Merci pour cet article !
Je trouves que le "syndrome de l'Inde" recouvre en effet quelque chose de beaucoup plus large, qui peut ne rien à voir avec le pays! Je vois d'ailleurs beaucoup de commentaire pour "défendre" sa culture, sa richesse et mettre en avant l'importance de l'ouverture d'esprit.
Je suis complètement d'accord avec ce qui a pu être dit également sur le fait que ce soit probablement profondément lier à la personnalité. Le syndrome de l'Inde, c'est probablement plus difficile de l'avoir à Bézouilli-les-Oies pour un Français mais ça doit exister.
J'ai fais toute mes études sur l'Asie, et après 1 an à Shanghai, pas mal de voyages dans la région je m'apprête à repartir pour 6 mois de stage. Et honnêtement, ça a beau n'être "que" 6 mois, cela me fait bien plus flipper que mon année d'échange universitaire (moins de structure, aucune connaissance sur place).
Pendant mon séjour en Chine, j'ai rencontré 3 profils : les super passionnés, les neutres/pragmatiques et les réfractaires total. Soyons honnêtes, j'ai été la première à me foutre de la gueule de ma coloc allemande quand elle faisait 5 supermarchés différents pour trouver la marque de pain de mie à laquelle elle était habituée ou quand elle s'enfermait dans sa chambre pendant des heures en refusant de voir la ville.
Mais avec le recul, la Chine tout comme l'Inde c'est peut être ce qu'il y a de plus éloigné de ce que nous connaissons : partout tu es considéré comme un étranger, l'odeur de plastique brûlé t'envahis les narines à ta sortie de la ville, tout comme la sensation d'être recouverte d'un voile de pollution et d'humidité. Et il est très facile de se sentir immensément seul dans une mégalopole de plusieurs millions d'habitants.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille de voir ce que Bernard Fernandez à écrit en 2011 "L'expatriation des occidentaux en Asie : de l'adaptation à l'acquisition de compétences culturelles spécifiques : en gros, tous les expats passeraient par plusieurs étapes d'adaptation - ce qui explique que la plupart des commentaires soulignent le passage d'un "palier", un certain laps de temps après lequel ça va mieux. Sur les blogs d'expats chinois, un vieux gimick est de dire qu'au bout de 3 ans, "la Chine tu l'épouse ou tu la quitte".
J'ai appris moi-même à mettre en place des stratégies pour faire face au "bad china day" comme moi et les colocs les surnomions. En voilà une petite liste non-exhaustive
- Savoir reconnaitre les coups de blues et ses limites : Pas la peine de culpabiliser de ne pas faire un voyage en train de 65h sans toilettes ou de juste ne pas avoir envie de se balader aujourd'hui. Le pays dans lequel vous vivez/que vous visiter ne va pas s'envoler. De plus en plus, on se sent la pression de vouloir tout faire, tout voir (et tout mettre sur les réseaux sociaux). Partie seule à Bangkok je me suis retrouvée avec un programme de visites surchargé qui m'épuisait. J'ai fini par libérer une journée entière ... pour aller au spa. Alors oui, des spas il y en aussi en France : mais à ce moment là, c'était la récupération qu'il me fallait pour apprécier mon voyage. Pendant mon année en Chine, regarder des séries frenchies genre Kaamelott ou Fais pas ci Fais pas ça en mangeant une baguette dégueu de Carrefour me remettait déjà un peu d'aplomb. Je suis d'ailleurs complètement d'accord avec l'article sur la nécessité de définir son type de voyage : ceux qui se moqueront de vous parce que vous prenez uniquement des hôtels avec salles de bains privatives n'ont jamais vu l'état des toilettes d'une auberge de jeunesse vietnamienne un lendemain de grosse soirée. C'est OK 2 fois, pas trois ...
- Savoir s'entourer de soutiens : J'étais partie avec l'idée de ne vivre qu'avec des Chinois, ne parler que Chinois, et ne faire que des choses "authentiques" pendant un an. A la fin, vivre dans une coloc avec un mélange d'expats et de Chinois est probablement la meilleure idée que j'ai eu ! Plus la culture est proche, plus il est facile de communiquer. En rajoutant à la barrière de la langue celle d'une façon de socialiser complètement différente, se faire des amis chez les locaux peut être loin et laborieux. Et en cas de coup dur ou de coup de blues, c'est d'amis dont on a besoin.
- Garder et entretenir ses liens avec la maison :Le retour est souvent un choc, parfois même plus que l'arrivée. Préparer votre retour (est ce que quelqu'un vient vous cherchez ? Que faire la première semaine) mais gardez aussi contact avec vos amis sur place : autant de gens pour écouter vos histoires de voyages quand vous êtes sur place que d'amis à retrouver en rentrant !