J'ai d'abord envie de rebondir sur "cet homme n'est pas un salaud". Ah non ? Je suis peut-être trop dure, mais pour moi chacune des personnes présentes dans ce wagon qui ne fait rien pour intervenir est un sal*ud/une sal*pe (oui, même la dame d'un certain âge. elle peut très bien appeler les flics)
A mes yeux toute personne témoin d'un viol et qui fait comme si de rien n'était est un sal*ud/une sal*pe. Le type a perdu l'illusion qu'il était quelqu'un de bien ? Bouhou, pauvre chou. Il ne tenait qu'à lui d'en être un.
Je ne sais pas comment je réagirais, mais j'aime à penser que j'aurais une réaction. Ne serait-ce qu'appeler la police.
Je pense que quand on est face à une agression, en tant que témoin, déjà on peut être pris-e de peur, de sidération et c'est normal d'avoir peur c'est d'ailleurs le but même de l'agression, l'agresseur tente d'instaurer un climat de peur pour pouvoir agir. Evidemment que c'est un énorme problème que les gens ne réagissent pas, mais je pense que la culpabilisation des témoins ne résoudra pas le problème, ce qu'il faut c'est travailler sur cette peur pour la dépasser, et ce n'est pas évident, je pense que ça passe par l'éducation, la formation à des techniques d'auto-défense etc. Il n'y a pas que la peur dans la non-intervention des témoins, on peut entendre aussi des "ça ne me regarde pas", "c'est une affaire privée" etc, et là on touche aux fondements du patriarcat et c'est vraiment un travail de fond à faire pour expliquer que non, le viol et la culture de viol, on doit toutes et tous s'y attaquer, aucune violence n'est tolérable. Ensuite, je reviens au premier point, en auto-défense féministe on t'apprend à transformer cette peur. Tout d'abord on te dit bien que cette peur, elle est normale, c'est juste humain, et on t'apprend alors des techniques pour ne pas se laisser envahir par cette peur et pouvoir alors réagir. Il y a le fait d'appeler la police bien sûr, mais il y a aussi des techniques pour essayer de désamorcer la situation, parce que le temps que la police arrive, l'agression se poursuit et on peut tenter d'agir sachant qu'il faut toujours analyser la situation et le danger pour agir efficacement, cela peut se faire en quelques secondes. Le but de l'auto-défense en tant que témoin, c'est de pouvoir éviter que plus de personnes encore soient agressées par l'agresseur qui agit à ce moment-là et de pouvoir protéger la personne qui est agressée, donc il faut se protéger soi-même aussi et ne pas y aller frontalement dans un premier temps. Pour ne pas y aller frontalement mais agir quand même, dans le cas du harcèlement de rue par exemple, si tu vois une femme être harcelée et que tu veux intervenir, ne t'adresse jamais directement à l'agresseur, adresse-toi à la personne agressée, va vers elle et fait semblant que tu la connais "salut, ça fait une éternité que l'on ne s'est pas vues, tu deviens quoi ?" et même si la victime ne capte pas tout de suite ce que tu fais, prends en compte le fait qu'elle est saisie également par la peur et continue de parler avec elle comme si c'était ton amie, ça aura pour effet de destabiliser le harceleur et progressivement de rassurer la personne agressée. Progressivement et doucement, tu te places physiquement entre l'agresseur et l'agressée, dans le cas où celui-ci ne frappe pas, s'il s'agit de violences physiques, y aller seul-e ne sert à rien si tu sais que tu n'as pas le rapport de force nécessaire et il y aura une victime de plus et tu ne pourras pas empêcher l'agression, donc dans le cas de violences physiques ou si le harcèlement verbal se poursuit malgré tes tentatives de l'arrêter, il faut y aller à plusieurs. La plupart du temps, les gens n'osent pas agir, mais si une personne leur fait signe d'y aller avec elle, ils et elles bougeront immédiatement parce que le nombre peut faire la force et elles n'attendaient que que quelqu'un-e prenne l'initiative. Donc adresses-toi aux personnes qui t'entourent s'il y en a, dans le métro ou sur une place publique par exemple, en leur disant "vous, vous et vous, venez avec moi, il faut qu'on réagisse" et demande à une personne de téléphoner à la police. Il faut prendre en considération que les personnes témoins ont peur et que si toi tu arrives à dépasser cette peur et à agir, leur dire quoi faire va leur permettre de sortir de l'état de sidération dans lequel elles se trouvent. Après, ces deux petites techniques ne marchent pas toujours, après il y a des techniques pour apprendre à (se) défendre physiquement mais il y a encore trop peu de cours d'auto défense féministe.... En tout cas, je pense que ça ne sert à rien de culpabiliser les témoins qui ne réagissent pas, ce qu'il faut c'est travailler sur le pourquoi elles n'ont pas réagi je pense.