Ramya;3568911 a dit :Le problème du viol c'est qu'il est soit:
- Présenté comme un acte dont aucune victime ne se remet (peur des hommes, de l'extérieur et de la sexualité) et que dans le cas contraire c'est qu'au fond il/elle était consentant-e.
- Présenté comme quelque chose d'excitant, ce qui est un amalgame avec le sexe brutal ou un fantasme de domination mais qui est parfaitement maitrisé et consentant.
- Dans le cas des Rape & Revenge Movies, présenté de façon à ce que la victime ait toujours la possibilité de se défendre (très souvent par la violence). Si elle ne le fait pas c'est qu'au fond elle l'a bien cherché e/ou qu'elle était consentante.
Aucune de ces situation n'est réaliste/obligatoire et résultent d'une vision très masculine dont le viol est un concept un peu lointain (90% des victimes sont des femmes et 99% des agresseurs des hommes).
Ce n'est pas gênant d'esthétiser le meurtre parce qu'il est unanimement condamné, à l'inverse du viol.
Pour moi, les deux notions que tu as exprimé sont liées. Le viol n'est jamais représenté de manière réaliste, toujours esthétisé (les victimes ont une pauvre griffure vaguement sexy, jamais d'hématomes au visage par exemple) et, en plus, il est abondamment utilisé dans beaucoup de médias.
Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis. On part trop du principe que si une victime se remet d'un viol, c'est qu'au fond, elle n'a pas été traumatisée, et que, cochonne et perverse qu'elle est, elle a du bien kiffer ce qu'il lui est arrivé. C'est complètement idiot, comme réflexion, étant donné que tout le monde ne vit pas avec le même capital de "force psychologique", tout le monde n'appréhende pas les évènements de la même façon, etc. Après, tout dépend aussi de la définition du viol, hein, parce que des femmes qui se font violer par leur conjoint, ça existe aussi, mais on n'en parle beaucoup moins, parce qu'il y'a un peu trop cette idée de "devoir conjugal". Sauf qu'on est plus au Moyen Âge, et que le droit de cuissage, ça n'existe plus. En France en tout cas.
On peut aimer le sexe brutal, la domination, la brutalité dans les rapports, mais il faut souligner que dans ce cas, les deux partenaires sont consentants. Et là se pose à mon avis une question à laquelle je n'avais pas pensé auparavant : est-ce qu'une femme qui a la réputation d'aimer ce genre de relations sexuelles mérite plus qu'une autre d'être violée, puisqu'elle risque d'aimer ça ? Non, non, et re-non, étant donné que si elle aime la domination, éventuellement la mise en scène du viol, c'est aussi parce que c'est avec un partenaire consentant en qui elle a confiance, dont elle sait que si elle dit "stop", il arrêtera et ne cherchera pas plus loin. Mais je vois d'ici les gens qui peuvent penser qu'on n'a que ce qu'on mérite. Bah non, désolée, ça ne marche pas comme ça.
Tu parles de victimes qui n'ont jamais de griffures, qui s'en sortent toujours bien, qui sont jolies même après s'être faite défoncer (aucune raison de parler joliment d'un sujet qui ne l'est pas), mais tu devrais voir Irreversible. Le film est horrible, la scène de viol est affreuse, mais c'est selon moi une scène qui n'est absolument pas esthétisée, et qui ne peut pas être source de fantasme, il n'y a rien de beau, ni de sensuel dans cette scène, à aucun moment.