J'ai testé pour vous... être éducatrice spécialisée

[MadManon]

Hey ! J'attendais avec hâte un article sur le métier d'éduc, et pour cause, je suis en troisième année de formation. Deux-trois choses m'ont faites tiquer moi aussi, mais surtout le "nous avons sous notre responsabilité...".
Je m'explique. Je suis actuellement en stage dans un Centre de Soin, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA, retenez juste "addictologie" ça devrait suffire ), dans une unité un peu spéciale : nous hébergeons des sortants de détention. Ça fait donc deux problématiques assez compliquées à gérer au quotidien, l'addiction et la sortie de détention. Parfois, les résidants sont placés sous main de justice, notamment en conditionnelle. C'est-à-dire qu'au moindre manquement au règlement (un joint, un acte de violence...), ces personnes en conditionnelle retournent en détention. J'ai mis longtemps à le comprendre, mais en aucun cas je ne dois me sentir "responsable" d'eux, de leur situation, et d'appeler le juge d'application des peines/le conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation/les flics pour qu'ils viennent cueillir le concerné. J'imagine que j'ai l'air horrible en disant ça, et j'espère m'être faite comprendre

 

[Louphock]

@MadManon : T'inquiète pas, rien d'horrible Je parlais de responsabilité dans le sens où il faut faire attention à l'influence qu'on peut avoir sur les publics, et faire attention à nos actes et paroles afin d'être pertinent dans notre accompagnement.

 

[MadManon]

@Louphock j'imagine bien que c'était dans ce sens-là que tu utilisais ce mot, mais du coup pour des non-initiés ça peut faire trop peur de se projeter en place de responsable des uns ou des autres (en tout cas rien que d'en parler j'ai mal au ventre ahahaha). Voilà, c'était juste pour apporter cette précision

 

[Louphock]

@Utopie. : Oui, j'ai généralisé les domaines, mais on peut effectivement détailler en ajoutant la psychiatrie, la prévention spécialisée (certains disent que ça fait partie de la protection de l'enfance, d'autres non), etc... Merci pour ton compliment, c'est justement parce qu'il est trop peu connu, ou mal connu, que j'ai voulu en parler
@MadManon : tu as raison, j'aurais peut-être dû détailler plus sur ce point. C'était difficile d'être sure que mes propos sont bien interprétés par des personnes ne connaissant pas ce milieu, quand tu as la tête dedans depuis quelques années ^^

 

[sushinette2934]

Étant également éduc spé ça me chiffonne un peu de lire le secteur de "l'exclusion", justement non on travaille dans le secteur de l'insertion. Bossant justement dans ce secteur je ne pouvais pas m’empêcher de réagir.
mais dur dur d'expliquer la diversité de notre métier en quelques lignes, il mériterait bien un mémoire
Courage à ceux qui sont en formation et qui planchent sur ce p*tain de mémoire, c'est bientôt la fin des écrits et le début des fiestas post diplôme !

 

[Marine Mol]

Ce sujet est dédié aux réactions concernant cette actu : J'ai testé pour vous... être éducatrice spécialisée

En voilà un article intéressant. Personnellement, je ne suis pas éducatrices spécialisée. Je suis ; attention ça va être long ; coordinatrice de projets de vie et de soin. Je fais à peu de choses près le travaille d'un éduc spé dans la structure où je travaille. Je travaille avec des adultes autistes vieillissants. C'est un établissement dont le concept est plutôt novateur, il n'y en a pour ainsi dire pas d'autres en Europe.
J'ai un parcours estudiantin un peu compliqué mais j'ai toujours voulu travaillé dans le social, ce que j'ai fini par faire. Et en étant étudiante j'ai découvert différents domaines puisque j'ai travaillé auprès d'adultes "en situation de " handicap moteur, avec des enfants handicapés et aussi des familles en grande précarité ou en situation d'exclusion comme vous voulez. Aujourd'hui j'ai fini mes études et je suis en CDI. Je n'ai pas du tout galéré à trouvé un travail et c'est une chance.
Mais voilà, ce que je veux dire c'est que nous faisons un métier épuisant mais qu'est-ce que j'aime ça ! C'est une drogue. J'ai envie d'en parler tout le temps et à tout le monde, et la moindre petite chose bien, je la trouve tout de suite extraordinaire alors que ça parait presque ridicule pour la plupart des gens. C'est un travail qui est tout simplement passionnant parce qu'on ne fait jamais la même chose et qu'il faut sans arrêt se remettre en question. On dit qu'il ne faut pas attendre de retour, de remerciements, etc ... Et c'est vrai ce n'est pas utile, ça vient tout seul et de la plus chouette façon qui soit : des moments assez géniaux, il faut le dire.
Enfin bref, je ne voudrais dire qu'une chose en vérité ne faite pas ce métier parce qu'on vous dit que c'est sympa ou parce que vous ne savez pas quoi faire, ou bien encore parce que c'est la seule chose que vous avez trouvé. Faites le parce que c'est ce que vous êtes et ce que vous aimez. Ca se ressentira très fort dans vos actes.

Et juste pour revenir sur le terme en situation de handicap, je pense que ce ne doit pas être une histoire de terme mais une histoire de positionnement. Je ne considère pas que je travaille avec des personnes "handicapées" ou "en situation de handicap" mais avec des personnes qui ont leur propre appréhension des choses.
Voilà, en tout cas merci à l'auteure de l'article pour avoir fait l'apologie de ce métier.

 

[Huij]

Bonsoir les filles,
J'ai lu l'article et il est super vraiment ! Bravo à l'auteure !

Actuellement je prépare mes concours pour ES et je voulais vous parlez des " Prépa " aux concours des travailleurs sociaux (ASS, EJE,ME..) !
J'y suis actuellement parce que j'estime ne pas avoir un super niveau en FR et pour avoir l'opportunité de faire un stage (parce que l'air de rien c'est super galère d'en trouver un ! )

J'ai cours 2fois par semaine mais ce n'est pas pour autant le club-med !
Devoirs-surveillés toutes les semaines, Oraux blanc, concours blanc bref tout pour préparer les concours.
J'ai des profs et/ou plutot des formateurs géniaux qui ont de l'expérience dans le domaine du social.

Malheureusement le coût de ces Prépa est exorbitant et en plus il faut y ajouter les prix des concours ( inscription+écrit+oral= +ou- 200€ )

Mais je ne regrette pas du tout cette "investissement" car j'ai appris de milliers de choses sur le social!
Bref,si vous voulez des infos dites-moi je suis là !

 

[Heaven_Angel]

Bonsoir à toutes,
Je suis en 2eme année de formation d'ES. Je viens de réaliser mon bilan de stage et il en ressort que je ne prend pas assez d'initiative (besoin d'avoir l'accord de l'autre pour faire quelques chose et mon manque de confiance fais que je n'arrive pas à me positionner en présence d'un professionnel. Je ne fais pas trop comment remédier à cela surtout que lorsque je m'exprime ma parole n'est pas entendue. Ce qui fait qu'en ce moment, je suis en remise en question totale !! Je sens que j'ai besoin d'une pause !

Étant également éduc spé ça me chiffonne un peu de lire le secteur de "l'exclusion", justement non on travaille dans le secteur de l'insertion. Bossant justement dans ce secteur je ne pouvais pas m’empêcher de réagir.
mais dur dur d'expliquer la diversité de notre métier en quelques lignes, il mériterait bien un mémoire
Courage à ceux qui sont en formation et qui planchent sur ce p*tain de mémoire, c'est bientôt la fin des écrits et le début des fiestas post diplôme !

Peux tu m'expliquer dans quelle structure tu bosses ?? Quelles sont les structures qui relèvent de l'insertion socio professionnelle ??? Merciii

 

[sushinette2934]

@Heaven_Angel

Alors je ne vais pas te dire sur le forum le lieu où je taff parce que c'est unique en france (je t'en parle par message privé sans souci) et donc je veux pas trop "l'afficher".
C'est une unité rattachée au CCAS de ma ville )qui gère tout ce qui est de l'orde de l'accueil des personnes en situation de grande préca, les gens du voyages).
Mon service gère un lieu d'accueil le matin pour personnes à la rue, sans ressources, sortant de prison, d'hospi, femmes victimes de violence, jeunes adultes en fugue ou sortant d'institutions diverses, personnes en errance psychique et physique, immigrés sur le territoire de manière illégale... Bref toutes personnes pommées et oubliées du reste du monde. Ils y trouvent les premières nécessités ; bouffe (frigo, congel, réserve alimentaire, plaque cuisson) café, douches, wc, machine à laver, vestiaire s'ils n'ont pas de fringues et surtout un lieu d'écoute et de rencontre vers nous les travailleurs sociaux qui faisons le relai avec le CCAS et différentes institutions + 2 infirmiers psy 1 fois par semaine.
Le reste de la journée est consacrée au maraude dans la ville (je te laisse chercher ce que c'est si tu ne sais pas) et d'interventions chez des personnes signalées en détresse sociale, psychologique ou directement là ou les personnes en errance peuvent poser souci (coin de manche, squat...). Notre rôle est bien d'intervenir pour la personne en errance et non pas pour le commerçant, le proprio, le flic qui trouve que bon hein "ça fait mauvais genre". Nous favorisons la paix sociale dans la ville.
Nous avons aussi un rôle direct au CCAS pour faire le lien avec les autres services (CHRS, hébergement logement, accueil individualisé...) et nous devons aussi faire des stats pour pleins de raisons bien complexes et relous.

Tu veux parler d'insertion sociale ou d'insertion pro ?Sinon pour les structures d'insertion pro il y en a une tonne mais souvent peu connues, après ça dépend de ta région, ton département, ta ville et leurs diverses politiques sociales. Il y a les CCAS, CDAS, CHRS,Mission locale qui sont récurrentes.

J'espère avoir pu t'aiguiller un peu

 

[Sarah-in-Wonderland]

Etant étudiante Educatrice de jeunes enfants (qui est également considéré comme un métier du social), je me sentais obligée de réagir !
Effectivement, quand je suis que je suis étudiante EJE, beaucoup pensent "Ah.. Oui ! Educateur spécialisé ?" Beh, non. Nous sommes des éducateurs différents. Comme le dit le témoignage, l'éducateur spécialisé travaille avec beaucoup de publics différents et fait face à des problématiques très diverses.
L'EJE ne travaille qu'auprès des enfants entre 0 et 7 ans, en difficulté sociale, physique et psychologique ou non. C'est à dire que l'on a autant notre place qu'en structure d'accueil petite enfance (crèche, multi-accueil...) qu'à l'aide sociale à l'enfance. Mais on ne "s'occupe" pas d'enfants. Nous sommes beaucoup sur le développement psycho-moteur et sur la psychologie de l'enfant. Nous mettons en place des activités pour que l'enfant découvre et expérimente ses propres capacités. Nous cherchons à comprendre, à partir des situations que l'on observe, où en est précisément l'enfant dans son développement pour répondre au mieux à ses besoins fondamentaux, affectifs...
Pour moi, chaque geste et chaque mot que dit l'enfant à un sens, et il faut l'analyser pour ensuite adapter ses actions et sa conduite envers l'enfant.

Je sais que ce que j'ai écrit est très court et pas forcément parlant, mais j'avais besoin de l'écrire !

Etant étudiante EJE, je me permets juste de dire qu'il y a une petite phrase qui me chiffonne.

"L'EJE ne travaille qu'auprès des enfants entre 0 et 7 ans." Je ne suis pas d'accord, nous accompagnons les enfants ET les familles.
De plus, les EJE qui travaillent dans la protection de l'enfance, le secteur du handicap ou encore en milieu hospitalier, etc. n'accompagnent pas que des jeunes enfants. Ils peuvent aussi accompagner des enfants plus âgés, des ados et des parents.

 

[coccithilde]

Je ne suis pas Educ Spé, je suis monitrice éducatrice, autant dire que sur le terrain, nous faisons exactement la même chose, chez moi en tout cas ^^
Je suis en Foyer pour adolescents placés par l'aide sociale à l'enfance. J'occupe ce poste depuis 4 petits mois (très peu me direz vous), et j'ai malheureusement déjà pu remarquer les limites du système, autant au niveau des moyens financiers qu'au niveau de l'équipe.
Il faut un mental de plomb pour parvenir à travailler dans ce domaine là. Pour moi, tout le monde n'est pas capable, et tout le monde ne DOIT pas pouvoir travailler avec un public aussi vulnérable qu'est le notre.
Je travaille quotidiennement avec des personnes qui n'aiment visiblement pas ce qu'elles font, sont blasées d'entendre des insultes à longueur de journées, sont fatiguées de devoir se battre contre des ados qui n'arrivent pas à se lever pour aller en cours, qui n'arrivent plus à se remettre en question et qui ont du mal à entendre un avis différent de la part de collègues... Oui, mais, c'est là le coeur de notre métier. On parle d'évolution, de remise en question quotidienne, oui, mais pour cela, il faut le vouloir.
Je pense que si l'on ne fait pas ce métier avec le coeur, avec envie, sincèrement, ce n'est pas possible et c'est au détriment des personnes que l'on accompagne...
Cela fait 1 an que je suis diplômée, je suis passionnée, j'ai besoin, envie de me remettre en question chaque jour, de réfléchir à chaque chose que je réalise et j'ai peur de devenir comme certains de mes collègues qui se sont installés dans une routine qui n'est en rien bénéfique pour nos jeunes.

C'était mon petit coup de gueule sur lequel je serai extrêmement ravie d'échanger avec certaines d'entre vous...

 

[Heaven_Angel]

@x-cocci
Je viens de lire ton message et j'ai toujours cette éternelle question : pourquoi distinguer les formations d'ES et de ME alors que sur le terrain, ils exercent majoritairement les mêmes compétences ? Cela renvoie à la réforme de la refonte des métiers du social !

J'effectue mon stage de 3ème au sein d'une MECS et c'est un stage de 7 mois. Cette MECS accueille 12 ados âgés de 13 à 17 ans. J'ai la chance de travailler avec une équipe jeune et dynamique, qui se remet régulièrement en question et qui est ouverte aux questionnements de l'Autre. Dans ma pensée, la remise en question de l'Autre, me renvoyée à un jugement mais grâce à ce stage, je comprend petit à petit que cela permet de faire avancer l'Autre dans sa pratique et d'exprimer le sens qui met à ses actions.

Je suis assez d'accord avec toi, lorsque tu dis que tout le monde ne peut travailler avec un public adolescent et de surcroit est placé au service de l'ASE ! Heureusement que nos métiers nous permettent d'avoir un champs d'intervention assez large !

J'espère également ne pas devenir plus tard, une professionnelle qui est blasée de travailler avec l'humain ! Si jamais cela arrive, j'espère que j'aurais la lucidité de ne pas continuer à travailler dans ce domaine au risque du détriment des personnes accompagnées. Après je peux également comprendre que des professionnels puissent continuer à travailler dans l'éducation spécialisée si elles ont connues que cela en tant qu'expérience professionnelle; c'est compliqué de se réorienter vers un autre domaine inconnu !