On touche là à de nombreux préjugés que nous assène la pression sociale qui va jusqu'à s'immiscer dans notre comportement intime.
Il me semble très important de déconstruire ces clichés qui injectent l'idée que par exemple, soit-disant les hommes ont davantage de libido que les femmes (pour rappel, il y a deux-trois siècles, c'était exactement l'idée inverse) , alors que comme on l'a dit c'est une question de libido, une question d'ordre physiologique (ça peut aussi être pour d'autres raisons, notamment psychologiques, par exemple un blocage au niveau de la sexualité), et certaines personnes, hommes ou femmes, auront moins envie que d'autres.
Et il est extrêmement important de respecter la disposition de l'autre, qui est un être humain, et qui a parfaitement le droit de dire non. Le fait d'être en couple n'oblige absolument pas de se mettre au lit à chaque fois que l'autre le désire.
C'est un peu la même idée que le concept de "devoir conjugal" qui est bien rétrograde tout de même, à mes yeux.
Ca me rappelle cette affaire d'ailleurs, dont le jugement était assez... particulier :
http://archive.francesoir.fr/actual...relations-sexuelles-avec-sa-femme-161645.html
Bref, il peut y avoir beaucoup de raisons pour ne pas vouloir : quand on a l'esprit accaparé par un problème, quand on a un blocage, quand on a des soucis de santé, etc...
Bref, je pense que s'obliger à se mettre au lit "parce que c'est comme ça", "parce que tout le monde le fait", "parce que je l'aime (et tant pis si j'ai pas envie, après tout je lui dois bien ça)", ce ne sont vraiment pas des bonnes raisons pour le faire. Je trouve que ça enlève pas mal de choses à ce que la sexualité peut nous apporter de bien.
C'est un peu comme le fait d'avoir fait sa première fois pour faire comme les autres et tant pis si on était pas prêt/e.
On vit dans une société hypersexualisée qui nous bombarde de messages à travers les journaux, les pseudo-articles psys, la télé, etc... et qui finalement nous dicte notre comportement au détriment de ce que nous souhaitons vraiment.
On peut voir qu'il y a un décalage entre ce que les médias tentent de faire croire, et la réalité.
J'en venais par exemple aux chiffres sur la virginité tardive, qui est beaucoup plus importante que ce qu'on pourrait croire.
https://confessionsjhinexpenamour.wordpress.com/2013/09/08/statistiques-sur-la-virginite-tardive/
C'est là qu'on voit que l'idée que "ça craint si on n'est plus vierge passé un certain âge" ou "ça craint si on ne se met pas au lit X fois par semaine" ne tient pas la route.
Le premier des moteurs de la sexualité devrait être les désirs de chacun/e dans le couple, et non les injonctions extérieures et la conformité à la norme sociale.
De même, et contrairement à ce qu'on nous fait croire, l'expression "faire l'amour" n'implique pas obligatoirement le rapport sexuel (ce qui d'ailleurs va à l'encontre d'un des préjugés dont parle l'article comme quoi "deux femmes ne peuvent pas faire l'amour car il n'y a pas de pénétration" (sic!)).
Il y a bien des façons de faire l'amour avec l'autre, et j'avoue que cette injonction "sexe = pénétration" est assez fatigante.
Aimer quelqu'un, faire l'amour à quelqu'un, ne passe pas forcément ni toujours par la case "rapport sexuel". Encore moins si l'un des deux ne le souhaite pas vraiment mais le fait quand-même "parce que tout le monde le fait", "parce que c'est comme ça", "parce que je l'aime et tant pis si j'ai pas envie", etc...
D'ailleurs, le sexe sans pénétration a plusieurs vertus :
- il fait sortir de la routine.
- il force les partenaires à innover, à trouver de nouvelles idées.
- il enseigne... la patience
Donc en effet, se mettre dans la position du refus engendre de la culpabilité car on ne répond pas à l'attente de l'autre et on déçoit son attente. Et décevoir la personne qu'on aime ne fait jamais plaisir. Mais il ne faut pas s'oublier non plus dans l'histoire. Du coup, je pense que c'est une chose importante dont on se doit de discuter dans le couple, car il y a beaucoup à dire, et à déconstruire...
Après, évidemment qu'avec deux personnes avec une libido différente, cela crée des tensions. Mais encore une fois, tout cela est à discuter à deux.
@Lilouchka : Quand vous dites "je n'ai jamais été violée mais par contre je me suis sentie souvent forcée", techniquement, je dirais que c'est un viol. Se sentir forcée, c'est un viol. Il n'y a pas besoin de violence physique pour que ce soit violent. En l'occurrence, vous dites bien que vous cédez suite à des manifestations de violence. Avoir peur de disputes/représailles et être forcée à accepter à cause de ça, c'est clairement une violence. C'est très grave et ce n'est pas normal. Ne pas tenir compte des sentiments de l'autre, ce n'est pas excusable.
Donc quand vous dites "et je n'arrive pas à capter le degrés de gravité de ces faits. Je ne sais pas en fait si c'est "normal" que cela m'ait marqué (voir un peu traumatisé) ou non."
Clairement, ce qu'il vous a fait est grave et inacceptable, et c'est tout à fait normal que vous en ayez été traumatisée. Vous êtes un être humain et non un objet sexuel. Et vous avez le droit, comme toute personne, au respect de votre intégrité morale et physique. Et une personne qui nous aime véritablement se fait un honneur et un devoir de respecter ça.