J'aimerais dire à Amélie, qu'elle n'est pas seule, et qu'il n'existe pas deux types de personnes, les extravertis et leurs discours de ministres, et les mal vus timides.
La première personne qui existe, c'est toi, la timidité remue pas mal la confiance en soi.
J'ai moi aussi été invisible, moi aussi besoin de m'isoler dans ma bulle pour cogiter, moi aussi la solitude m'angoisse, sauf depuis que j'arrive à alterner des moments pour moi, et des moments sociaux, de manière régulière, car lorsque je suis seule je suis avec moi-même, et c'est plutôt bien maintenant.
S'aimer soi est un pas pour se sentir mieux dans tout ce qu'on fait, vit, seul ou non.
J'ai mis des années pour ne pas me sentir oppressée dans la rue. Étrangement les inconnus me regardaient plus que les gens que je côtoyais toute la journée.
Le nombre de fois où on entend "ah, tu étais là ?"
Etant gosse j'errais dans la cour de récréation, seule, désespérée de ne pas être comme tout le monde, mais ne saisissant pas l'intérêt de leurs jeux étranges où on faisait semblant d'être mieux que les autres, et ces autres appréciaient. (Déjà toute petite la dictature et la supériorité c'était pas pour moi). S'adresser à quelqu'un, adulte ou enfant, était une épreuve, je me sentais tellement nulle et insignifiante.
Je suis passée par l'époque blagues drôles et moins drôles, pour me donner une contenance, pour m'entendre exister, et voir le sourire que cela provoquait en face de moi.
Encore aujourd'hui, beaucoup me collent une étiquette, sans vraiment savoir tout ce qu'il y a à l'intérieur, on n'a pas d'infos alors on prend le minimum et on juge. Je suis une neuneu faiblarde. Cool non ?
Je voudrais serrer fort mentalement tous les petits fantômes que nous sommes, et nous rappeler que nous ne sommes pas seuls, et qu'il faut profiter de nos atouts, après tout, tout dire, c'est tout dévoiler : )
Il y a des tas de moyens de s'exprimer autres que la parole, parfois, j'écris des petits bouts de papier aux gens, et ça les surprend, rarement de manière négative. Ça bouscule leurs habitudes du verbal constant. De bruit, de violence. Parce que parfois c'est violent.
Nos silences peuvent être aussi lourds que doux, aussi légers que pesants. C'est pareil avec les mots.
Il faut juste trouver la force d'avoir à peu près l'air comme tout le monde (pour ceux et celles que ça dérange beaucoup), mais sinon, merde hein, on a autant le droit de parler que le droit de se taire.
Être discret, moi, je trouve ça joli, poétique.
C'est beau.
C'est juste certaines explosions que je crains.
Quand c'est toute la vaisselle qui se casse la gueule en même temps, tu peux pas tout rattraper sans un peu de casse; mais bon, c'est la vie : )
La vie n'est ni rose, ni blanche, ni noire, elle se nuance sur beaucoup de choses. Que celui qui dit que tout est comme ci comme ça aille se mettre je ne sais quoi dans le derrière. Voilà.
Nous ne sommes pas des fantômes, nous sommes juste des ombres poétiques et discrètes, et au bout de chacune de ces ombres, il y a une charmante personne, unique, et particulière.
Ce n'est pas parce que tu ne parles pas, que tu n'existes pas.