J'arrive un peu comme un chien au milieu d'un jeu de quilles parce que je ne suis pas vraiment concernée par la problématique. J'ai un peu cliqué sur l'article par pure curiosité, parce que je voulais comprendre comment c'était même possible, d'être obsédé par ses notes, et quelle forme cela prenait.
AVERTISSEMENT : je m'exprime de façon brute de décoffrage, mais mon intention n'est pas de blesser ni de critiquer qui que ce soit. Vous pouvez me dire si je suis trop brutale, hein
Ma réflexion est plutôt d'ordre général qu'axée sur les notes et les résultats scolaires/universitaires en particulier : j'ai l'impression de voir ENORMEMENT de monde autour de moi qui se rend malheureux "tout seul" pour des raisons qui n'en valent pas la peine.
La plus répandue de ces raisons étant pour moi un besoin de "reconnaissance" par les autres. Oui, l'être humain est un animal social, on vit en communauté et on fonctionne en interaction avec les autres, MAIS ça ne devrait pas empêcher, je pense, de rester un peu "égoïste", de se garder son jardin secret, de décider de vivre son bien-être pour soi-même.
L'auteure du témoignage, par exemple, utilise des expressions du style (je m'excuse pour la liste à puce et la présentation sèchement méthodique) :
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je me suis sentie terriblement banale / rien d’exceptionnel en soi / le petit truc qui me rendait particulière, pour ne pas devenir « banale » -> où est le mal à être banale ? Pourquoi vouloir à tout prix être exceptionnelle ou particulière ? Pour quoi, pour qui ? Par rapport à quoi, par rapport à qui ?
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Je suis quoi à côté d’eux ? J’ai quoi de plus qu’eux ? -> pourquoi se comparer aux autres, à ses amis qui plus est ? Pourquoi est-ce un but d'être "plus" que les autres ? Plus "douée" quand il s'agit des notes scolaires comme ici, mais de manière plus générale, on dirait que tout le monde veut être "plus" que les autres - plus doué, plus riche, plus original, plus fifou, plus rebelle, plus stylé, plus populaire, plus épanoui... Pourquoi on pourrait pas vivre nos vies les uns à côté des autres sans se comparer en permanence?
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On peut devenir quelqu'un sans ... -> on est déjà tous quelqu'un. Je suis quelqu'un, toi qui me lis tu es aussi quelqu'un, et la Mad du témoignage itou. L'expression "devenir quelqu'un" sous-entend évidemment "quelqu'un de particulier" et on retombe sur cette notion de se distinguer de la masse.
Alors là c'est peut-être mon côté "vieille conne" qui ressurgit, mais je peux pas m'empêcher de penser à la compétition galopante sur les réseaux sociaux, aux supers-albums postés sur Facebook, aux photos Instagram et compagnie, qui sont rarement représentatives de la réalité et qui sont validées par les "Like" d'autres personnes, et pour simplifier (et caricaturer) j'ai l'impression que dans la vie générale à l'heure actuelle, et tout particulièrement sur les réseaux sociaux, on nage dans une cacophonie de "regardez comment ma vie elle est trop cool / comment je suis trop cool / trop épanoui(e) / comment j'ai trop bien réussi dans la life" et de "regardez-moi / aimez-moi / likez-moi / remarquez-moi / validez mon existence par vos like et vos retweets et vos commentaires" et je trouve ça terrible.
- Terriblement pathétique, d'une part - j'ai bien parlé de mon côté "vieille conne" hein, j'ai essayé de prévenir. Je comprends pas comment on peut avoir besoin à ce point-là du regard des autres pour exister et/ou comment on peut en souffrir à ce point si ledit regard n'est pas suffisamment admiratif ou valorisant. Mais pas conne au point de pas réaliser que j'ai énormément de chance de simplement être une personne qui ne se soucie pas du regard des autres, donc le côté agressif du mot "pathétique" est à nuancer - c'est la situation qui est pathétique, pas les gens dans cette situation qui, eux, en sont souvent victimes et qui en souffrent, ce qui m'amène à :
- Terriblement triste, d'autre part. Vu les témoignages et les réactions, il y a beaucoup de monde qui souffre de ce genre de problèmes. J'ai parlé des réseaux sociaux, mais au collège déjà, quand personne d'entre nous n'avait même une malheureuse adresse mail, il y avait déjà une dynamique de compétition et de popularité, et "la meuf la plus mignonne" se serait effondrée si elle avait perdu son titre un jour, et "le gars le plus rebelle" aurait pour rien au monde arrêté de jouer la provoc' etc. parce qu'il avait peur lui aussi de perdre son titre - même si pour le conserver, ce titre, il passait un paquet de mercredis après-midis en colle.
Alors c'est sûrement très très illusoire de vouloir renverser la tendance, je pense que les êtres humains arrêteront jamais de s'entre-regarder et de s'entre-comparer, mais c'est important de le faire dans la bienveillance envers soi-même comme les autres, et de toujours garder à l'esprit que ce qui importe, c'est d'être épanoui, pas que les autres pensent qu'on l'est !!
Comme l'a si bien dit Croquelicot, finalement :
Bref, le "niveau" de bonheur dans la vie avec l'expérience que j'en ai, est au final bien plus corrélée aux passions (tant mieux si on la transforme en métier !), à la vie sociale, au développement personnel, qu'à un concours ou être major de promo
Pour finir, plein plein de courage aux Madz qui galèrent avec ces problèmes. N'oubliez pas d'être bienveillantes envers vous-même et de prendre le temps de vous demander pourquoi et pour qui vous faites ce que vous faites !