Je n'ai pas regardé la vidéo, le descriptif m'a largement suffi. (Merci pour l'avertissement !)
C'est une question qui me préoccupe beaucoup : que faire en tant que témoin et que faire en tant que victime ?
- J'ai été victime de menaces puis d'agression quelques jours plus tard (par le même gars que j'avais "osé" quitter quelques mois plus tôt). Dans le cas des menaces plusieurs témoins, pas de réaction. J'ai compris par la suite que c'était la présence des témoins qui avait néanmoins empêché cet agresseur d'agir. Quelques jours plus tard pas de témoin, enfin un seul, devant sa maison a vu les commencements: les insultes de sa part, les "laisse-moi tranquille" et "ne me touche pas" de la mienne. Mais il y a moi aussi, qui n'ai pas eu la bonne réaction : j'aurais dû aller vers un lieu public - il y avait un supermarché pas loin - et y rester, et interpeller les gens. Au lieu de ça, j'ai continué de marcher vers la gare (assez déserte, ce n'est pas un arrêt "principal") : c'était moi qui voulait être à l'heure pour mon train ! (comme l'a pointé ma psy c'était aussi un réflexe de protection : garder ce focus, cette direction.) Le bon point c'est qu'il y avait aussi un bureau de police que je savais fermé le samedi mais qu'il croyait ouvert - il s'est barré. Mon manque de réaction tient aussi au fait que j'ai mis du temps à réaliser ce qui se passait et comment ça pouvait tourner. Ce n'est que quand il y a eu des coups que j'ai percuté (mais j'étais toujours
sidérée).
Désormais, je note :
aller vers les lieux publics et interpeller les gens, leur demander d'appeler la police, par ex.
- J'ai été témoin : un homme insultait sa copine/conjointe/soeur (?) et voulait qu'elle monte dans la voiture - contexte très public, jour de marché. Je ne savais pas que faire. J'ai approché et j'ai regardé, je veux dire que j'ai pas fait genre, je te vois pas, je fais comme ci ça n'existait pas... j'ai montré que je le voyais faire. Il a arrêté de l'insulter, il est monté dans sa voiture... puis elle est montée aussi.
- J'ai été témoin : un homme qui faisait la manche (en baratinant) puis qui a été vers des lutins (scouts-filles de 8 à 12 ans) assises sur un banc : mains sur leur genoux/cuisses, bisous, caresse sur la joue... mais leur animatrice était là, sans réaction ... enfin, elle a visiblement appelé une autre animatrice qui est venue la rejoindre puis elles sont parties avec les filles. Et moi mon cerveau a buggé... j'étais à la fois choquée et paralysée, ça hurlait dans ma tête mais sans trouver la réaction adéquate... ce n'est qu'après coup que je me suis dit que j'aurais pu lui dire que soit il se barrait, soit j'appelais la police.
Bref, je comprends la non réaction des témoins :
il y a un effet de sidération, d'irréalité (non, c'est pas possible, il n'est quand même pas en train de l'agresser devant tout le monde...???), et aussi même quand on réalise qu'il y a un problème,
le cerveau, sous l'effet de la panique, ne trouve pas de réaction adéquate... C'est pour ça qu'il est important de sortir du silence, que des choses comme le "
projet crocodile" ou
le livre d'Irène Zeilinger (en cours de lecture :-)) ou tout ce qui s'exprime sur Madmoizelle existent (et qu'on les lisent!). Histoire que le cerveau trouve la bonne réaction au moment opportun.
J'ai aussi interpellé une psy qui est spécialisée dans les violences intrafamiliales : comment réagir? J'ai raconté les deux histoires dont j'ai été témoin. Alors je transmets ici ce qu'elle m'a dit :
- d'abord, ne pas se mettre en danger.
- dans les affaires privées (cf. 1e cas), c'est délicat : tant que la victime ne prend pas conscience qu'il y a un problème et que l'agresseur est en tort, on risque aussi bien de se faire agresser ... par la victime : "mêle-toi de tes affaires!". Elle m'a évoqué plusieurs situations où elle a réagi voire appelé la police... puis la victime repart avec son bourreau.
- dans le 2e cas, appeler la police est effectivement le bon plan, et éventuellement interpeller l'animatrice : lui indiquer que si elle ne réagit pas je contacterais son unité ou quelque chose comme ça.
Globalement, elle insistait sur
l'absence de recette, de méthode bonne pour toute situation. C'est donc toujours au cas par cas...
Je trouve capital qu'on parle, qu'on sorte de ce silence consentant, qu'on parle des agressions (quelque que soit échelle !) et de la passivité des témoins. Mais je ne trouve pas que ce soit simple ! Il ne suffit pas de dire "il faut que les témoins réagissent" (voire "quelle bande de connards/lâches d'être restés sans réagir"), car, en tant que témoin,
il ne suffit pas de trouver le courage d'agir, il faut trouver comment réagir. (Dans ce sens, merci Irène!)
Une désapprobation publique et claire de toute forme d'agression me paraît également essentielle. Or, sans développer, on en est loin ! Par ex, on trouve normal de "critiquer" des hommes et femmes politiques en parlant de leur physique (Sarko il est petit, Hollande il est gros (?!), Najat Vallaud Belkacem est bien roulée et c'est pour ça qu'elle a eu une
promotion, bidule est moche, etc.). Du coup, pour faire passer un message anti-agression (y compris vis-à-vis du harcèlement de rue par ex), c'est pas gagné.