Super.
Très bon article. C'est un sujet qui me touche beaucoup.
(Attention, ce qui suit est long.)
Dans un premier temps, j'ai été, comme tant d'autres malheureusement, victime des médias. À 15-16 ans, je ne lisais pas de presse féminine papier, mais j'allais sans cesse consulter leur site Internet. Tous les jours. C'était devenu comme une sorte de bible, pour moi.
À 16 ans, j'étais mal dans ma peau et beaucoup plus fragile que je ne croyais l'être. Je prenais à la lettre tous les conseils "beauté" et "minceur" de ces sites. Ces "belles" filles (jugées d'une beauté conforme par la société, bien sûr !) qui souriaient de toutes leurs dents en croquant une pomme ou en avalant une feuille de salade, ça me faisait terriblement envie. C'était une sorte d'idéal à atteindre.
Je suis tombée dans l'anorexie mentale. Je ne dis pas que la presse féminine a été la seule cause de ma maladie, au contraire ; mais elle y a beaucoup joué. Pour essayer de dissiper mon mal-être, je me réfugiais sur ces sites qui exposent des soi-disantes "règles de vie" pour être "belle" et "mieux dans son corps". J'avais dans ma tête l'idée de "manger sain" pour enfin être désirable, correspondre à ce que la société attend. Du coup, je ne mangeais quasiment plus.
Aujourd'hui, je suis guérie. Ou presque.
J'apprends, avec l'aide de ma psy, à ne plus me juger. À être bienveillante envers moi-même. Car une dureté implacable est cassante par manque de souplesse et finit toujours par se briser. Ce qui a été mon cas.
Maintenant, j'ai complètement tourné le dos à ces magazines et sites Internet. Je suis devenue extrêmement critique vis-à-vis de ces pubs et ces médias, vis-à-vis de cette société qui ne fait que nous juger en permanence.
En gros, les jugements de la société, c'est : "la beauté et la jeunesse, c'est bien. La laideur et la vieillesse, c'est mal. Qu'est-ce qui est beau ? La minceur. Les visages lisses. Qu'est-ce qui est laid ? Les rondeurs. Les visages ridés, ou avec des trucs de travers ou qui dépassent".
"La vulnérabilité ? C'est mal. L'impuissance ? C'est mal. Le laisser-aller ? C'est mal. Le contrôle ? C'est bien. Rentrer dans les cases, se faire poser une étiquette, se taire et se comporter comme un gentil petit consommateur sans opinion ? C'est parfait."
Qui sont les médias pour juger que la vulnérabilité, l'impuissance, les rondeurs, la laideur, la vieillesse, c'est mal ? Tout ça, ce n'est ni bien, ni mal. C'EST. Tout simplement.
Si la société se montrait bienveillante, nous ne serions pas aussi durs avec nous-mêmes et les médias ne diffuseraient pas de tels images et discours.
La bienveillance, c'est juste se dire que les choses SONT. Y a pas de "bien" ni de "mal". Aucun jugement.
Mais, comme un changement entier de société, c'est très compliqué et c'est très long, essayons déjà d'être nous-même bienveillants envers NOUS. Si nous sommes bienveillants avec nous-mêmes, nous le serons avec les autres. Si nous sommes bienveillants avec nous-mêmes, nous pourrons prendre suffisamment de recul sur tous ces messages diffusés par les médias, nous pourrons avoir une distance critique et se révolter contre tout ça.
Nous pourrons enfin lâcher prise et nous accepter NOUS. Ce que nous sommes. Accepter que chacun soit différent et que chacun puisse être heureux et bien dans sa peau. Que, OUI, on peut être bien dans sa peau en étant "gros", "laid", "vieux", et que ce sentiment n'est pas réservé à ceux qui le méritent (comme les médias le disent de manière plus ou moins explicite), c'est-à-dire les "jeunes", les "beaux", les "minces".
Courage.
Et pour un bon magazine papier féminin, par exemple, il y a Causette, "plus féminine du cerveau que du capiton".