J'étais homophobe, mais je suis guérie

[frenchkiss]

C'est appréciable, le témoignage de ce genre d'évolution, merci pour ça.
Après j'avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre l'homophobie, ou même la curiosité que peuvent engendrer les couples homosexuels. Pour moi (femme hétéro), ça a toujours été une non-question. Des femmes aiment des hommes, d'autres aiment des femmes, d'autres aiment les deux, des hommes aiment des hommes... Ca ne m'a jamais choquée, jamais posé problème, et honnêtement jamais vraiment interpelée ou intéressée plus que cela.
Je me demande toujours ce qui fait qu'on est/devient homophobe, en fait.
Ca me rappelle quand je vivais en Espagne. A l'époque beaucoup de mes ami(e)s se trouvaient être homos, sans que je l'ai cherché, c'était les personnes avec qui j'avais accroché amicalement, voilà tout. Une de mes potes m'avais sorti cette phrase dont je me souviendrai toujours : "Ca m'étonnera toujours de voir à quel point ça ne te fait rien, tout ça. Moi, avant de comprendre que j'aimais les filles, je crois bien que j'étais vachement homophobe."

Par contre je n'aime pas trop qu'on me dise "tolérante". Je sais que c'est employé dans un sens positif, mais à la base, la tolérance c'est la capacité à accepter ce que l'on désapprouve. Or, dans le cas présent, je ne désapprouve rien du tout. En plus, quand on me dit ça j'ai l'impression qu'on laisse entendre que je suis sympa d'être comme ça, limite je mérite une médaille. Alors que pour moi, foutre la paix aux gens qui s'aiment entre adultes consentants et ne pas les juger sur leur sexualité et leurs sentiments, c'est pas "gentil", c'est juste... normal!

Inversement, l'homophobie, je ne peux pas, franchement.

C'est beaucoup plus facile d'être homophobe  que de ne pas l'être.  D'où la réflexion de ton amie en Espagne. Tout comme c'est plus facile d'être raciste que de ne pas l'être.  C'est un effort de ne pas l'être.
Si aujourd'hui la France est multiculturelle et que personne ne peut plus publiquement proférer une injure raciste sans risquer de regard de travers ou exclure quelqu'un d'un lieu parce qu'il n'a pas la bonne couleur sans risquer de poursuite,  c'est parce que les gens se sont habitués au fil du temps à côtoyer  de + en + d'étrangers, à devoir partager avec eux leur quotidien et par la force des choses,  à devoir les accepter. Ce n'est pas que ce soit quelque chose de naturel. Demande à des étrangers noirs ou arabes qui ont vécu en France dans les années 70 si la vie était rose et s'il était naturel  à cette époque de ne pas être raciste ou de faire des mariages mixtes qui étaient bien vus. Non. Ce sont des choses qui se font petit à petit. Un jeune de 20 ans d'aujourd'hui, ça lui paraîtra naturel d'avoir des amis de toutes origines sans se poser de questions, ce n'est pas forcément le cas de ses grand-parents.
Si tu te rends aujourd'hui dans des pays qui ne sont pas des terres d'immigration comme au Maghreb ou en Europe de l'est, tu verras que ce sont des endroits HYPER racistes parce que tout ça est encore nouveau pour eux. Peut-être dans 100 ans, ils le seront de moins en moins.
C'est pareil pour l'homophobie. Tu es né de 2 parents de sexe différents, tu as toujours vu autour de toi des couples homme et femme qui sont l'immense majorité, pourquoi ça te semblerait tout d'un coup normal l'idée que 2 hommes peuvent coucher ensemble et se marier?
On ne remet pas en cause en un claquement de doigts des années de tradition, sociale pour les uns, et religieuse pour les autres. Je n'ai pas vécu toute ma vie en France et c'est en France que j'ai vu la 1ere fois des hommes se tenir par la taille et 2femmes se bécoter dans le métro. Je ne vais pas te dire que ça m'a laissée de marbre et que je n'ai pas trouvé ça bizarre. Je n'étais pas la seule d'ailleurs, plusieurs personnes avaient la bouche un peu ouverte. Si je n'avais pas vécu en France et que je n'y avais pas été de +en +confrontée, c'est un truc qui m'aurait toujours semblé anormal, voire dégoûtant. Je m'y suis habituée et donc vois les choses différemment.
Quelqu'un qui est +jeune, qui a vécu dans un autre environnement avec des amis gays qui ne s'en cachaient pas etc, c'est normal que pour lui ça coule de source.

 

[Ccile13]

@frenchkiss (pourquoi ça ne fonctionne pas ??) Je ne suis pas d'accord avec toi. Depuis notre plus jeune âge on rencontre des gens qui ne fonctionnent pas exactement comme nous : les couleurs favorites, les plats préférés ... Est-ce pour autant qu'on les jugent ou qu'on les considère moins bien que nous-même ? Alors oui, des affinités se créent sur ces critères... On passe du temps avec celleux qui partagent nos passions, mais ça ne devrait être rien de plus que ça. On ne devrait pas voir par exemple, des enfants railler un autre sous prétexte qu'il adore les dinosaures.

Je peux comprendre qu'on puisse tiquer, être "surpris" devant des choses qui nous sont inhabituelles mais on n'a pas à juger. D'après moi, le problème de toutes ces oppressions c'est le fait qu'on juge la différence comme inférieure, anormale, voire mauvaise. Est-ce l'éducation ou un format de pensée propre à l'Homme, mais j'ai l'impression qu'on a trop tendance à se prendre pour LE référentiel à suivre et à penser que chaque écart que fait l'autre par rapport au modèle est un mauvais point pour lui : j'aime le rouge, je joue au tennis et je déteste les concombres. L'autre préfère le bleu, AH quelle horreur, moins 1 point. Il fait de l'aviron : moins 2 mais comme moi il n'aime pas les concombres, bon +4, le score est positif, c'est quelqu'un de bien. C'est stupide comme exemple, mais ce n'est pas ce qu'on fait ?
On ne devrait pas désapprendre l'intolérance au coup par coup, à chaque nouvelle rencontre avec le surprenant, mais dès le départ. On devrait apprendre et enseigner qu'il y a des gens qui ne font pas comme nous et sur des tas de points différents. S'il faut juger ce n'est pas sur la différence, mais sur la capacité à faire du mal.

 

[Destiel Mok´]

Bel exemple d'intelligence humaine. Pour avoir eu la chance de grandir dans un milieu ouvert je n'ai pas le moindre avis sur la sexualité des gens, c'est même pas tant que je m'en foute (même si en vrai je m'en carre) c'est que je considère qu'on a pas a avoir d'avis sur les trucs innés ou la plupart des trucs construits du reste. Bref ca c'est ma réflexion perso mais je sais aussi que la xénophobie est pregnante chez l'humain parceque on nous l'inculque comme on nous apprend a systématiquement avoir peur de tout. L'intelligence ce n'est pas d'avoir la chance comme moi de grandir dans un milieu safe mais bel et bien de réfléchir et de se deconstruire par soi même. Belle preuve ici qu'utiliser cet organe spongieux qui palpite sous nos cheveux est le plus beau service a rendre a l'humanité.

 

[Margooniett]

Impressionant ces hétéros qui ont aucun problème a vouloir tirer la couverture sur eux le mois où on est censé célébrer nos propres personnes. Un témoignage c'est censé apprendre quelque chose à la personne qui le lit, là j'ai rien appris, tout ce que j'ai lu c'est de l'autoflagellation d'hétéro "ouin j'étais (je suis?) homophobe mais je suis gentille maintenant aimez moi". Désolé mais si t'es capable du coucher avec un homophobe, tu vaux autant que lui. Et nous je ne serais pas gentille avec ton imbécile de copain comme je ne serais pas gentille avec n'importe quel homophobe, j'ai pas à être patiente face à vos débilités.

 

[Andy_]

Sans aller jusqu'à dire que mon père est homophobe, je l'ai déjà entendu dire des choses concernant les homosexuel.le.s qui m'ont gênée (alors, du coup, peut-être bien qu'il l'est !). Malgré ça, ça ne m'a pas du tout empêchée de me faire ma propre opinion, j'ai eu 3 copines dont une pour qui j'aurais vraiment tout quitté (donc non, ce n'était pas juste "une passaaaade" comme on me l'avait sorti à l'époque ; c'est dingue ça, on ne dit jamais aux hétéros que l'hétérosexualité est "une passade" ).

Tout ça pour en venir au fait suivant : les genTes qui ont un discours proche de quelque chose qui ressemble à ça : "ouais mais ma famille ceci, ma famille cela donc forcément je pense comme ça aussi". Euh ? Je veux bien croire que ça influence mais ce n'est pas parce que mon oncle est homophobe ou ma tante raciste que je dois faire pareil
Dans un autre registre, j'ai déjà lu le témoignage d'une nana issue d'une famille de bouchers et ça ne l'a pas empêchée de devenir végane (au contraire même!).
Ou alors si nos parents votent à droite, on doit forcément voter à droite ?
Ou si nos parents fument, on va forcément finir par fumer ?

Ça me paraît curieux comme façon de penser. Bien que, comme je l'ai précisé, ça peut influencer évidemment, mais ça n'est pas, ça ne doit pas être systématique

Merci de ne pas me citer. Mention ok !

 

[Destiel Mok´]

@Andy_ je suis d'accord mais je pense qu'on se construit soit en opposition soit en accord avec son milieu et par milieu ca ne veut pas dire que seule la famille proche est impliquée. On vit dans une société profondément homophobe et il existe encore de nombreux quartiers/ villages ou même ville ou la majorité a ce sentiment. C'est dur de se démarquer du groupe même si ca n'excuse en rien la connerie... cela dit je suis tout à fait d'accord avec @Margooniett . Quand on est dans le domaine du racisme on appelle ce genre de mea culpa qui part d'une bonne intention (l'enfer en est pavée) "white tears" car la classe jouissant de privilège (dans ce cas les blancs) fait porter l'attention sur leur souffrance alors qu'en vrai on s'en fout un peu de ce que tu sens. J'avais pas fait le parallèle mais du coup même si je plussoie la prise de conscience je réalise que c'est plutot malvenu en effet.

 

[Cerise_confite]

Je voudrais me dire que je suis très différente de la personne qui a écrit ce témoignage. J'ai toujours lutté contre l'homophobie et essayé d'être une bonne alliée. Mais... Il y a pas si longtemps je disais encore des choses comme "oui mais bon les homos trop efféminés ça m'agace", ou bien "Ca se voit pas qu'elle est lesbienne". Ca ne me semblait même pas discriminatoire. J'en ai vraiment honte maintenant et j'encourage mon entourage à remettre en question ces éléments homophobes dans leur discours.

 

[Peace&Love&It;3]

Je trouve ça un peu gênant de remettre cet article en avant le 17 mai, jour de la lutte contre l'homophobie et la transphobie. J'ai pas super envie que ce soit les homophobes repentis qui soient mis en avant aujourd'hui, je préfèrerais que ce soit des personnes LGBTIQ+

 

[Cerise_confite]

Juste une petite réflexion sur le titre (je n'arrive pas à poser à plat mes réflexions sur l'article donc je m'abstiens), je trouve qu'il pose problème... "J’étais homophobe, mais je suis guérie" --> comme si l'homophobie était une maladie qu'on peut guérir et pas le résultat d'une société patriarcale hétéro-centrée dans laquelle les couples homosexuels sont dits "anormaux". Etre homophobe fait partie d'un système, c'est pas une maladie que certaines personnes peuvent attraper. En tant qu'hétéro qui avons toujours été noyés dans la culture hétéro-centrée (films, littérature, jeux vidéo...) qui est la "norme", il faut du temps pour pouvoir se rendre compte de tout ça et pour abandonner nos idées reçues.
Après je ne sais pas si c'est la madz qui a choisi le titre ou si ce sont les rédac' qui l'ont mis en page mais je voulais juste souligner en quoi pour moi il posait problème

Tellement bien dit! Et puis ça répond assez directement à la question de savoir pourquoi la personne était homophobe... Simplement parce que notre société l'est, parce qu'on l'a encouragée à l'être, voire éduquée comme ça! Moi-même je suis encore consternée par tous les préjugés que je découvre sur moi (que ce soit en terme de racisme, de grossophobie, d'homophobie etc.) et ça prend du travail de se défaire de tout ça. Ce n'est pas juste une question d'ouverture d'esprit ou de tolérance à la base.

 

[skippy01]

@Lucidite77
Je vais ajouter mon grain de sel.

Ce témoignage est intéressant, et démontre -si il en était besoin- que la violence qu'on génère provient souvent d'une violence qu'on a subie soi-même. La violence attire la violence.

Par contre, il y a 2 points qui m'interrogent.
-Quand tu as brièvement quitté ton copain pour une relation avec une fille, est-ce que tu étais déjà hostile envers les personnes lgbt ?
-Je sais pas si tu es toujours avec, mais si oui, comment ta déconstruction ne t'a pas poussée à le quitter ? Si tu es réellement déconstruite, normalement, son attitude devrait te dégoûter de lui.

Et enfin, je voudrait revenir sur le pardon. Il faut accepter le fait que toute déconstruite que tu es devenue, il y aura des gens qui n'accepteront pas de te pardonner. Et c'est leur droit. À titre personnel -et j'insiste bien là-dessus, tout le monde ne l'entendra pas de cette oreille-, j'estime qu'un acte dont les conséquences sont toujours d'actualité, voire irréversibles, n'est pas pardonnable. Tu devras accepter l'idée qu'il y a des gens qui te verront à jamais comme celle qui a contribué à détruire leur vie, et une fois que tu auras admis ça, tu auras grandement évolué.

 

[kimakima]

Mouais... J'arrive pas à apprécier ce témoignage... En gros, elle était hypocrite et sans aucune bienveillance, elle cautionnait les violences "parce qu'ils le cherchaient bien". Qu'elle ait enfin réalisé que ses opinions, c'était de la merde, c'est le strict minimum. Je souhaite à tous les homophobes de se faire agresser gratuitement juste parce qu'ils tiennent la main de leur copain/copine. M'est avis que d'un coup, ce sera inadmissible. Ils me font vomir et franchement, je refuse de fréquenter des homophobes, ce sont des humains médiocres qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez (au même titre que les gens qui font un lien entre la tenue d'une femme et une agression ou un viol) C'est marrant parce que je suis bi et personne ne se "doute" que j'aime les femmes....bah du coup les gens se lâchent (croyant que je suis hetero) et te débitent le plus naturellement du monde leurs conneries haineuses. Et quand tu leur mets le nez dans leur caca, ils se justifient "ah mais non mais moi je suis pas homophobe, mon cousin est gay, mais bon c'est pas normal quand même, on est pas obligé d'adhérer à leur propagande blablabla" ou "ouais mais est-ce que je m'affiche moi ?" "faut qu'ils arrêtent de se victimiser"... Jpeux copier coller leurs propos. Ils ne se livrent pas à des violences eux-même mais mettent un point d'honneur à trouver des excuses aux agresseurs, ils sont donc complices des agresseurs et encouragent la violence.

 

[ericna catangels]

Je trouve cet article intéressant...En tant que personne LGBTQ, l’homophobie fait partie d’une des choses pour lesquelles je lutte au quotidien, que ce soit pour moi ou pour les autres. Et la Madz qui à écrit ce témoignage me semble avoir fait une véritable réalisation de ce qu’elle pensait et de ce qui y posé problèmes. Et pourtant, je n’irais pas jusqu’à lui décerner une médaille, parce que finalement... Ben ça devrait juste être normal en fait. C’est un peu difficile de se positionner franchement face à ce genre d’article. Je célèbre chaque changement pour le meilleur, mais je n’encense pas les nouveaux « alliés » à la cause.
Je serais cependant curieuse de savoir en détails ce qui la « poussait » à l’homophobie: une éducation? Des préjugés? Parce qu’effectivement, cela à l’air totalement gratuit dans son article, donc je me demande.