Cette grève ne serait efficace que dans le cas ou le refus de coucher est respecté par la contrainte.
Ce n'est pas une "contrainte" imposée aux hommes par les femmes par les femmes que de choisir qu'elles n'auront pas de relations sexuelles avec des hommes parce qu'elles en ont ras-le-bol du sexisme, c'est un choix qu'elles ont parfaitement le droit de faire, et oui, certaines personnes vont avoir l'impression qu'on leur "impose" l'abstinence mais le sexe n'est pas un dû, l'accès au corps des femmes n'est pas un dû. Si certains hommes voient cette grève comme une contrainte et non comme le libre choix de leurs partenaires, c'est finalement pas plus mal parce que ça permet de faire réfléchir si ce n'est ces hommes, au moins les personnes qui réaliseront que les hommes considèrent le sexe avec une femme comme un dû qu'il est très choquant de leur refuser.
Par ailleurs, le viol est hors-propos ici parce que bien évidemment que pour que la grève fonctionne, il faut que la femme qui s'y consacre ait un minimum de latitude pour dire non. Si elle ne peut pas dire non compte tenu de sa situation, ben on n'est pas dans le cadre de la grève, donc ça ne me parait pas être un argument très valable.
Comme mes premiers messages sur ce topic datent d'il y a 2 ans et que je vois les arguments anti-grève revenir exactement dans les mêmes termes, je dois avouer que je suis toujours un peu surprise que des féministes se déclarent opposées à des initiatives de femmes cherchant à reprendre le pouvoir. J'ai l'impression que les gens anti-grève du sexe ont un peu le même genre d'arguments que les gens anti-espace non-mixte pour les femmes (genre taxis pour les femmes, wagons réservés aux femmes, écoles pour filles, etc.). A chaque fois c'est "Ah oui mais que vont penser les hommes si on ne fait pas tout 100% en miroir d'eux, ça discrédite le mouvement! Ils vont nous croire faibles/moins intelligentes/frigides/nous agresser quand on sortira des clous".
Ce n'est pas parce que des hommes sexistes réclament l'abstinence ou la non-mixité que les femmes qui décident de reprendre du pouvoir en écartant les hommes de leurs espaces de transport/sexuel/d'apprentissage font le jeu des sexistes. Ce sont deux démarches complètement opposés. Il faudrait essayer de ne plus toujours se mettre à la place des hommes et d'essayer de rentrer dans leur tête quand on voit une femme faire un geste fort pour elle.
Refuser le sexe à un homme, ce n'est pas dire "je n'aime pas ça, toi oui donc je te punis", c'est dire "mon corps m'appartient, ma sexualité aussi et si je veux en faire une arme politique, je le ferai".
On n'est pas obligée de vouloir faire pareil, on peut trouver que ce n'est pas un combat qui nous convient, mais aller critiquer une prise de pouvoir des femmes sur leur vie, aussi éloignée soit-elle de nos propres aspirations et de nos propres choix, parce que que-vont-penser-les-hommes-de-nous ou "moi je veux pas faire ça donc je dis aux autres femmes qu'elles devraient pas le faire", c'est plutôt ça qui me parait nuire à l'autonomisation des femmes.