J'ai visité les camps de la mort d'Auschwitz-Birkenau

[ielosubmarine]

je voudrais pas faire mon emmerdeuse mais... c'est impossible qu'on y ait pratiqué l'expérience de Milgram car elle a été faite par ce dernier en 1960. (parenthèse chieuse tatillonne fermée)

Sinon oui, Mengele (le "médecin" de Auschwitz) était un monstre fasciné par les jumeaux sur lesquels il a pratiqué tout un tas d'atrocités... un "monstre"? non, Comme Hannah Arendt, je me contenterai de voir cela comme la banalité du mal ce qui est au fond beaucoup moins dangereux.

oh j'oubliais: un autre musée à visiter, celui de Jérusalem! il est absolument incroyable et bouleversant

 

[Caliodë]

je voudrais pas faire mon emmerdeuse mais... c'est impossible qu'on y ait pratiqué l'expérience de Milgram car elle a été faite par ce dernier en 1960. (parenthèse chieuse tatillonne fermée)

Sinon oui, Mengele (le "médecin" de Auschwitz) était un monstre fasciné par les jumeaux sur lesquels il a pratiqué tout un tas d'atrocités... un "monstre"? non, Comme Hannah Arendt, je me contenterai de voir cela comme la banalité du mal ce qui est au fond beaucoup moins dangereux.

oh j'oubliais: un autre musée à visiter, celui de Jérusalem! il est absolument incroyable et bouleversant

Je parlais évidemment de la guide qui nous a "justifié" le comportement d'obéissance en expliquant l'experience de Milgram, et non pas des Nazis qui l'auraient fait.

Pour ce qui est du médecin, c'est vrai, il a fait des atrocités...

 

[Erinora]

Caliodë Merci pour ce témoignage, merci beaucoup.
Pour avoir moi-même visité à deux reprises différentes Auschwitz, dans deux contextes bien différents, je sais qu'il est très dur d'en parler... De mettre des mots sur ce que l'on ressent là-bas.

La première fois j'étais en troisième, on avait 15 ans, c'était notre projet sur l'année. On s'est beaucoup documentés, on a eu la chance d'avoir plusieurs témoignages, et d'être accompagnée par une ancienne déportée, notre guide privilégiée. C'était en février, il faisait atrocement froid, la neige recouvrait le moindre espace, la mort semblait être partout.
La deuxième fois on a fait l'aller-retour sur une journée à partir de la France, j'étai en terminale et pourtant... Avec des gens tellement immatures qui avaient l'impression d'aller à walt disney parce que 'ouais trop cool, on prend l'avion" et qui ont sorti tout le long de la journée des conneries plus grosses qu'eux... "oh ça existe en vraii" "j'avoue c'est triste mais pas au point d'en pleurer"... En plus de cela, il n'y avait pas de neige, mais de l'herbe, ce qui rendait l'endroit atrocement vivant.

Après mon premier voyage que je considérerai comme l'unique véritable vu la façon dont le deuxième s'est déroulé, je n'ai jamais trouvé les mots, je n'en ai jamais parlé... et comme les émotions sont élastiques, et qu'on finit toujours par avoir des retours de flamme de ce que l'on garde en nous... Je suis devenue hyper sensible face à ce sujet, et des films comme la rafle, elle s'appelait Sarah, ou moins récemment La liste de Schindler, me mettent dans des états incroyables.

Je trouve ça pourtant tellement important de ne pas taire ce genre d'expériences et de les faire partager autour de soi, même si on ne comprendra jamais totalement tant qu'on y aura pas mis les pieds...

 

[ielosubmarine]

Je parlais évidemment de la guide qui nous a "justifié" le comportement d'obéissance en expliquant l'experience de Milgram, et non pas des Nazis qui l'auraient fait.

Pour ce qui est du médecin, c'est vrai, il a fait des atrocités...

Autant pour moi, j'avais mal compris! Merci de l'éclaircissement!

 

[Caliodë]

@Caliodë Merci pour ce témoignage, merci beaucoup.
Pour avoir moi-même visité à deux reprises différentes Auschwitz, dans deux contextes bien différents, je sais qu'il est très dur d'en parler... De mettre des mots sur ce que l'on ressent là-bas.

La première fois j'étais en troisième, on avait 15 ans, c'était notre projet sur l'année. On s'est beaucoup documentés, on a eu la chance d'avoir plusieurs témoignages, et d'être accompagnée par une ancienne déportée, notre guide privilégiée. C'était en février, il faisait atrocement froid, la neige recouvrait le moindre espace, la mort semblait être partout.
La deuxième fois on a fait l'aller-retour sur une journée à partir de la France, j'étai en terminale et pourtant... Avec des gens tellement immatures qui avaient l'impression d'aller à walt disney parce que 'ouais trop cool, on prend l'avion" et qui ont sorti tout le long de la journée des conneries plus grosses qu'eux... "oh ça existe en vraii" "j'avoue c'est triste mais pas au point d'en pleurer"... En plus de cela, il n'y avait pas de neige, mais de l'herbe, ce qui rendait l'endroit atrocement vivant.

Après mon premier voyage que je considérerai comme l'unique véritable vu la façon dont le deuxième s'est déroulé, je n'ai jamais trouvé les mots, je n'en ai jamais parlé... et comme les émotions sont élastiques, et qu'on finit toujours par avoir des retours de flamme de ce que l'on garde en nous... Je suis devenue hyper sensible face à ce sujet, et des films comme la rafle, elle s'appelait Sarah, ou moins récemment La liste de Schindler, me mettent dans des états incroyables.

Je trouve ça pourtant tellement important de ne pas taire ce genre d'expériences et de les faire partager autour de soi, même si on ne comprendra jamais totalement tant qu'on y aura pas mis les pieds...

Merci
Pour ce qui est des réactions immatures, je pense qu'on réagit tous différemment les uns des autres, et différement à l'exterieur et à l'interieur (et différemment pendant et après) (et différemment en public et seul). Bref, les réflexions ne me choquent pas en tant que telles. Ca peut même être un moyen de mettre de la distance entre ce que l'on voit et ce que l'on ressent. (d'ailleurs, au début, moi aussi je me suis dit que ouais, c'était triste, mais pas au point d'en pleurer. Bon puis j'ai fini par pleurer 5 mois plus tard) mais c'est vrai que le respect des autres EXIGE qu'on ne dise pas ce genre de choses à voix hautes...
Enfin, si le monde était fait de respect, on s'en serait rendu compte depuis longtemps !

 

[e.g.]

Tres beau recit que j'ai lu les larmes aux yeux.
Je ne supporte pas la souffrance que l'on inflige aux autres ...
J'avais vu en cours d'histoire, quand j'etais en terminale, le film "Nuit et brouillard" realise' par Alain Resnais et j'avais failli tourner de l'oeil en voyant comment les gens etaient traites. (certaines personnes avaient du sortir de la classe).
Je ne sais pas si j'aurai la force un jour de voir de mes propres yeux Auschwitz.
Je suis allee a' Okinawa, et la' bas il reste aussi beaucoup de vestiges de la Seconde Guerre Mondiale.
J'avais visite' le quartier general sous terrain que la Marine Imperiale japonaise ... quelques 800 metres de galeries, et je me rappelle d'une "piece" ou' l'on s'etait arretes et ou' notre guide nous avait racconte' que dans cette piece beaucoup de gens s'y etaient suicides...
Je suis egalement allee a' Hiroshima, pour la premiere fois, le 6 aout 2011... pour la commemoration de la Bombe atomique. Je ne sais pas si il y a des madz qui sont deja' allees a' Hiroshima, C'est une ville saisissante, et ou' on y voit le dome de la Bombe atomique ...
Bref, tout comme ce recit, avoir vu toutes ces choses m'a rendue plus humaine ... meme si je me demande encore pourquoi aujourd'hui on arrive a' voir autant de violence et de haine ...

 

[Shoshana]

J'ai lu des tonnes de livres là-dessus mais je sais pas si je supporterait de... voir. En même temps eux ont eu la force de le vivre, alors ce serait le moindre des respects que de surmonter son dégoût.
Ce que tu as dit sur l'animalité de l'Homme et ton questionnement sur la nature de l'Homme m'a beaucoup fait réfléchir. Si c'est un homme, de Primo Lévi, décrit la vie dans les camps sans omettre aucun détails, avec une certaine distance pour n'accuser personne mais simplement décrire avec les faits ce qu'il s'est passé.
Primo Lévi a aussi parlé de cette animalité, de cette inhumanité, à la fois du bourreau, soumis à ses instincts animaliers de meurtre et d'opression et de la victime qui, à force d'être traitée comme un animal, en prend toutes les caractéristiques.
La question est : est-ce qu'ils restent toujours des hommes, malgré ce qu'ils deviennent ?
Primo Lévi y répond avec simplicité et honneur.

 

[Caliodë]

Je suis allée a Auschwitz il y a deja quelques années avec ma famille, et je trouvais vraiment dommage qu´ils aient trop forcés sur le coté "touristique" du camp ( je me souviens d´une des "baraques" avec pleins de néons bleus dans tous les sens..ca faisait futuriste, faux, et je trouvais ca plutot irrespectueux pour un tel lieu). Sinon la visite marque vraiment les esprits a mon avis.
A Varsovie, il y a le Musée de l´Insurrection, qui est très bien fait, très bouleversant (meme en le visitant 2 fois) qui merite d´etre vu.

Je n'ai pas vu cet endroit avec les néons bleus. Mais je peux comprendre que tu ais trouvé ça anormal.
Ensuite, je pense qu'ils ont fait leur possible pour permettre aux nombreuses personnes qui viennent de visiter sans pour autant dénaturer le site ou manquer de respect au lieu. Mais ça dépend probablement du nombre de personnes le jour où tu y vas et du guide que tu as.
La mienne était vraiment super.

 

[Maggi'N'Glorious]

@Caliodë & @CheeseCakeFactory  : Je suis allée visiter Auschwitz il y a 3 semaines, sous la pluie, le vent et toute une atmosphère morbide et vous savez ce qui m'a la plus choquée ? Ce sont les gens.

Ces gens, qui viennent ici en sachant ce qui s'y est passé mais qui se prennent en photo devant les baraquements. Un couple, demandant à une autre personne de les prendre en photo, enlacés et presque souriants sous le fameux "Arbeit Macht Frei". Ou en encore devant la cloche qui sonnait le rassemblement, juste à côté du portique de pendaison.

Les exemples sont nombreux mais en tout cas, ça m'a mise hors de moi, et en entrant dans la chambre à gaz du premier camp, je n'ai pas pu m'empêcher de mettre ça en relation : alors que des milliers de personnes ont franchies ces grilles pour y être humiliées, torturées, abattues comme des animaux; eux ont la chance d'être libres, d'avoir du temps et en profitent pour prendre la pause.

Surtout qu'en théorie les appareils photos sont interdits, mais bon, moi je dis ça je dis rien.

 

[Antiochus]

Je me suis toujours demandée si j'aurais un jour le courage d'y aller.
Et je ne pense pas.

En bonne alsacienne, j'ai fait chaque année la visite d'un "simple" camp de concentration, le Struthof. Et à chaque fois, je n'ai pas supporté. Je me suis évanouie près des fours, j'avais l'impression d'entendre les prisonniers souffrir et crier, c'était affreux.

Il y a aussi un musée qui retrace l'histoire du nazisme et celle du camp. Il y a une pièce spéciale dédiée à la montée du nazisme, avec lampes rouges, vidéos partout, discours diffusés. Je crois que le but est de nous mettre à la place des Allemands en 1933 : étouffés par les discours sur la rôle supérieur de l'Allemagne, prenant par physiquement, via le salut nazi, à cette "gloire" allemande. Musique pompeuse, marche militaire fière. A ce moment-là, je me suis dit : on a dressé l'Allemand contre les autres et pour sa propre gloire. Et c'était diablement efficace. Je suis restée 5 minutes dans cette pièce, ça m'a suffit. Je n'ose pas imaginer les effets sur les jeunes Allemands qui l'ont vécu pendant 12 ans.

(En fait, c'est complètement HS )