Bonsoir à tous-tes !
Shield;3562117 a dit :
Je crois que le viol est beaucoup plus tabou que le meurtre et qu'au final ça craint parce que ça crée des sentiments ambigus et des relations biaisées et méfiantes entre les personnes.
Précisément ! C'est précisément le problème, à mon sens. Parce que le viol est tabou, "mal défini" au sens où la victime tend un peu trop souvent à devoir se défendre (à mon avis très humble), il faut être prudent dans ses représentations.
Même si le meurtre n'est pas reconnu dans les guerres, le fait de tuer un autre être humain reste tout autant
moralement répréhensible. Or le viol connaît tout un tas de fausses "circonstances atténuantes", toutes à charge contre la victime ! "Fallait pas s'habiller sexy", "fallait pas boire", "fallait pas marcher seule", "fallait te défendre, enfin !"
De fait, je préfèrerais que le viol soit universellement condamné, moralement (et pénalement quand on arrive à le prouver, comme un meurtre !) ensuite on pourra le mettre en scène dans les fictions, pour le rajouter à ces interdits fondamentaux qu'on transgresse dans nos fantasmes ; mais le viol n'est pas un "interdit fondamental", il est flou. Il est tabou, tu l'as bien dit.
J'avais lu un article (si je le retrouve, j'edit) qui parlait d'une enquête sociologique sur le viol et le consentement. Les résultats donnaient que pour 60% des hommes, ce qui les retiennent de violer une femme, ce sont uniquement les conséquences pénales. Je veux dire, moi je ne tue pas mon voisin non pas parce que je vais aller en prison, mais d'abord parce que j'ai intériorisé que c'était mal de tuer. Cette enquête montrait qu'en fait, les hommes (dans une proportion assez hallucinante) n'ont pas intériorisé l'interdit du viol.
C'est ça qui me dérange. Si c'est vrai (bon, c'est une enquête sociologique, hein !
) c'est flippant.
Est-ce qu'on est d'accord sur le fond ? Je ne suis pas toujours claire dans mes écrits,
Shield;3562117 a dit :
Ensuite le fantasme du viol, ça n'a juste rien à voir avec la choucroute à mes yeux. Un homme ou une femme peut fantasmer sur le viol/être violé, comme il/elle peut fantasmer sur la zoophilie. Ce qui est important, c'est de savoir faire la part des choses entre la réalité et le fantasme. Un fantasme de viol, ce n'est pas un viol. Personnellement je fais très bien la part des choses entre ma volonté de souffrir ou d'être malmenée par mon partenaire et ma volonté d'être libre dans la vie.
Qu'une femme fantasme d'être violée --> cool pour elle
Qu'un homme fantasme de violer une femme --> ça me dérange à peu près autant que de fantasmer de tuer quelqu'un ...
Il ne s'agit pas de "policer" les fantasmes ; juste d'être bien clair sur ce qui est acceptable ou non... Se passer du consentement du partenaire --> pas acceptable.
Shield;3562117 a dit :
Et les jeux de guerre, alors? Après tout, dans une guerre, il y a de réels meurtres et pourtant ils ne sont pas considérés comme des homicides, ils ne sont pas condamnés (contrairement au fait de déserter d'ailleurs!). Quant aux mutilations physiques, rappelons qu'elles ne sont pas condamnées partout et que la torture psychologique est une chose très présente dans nos sociétés, viol ou pas. Bref : quelle universalité exactement? Cette argument ne tient pas la route à mes yeux.
Sauf qu'on ne va pas dire que les victimes de mutilations ou de torture "l'ont cherché", ou ont, par leur comportement ou leur attitude, 'mérité' ce qui leur est arrivé.
En temps de guerre, quand des soldats tuent des civils, on a tendance à s'en émouvoir un peu ; quand des soldats tuent des soldats, on s'en émeut aussi (j'ai pas eu l'impression que les funérailles des soldats français tués en Afghanistan se soient passées dans l'indifférence), donc il y a autour de ces agissements criminels à minima une compassion pour les victimes (parfois des conséquences pour les 'coupables').
Quant au viol... ça dépend, si la fille couche à droite à gauche et allume des mecs... Si c'est une prostituée, n'en parlons même pas ! Elle est payée pour, nan ?
Un meurtre est un meurtre peu importent les circonstances (jalousie, provocation, guerre...) La réponse
juridique apportée au meurtre dépend des circonstances. Le problème avec le viol, c'est que
sa définition dépendrait des circonstances ! de la victime ! ("elle est trop moche pour se faire violer ! Elle ment" !
) Ne parlons même pas des pays/des cultures où le mari a tous les droits sur sa femme... C'est de cette "universalité"-là que je parle quand je distingue le viol du meurtre.
Voilà, c'est ça le fond de ma pensée ;
(je surkiffe ce smiley)