout et n?importe quoi te passe sous la dent"

Une boulimique pour information se fait vomir. Ou trouve un tout autre moyen d'évacuer sa crise. Si tu ne vomis pas tu fais des crises hyperphagie. Les crises d?hyperphagie sont assez souvent liée à une dépression.

La différence est bien la.. je peux te dire que cracher et vomir du sang à longueur de journée...Ca te montre tellement à quel point tu es malade, à quel point tu te détruis et que tu es vulnérable.

Comme si tout était trop tard, que de toute façon tu ne pouvait plus rien faire pour en sortir, pris au piège d'une maladie infernale. Comme si il te restait un tout petit peu de vie à vivre et que ton temps était compté.

Je suis désolée par avance de répondre sèchement mais justement, la boulimie ne se limite pas à du vomi et des doigts dans la gorge. Je t'invite à aller lire le site boulimie.fr qui parle assez justement des troubles du comportement alimentaire :
"Pas besoin d'être vomisseuse pour être boulimique anorexique
Les personnes qui pensent par exemple que la boulimie est un trouble du comportement alimentaire lié à de mauvaises habitudes vont essayer de se contrôler pour ne plus avoir de boulimies. Au bout d?un certain temps, elles craqueront et les boulimies reviendront comme avant. On ne guérit pas d?une obsession par l?abstinence. Sur le plan du comportement alimentaire, il y a trois cas de figure:
- la personne qui se fait vomir
- celle qui ne se fait pas vomir
- celle qui réussit à se contrôler presque tout le temps voire tout le temps"


Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi tu dis que cracher du sang ou autre montre bien que tu es malade. Certes, mais on peut être tout aussi malade "psychologiquement", dans le cas par exemple des troubles du comportement alimentaire, c'est une réelle souffrance, qui n'est peut-être pas spectaculaire physiquement, mais qui est bien là. De plus, tu as oublié dans l'article que la personne ressent le moyen de se purger, de se débarrasser des cochonneries qu'elle a avalé. Que ce soit par le vomissement ou autre, c'est considéré comme la même chose, il y a cette idée de culpabilité intense, de se remplir puis de désirer se vider.
Je ne trouve pas ça judicieux de pointer des "différences", personne n'a des TCA pour les mêmes raisons, car personne n'a la même vie, c'est plutôt logique. Pour ce qui est de la dépression liée à l'hyperphagie, idem tu ne peux pas savoir car tu ne sais pas ce que peut vivre cette personne.

Merci de ne pas trop être péremptoire face à ce genre de témoignage, tout le monde peut très bien souffrir de différentes choses, mais il ne faut pas pour autant chercher à classifier les souffrances ou les problèmes.
 
  • Big up !
Réactions : Omega et sztuczki
Une chose est sure, c'est que l'on peut s'en sortir. la nourriture est mon principal anxiolitique: dès que je ne vais pas bien, que je suis stréssée, je mange. Pendant ma dépression, je pouvais faire un repas non stop du réveil au coucher, je grignotais à longueur de journée. Quand j'essayais de me résonner, si je savais qu'il y avait des biscuits, du chocolat ou autre dans le placard, j'avais l'impression de devenir folle, ça m'obsédait.
Aujourd'hui, je vais mieux, ma vie se stabilise, j'ai consulté une psychothérapeupe, une endocrinologue qui m'ont bien soutenues. mais au moindre petit fléchissement, j'ai besoin de manger. Alors, dans mon placard il n'y a rien qui puisse se grignoter, tout doit être cuisiné. et aujourd'hui, j'ai pu entamer mon régime, et j'en suis à plus de 7 kilos perdus... alors pour celles qui ont ce même problème, ne vous découragez pas et surtout n'ayez pas peur de voir quelqu'un. Même si on sait ce qu'on doit faire, avoir quelqu'un qui vous aide, qui attends vos résultats, qui sait vous écouter, ça stimule énormément et ça aide à se prendre en main.
Bon courage!!
 
27 Septembre 2009
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Montpellier
En lisant cet article et le commentaire de CeNedra, je me suis mise à pleurer. Là où je pensais être seule à souffrir ainsi, je me rends compte que ce n'est pas le cas - et ça me fait pour ainsi dire un bien fou de savoir que certaines sont passées par là et s'en sont sorties.

J'aimerais vous raconter mon histoire à moi, car même si rien n'es moins sûr que l'une d'entre vous lise ce commentaire jusqu'à la fin, il me semble que ce serait thérapeutique pour moi de laisser ça dans un endroit "passant", si je puis dire.

Jusqu'à treize ans, j'étais grande et mince comme un bâton. Bien sûr, je bouffais ce que je voulais sans trop m'en préoccuper et je me foutais de la gueule des nanas qui faisaient des régimes avec mes keupines (grandes, minces, jeunes et connes aussi, donc).
Vers quatorze-quinze ans, les choses ont commencé à se gâter. J'avais arrêté de grandir.. en hauteur. Car je n'avais pas changé mon alimentation d'un poil : je mangeais autant que mes parents, ce qui les étonnait beaucoup. Et des choses pas bonnes pour les bourrelets.

J'ai donc commencé à grossir. Au début cela ne me gênait pas plus que ça (ou je tentais de me faire avaler que ça ne me gênait pas), ma mère est rondouillette et très peu féminine, et je la prenais pour modèle. Pourtant, il m'est vite apparut que si je n'osais pas m'arranger un peu comme les autres filles c'était parce que j'avais le sentiment que si je m'habillais comme les autres, cela signifiait que j'acceptais qu'on me compare à elles - y compris la bombasse du lycée. Et ça, c'était hors de question.

La boulimie à proprement parler (car c'est ce dont j'ai souffert et souffre encore un peu à présent) est venue, malheureusement, de ma meilleure amie.
Au lycée, elle a commencé à fréquenter les nanas "hype", de celles qui ont autant de sous qu'elles veulent et qui passent leur temps à fumer du shit. Mon amie s'est donc aussi mise à fumer. Comme tout le monde : d'abord un petit joint par-ci par-là, puis tous les jours et enfin plusieurs fois par jour. Je la voyais dégringoler et je ne savais pas quoi faire, j'étais une gamine complètement paumée - et j'imagine que quelque part je l'enviais, moi qui n'avais que très rarement la permission de sortir en ville l'après midi.

Puis les choses ont un peu mal tourné ; pas horriblement mal, juste "mal". Mon amie s'est peu à peu créé une réputation à chier dans la ville, et a donc décidé de suivre ses parents qui déménageaient à 300km de là. Arrivée là-bas, elle a décidé de s'arrêter de fumer du jour au lendemain. Et c'est là qu'à commencé sa longue période de dépression et d'anorexie.
Comme c'est une fille qui rigole de tout, elle n'avait pas l'air d'aller si mal. Et inconsciemment, j'ai dû me dire : "Tiens, ça a l'air de marcher ça ! Et si j'essayais ?". J'étais très complexée.

Je n'ai jamais été anorexique et je ne me suis pas fait vomir régulièrement. C'était juste des passades, entre lesquelles il y avait des crises d'hyperphagie où j'avalais n'importe quoi, pourvu que ce soit gras, sucré ou salé. Et les repas se passaient assez mal lorsque j'étais plus jeune, mon père me tyrannisait pour un rien et tout ce que je voulais était de sortir de table le plus vite possible. Aujourd'hui encore, il m'est impossible de me sentir à l'aise en mangeant avec mes parents, chez eux - le lieu de "drame".

Entre-temps, je me suis mise à fumer et je suis entrée à la fac. Autant de fois que je pouvais, je sautais le repas de midi en grignotant une pomme et fumant une cigarette juste après, ce qui me donnait le sentiment d'avoir un peu trop manger - douce ironie.

D'autre part, je vois un psychiatre depuis l'âge de cinq ans. Cependant, je n'ai jamais réellement parlé de mes problèmes alimentaires - du moins, je ne me suis jamais vraiment penchée dessus. Lorsque je lui en parlais, elle me disait qui c'était le stress ou je ne sais quoi. Elle m'a conseillé de consulter un nutritionniste.

J'ai donc consulté un nutritionniste pendant dix mois, avec deux mois de "thérapie" alimentaire (en fait je ne suivais pas du tout le régime qu'il me prescrivait car ma famille n'a pas d'argent et que j'étais obligée de manger comme tout le monde) et huit mois de mésothérapie - des injections intradermiques d'actifs censés faire brûler la graisse hormonale plus rapidement. J'avais seize ans.

Bientôt, j'ai commencé à détester mon corps pour de bon. D'abord ce fut mes genoux, que je trouvais trop gras, puis mes poignées d'amour, puis mon ventre et enfin mes fesses ou ma "culotte de cheval", comme me l'a finement fait remarquer mon nutritionniste.
Je suis restée bloquée là-dessus. Aujourd'hui, quand je me regarde dans un miroir, tout ce que je vois est la forme d'une bouteille de Perrier qui n'a rien de sexy - alors que tous mes amis s'accordent à dire que je suis mince et plutôt bien fichue. Je ne l'aurais jamais cru si je ne le vivais pas en ce moment, mais il m'est impossible de regarder mes cuisses objectivement : pas de doute, on dirait de gros jambonneaux.

Je suis aussi souvent d'humeur assez sombre, et comme CeNedra l'a dit, lorsque je me sens beaucoup trop seule et trop nulle et bon bref vous voyez le tableau, je me dédouble. La partie de moi que j'aime le plus, celle qui est jolie, drôle, battante et créative se retrouve face à moi, le tas de tristesse, le sac de noeuds cérébraux et je me prends dans mes bras. Oui, ça peut faire flipper quelqu'un qui n'a jamais été dans cette situation-là, mais cela me fait beaucoup de bien - car, dans la vie, qui sera toujours présent pour nous, si ce n'est nous-mêmes ? points de suspension.

J'ai déménagé en Allemagne depuis un mois pour mes études. Et je suis heureuse de dire que je vais beaucoup mieux. Bon, ce n'est pas non plus la panacée, il m'arrive toujours de manger entre les repas ou à n'importe quelle heure, et plus ou moins n'importe quoi, mais déjà je prends un peu de recul par rapport à mon corps - et ce en partie grâce à des tumblr plein de photos d'actrices et danseuses des années 1900 à 1950 : certaines sont beaucoup plus grosses que moi, et pourtant ravissantes et sexy.

Merci pour ces témoignages. Je me sens moins seule.
 
5 Juin 2011
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Paris
Merci pour cet article. Je souffre de boulimie-anorexie depuis plusieurs année et commence à peine à entrevoir l'espoir de m'en sortir. J'ai été très touchée par ce témoignage. Courage à toutes et à tous ceux qui sont empoisonnés par les TCA!
 

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