Je suis né dans une communauté de Témoins de Jéhovah, mon père ayant converti ma mère quelques années avant leur mariage, aujourd'hui j'essaye tant bien que mal de prendre définitivement mes distances avec ce groupe. Mais ce n'est pas facile.
Comme le mentionne @Listerine dans son post, les rituels y sont très contraignants. Pour ma part, je n'hésite plus à employer le mot secte.
J'ai été isolé pendant des années du "monde". Pour "mon bien", je ne devais pas avoir d'amitiés en dehors du cercle des Témoins de Jéhovah. Mes parents me répétaient à chaque fois que je leur parlais d'une camarade de classe, qu'elle n'était pas vraiment mon amie, parce qu'elle n'était pas dans la Vérité. Elle vivait dans un mensonge et si possible je devais l'aider à en sortir en lui prêchant la bonne parole, mais si elle ne voulait pas écouter, je ne devais pas devenir son ami.
Mais parents m'avaient inscrit dans une école catholique où chaque semaine était donné des cours de religion. Mes parents voulaient que j'y assiste pour que je puisse "défendre ma foi", mais j'avais tout de même des restrictions de leur part. Je pouvais apprendre le Notre Père, mais pas l'Ave Marie, si un cours se donnait dans l'église, je pouvais y aller, mais je devais rester debout et en retrait ou au moins montrer que je ne faisais pas partie du groupe. Ils insistaient beaucoup pour que je "rende témoignage" le plus souvent possible autant auprès de mes camarades de classes que de mes professeurs. J'estime avoir eu de la chance de tomber sur des enseignants qui n'ont pas essayé de me stigmatiser davantage. Certains de mes camarades se moquaient ouvertement de moi. Pour quelques uns, leurs parents leur avaient demandé de m'éviter parce que j'étais dangereux à leurs yeux.
Je rentrais presque tous les jours en pleure à la maison, ma mère trouvait réconfortant de me dire "C'est normal qu'ils ne veulent pas de toi et ne t'aime pas, c'est parce que tu es les déranges. Parce que toi, tu es dans le vrai." Surtout, je ne devais jamais répondre si on me provoquait, même si on m'insultait ou me battait. Jéhovah verrait, lui, mes efforts et serait fière de moi.
Je sais que mes parents voulaient bien faire, mais qu'est-ce que ça m'a fait mal.
Je n'étais pas beaucoup mieux traité par les enfants de ma congrégation. Les témoins ont des règles de vie assez strictes et aux yeux de la communauté mes parents ne semblaient pas en faire assez. Pas assez présent aux réunions, pas assez d'heures de prédications, pas assez d'études bibliques. On me mettait souvent à l'écart, les adultes, les enfants. Les rares avec qui j'ai eu de bon contacte étant enfant étaient aussi souvent des parias. Ceux dont un parent avait fauté, était exclu ou n'avait jamais été Témoins étaient toujours traité un peu différemment. Ils pouvaient allé jouer chez les autres enfants, mais les parents ne laissaient pas aller leurs enfants chez eux. On attendaient plus d'efforts de nous que de ceux qui suivaient "la voie royale" comme ils se sont mis à appeler ça maintenant. C'est-à-dire, ceux qui étaient nés, grandissaient, étaient baptisé et puis marié dans la communauté. (En gros.)
Depuis mon plus jeune âge, mes parents me répétaient que la religion étaient un choix. C'est pour ça qu'on ne baptise pas les nourrissons chez les Témoins. Il doit s'agir d'un choix éclairé de la personne qui désir accomplir le rituel du baptême. Du coup, je pensais vraiment avoir le choix. Que voulez-vous, j'avais six ans, j'étais jeune et naïf. Un jour, parce qu'un ancien était venu lui faire la remarque qu'elle ne m'emmenait pas assez souvent en prédication, ma mère m'a fait me lever à 7h un samedi matin pour qu'on aille au rdv de prédication. C'était l'hiver, il faisait froid et je n'avais pas envie d'y aller. Comme je n'arrêtais pas de pleurer, ma mère s'est fâchée et m'as dit : "Arrête de pleurer, les gens vont croire que je te force à venir prêcher." J'ai stoppé net de pleurer et me suis dit "Ben oui, c'est le cas." C'est a partir de ce moment là que je me suis rendu compte que pour elle les apparences comptaient plus que moi, mon bien être ou ma santé. Je n'ai pas envie ici d'entrer dans plus de détails, mais pour faire court, j'ai eu plusieurs période de dépression à cause de l'harcèlement que je vivais à l'école en grande partie à cause de ma religion et le fait qu'à la maison tout était banalisé. "C'est normal qu'ils t'aiment pas." De plus je me suis rendu compte que je suis bisexuel et gender fluid. Deux concepts qui sont lourdement rejetés et punis dans ces sphères.
J'ai réussi à résister à la pression de la communauté et à glisser entre les mailles du filet, je ne me suis jamais convertie et donc j'ai droit à un jugement plus léger de la part de mes anciens compagnons qui ne peuvent pas m'accuser de fauter ou de pêcher. Même si je culpabilise trop pour faire quoique ce soit en réalité. J'ai constamment peur d'aller vers les autres parce que je pars d'avance en me disant "c'est normale qu'ils ne t'aiment pas" ou "s'il t'arrive quelque chose de mal, c'est parce que tu n'as pas suivit les directives divines. Dans ce cas, c'est normal que Dieu ne te bénisse pas."
Je travail avec une psychologue pour trouver un moyen de m'épanouir. Pour ma part je ne sais pas si j'arriverai un jour à me considérer comme autre chose qu'un échec.
Pour l'instant je limite les contacts avec mes parents. Je n'espère plus leur parler de ma nature double depuis qu'ils ont commenté la communauté LGBT de "rassemblement de personnalités perverses et d'erreurs de la nature", mais rassurez-vous, ils ne sont pas homophobes. #sarcasme
Clairement, ma vie n'aurait pas été la même sans la religion. Et je ne vais pas cracher sur les bons enseignements que mes parents m'ont transmit comme "ne pas voler" et "ne pas tuer", "respecter son prochain" mais honnêtement, je crois que ça, on n'a pas besoin d'un dieu pour l'apprendre. C'est un peu la base de la vie en société, quoi.
Comme le mentionne @Listerine dans son post, les rituels y sont très contraignants. Pour ma part, je n'hésite plus à employer le mot secte.
J'ai été isolé pendant des années du "monde". Pour "mon bien", je ne devais pas avoir d'amitiés en dehors du cercle des Témoins de Jéhovah. Mes parents me répétaient à chaque fois que je leur parlais d'une camarade de classe, qu'elle n'était pas vraiment mon amie, parce qu'elle n'était pas dans la Vérité. Elle vivait dans un mensonge et si possible je devais l'aider à en sortir en lui prêchant la bonne parole, mais si elle ne voulait pas écouter, je ne devais pas devenir son ami.
Mais parents m'avaient inscrit dans une école catholique où chaque semaine était donné des cours de religion. Mes parents voulaient que j'y assiste pour que je puisse "défendre ma foi", mais j'avais tout de même des restrictions de leur part. Je pouvais apprendre le Notre Père, mais pas l'Ave Marie, si un cours se donnait dans l'église, je pouvais y aller, mais je devais rester debout et en retrait ou au moins montrer que je ne faisais pas partie du groupe. Ils insistaient beaucoup pour que je "rende témoignage" le plus souvent possible autant auprès de mes camarades de classes que de mes professeurs. J'estime avoir eu de la chance de tomber sur des enseignants qui n'ont pas essayé de me stigmatiser davantage. Certains de mes camarades se moquaient ouvertement de moi. Pour quelques uns, leurs parents leur avaient demandé de m'éviter parce que j'étais dangereux à leurs yeux.
Je rentrais presque tous les jours en pleure à la maison, ma mère trouvait réconfortant de me dire "C'est normal qu'ils ne veulent pas de toi et ne t'aime pas, c'est parce que tu es les déranges. Parce que toi, tu es dans le vrai." Surtout, je ne devais jamais répondre si on me provoquait, même si on m'insultait ou me battait. Jéhovah verrait, lui, mes efforts et serait fière de moi.
Je sais que mes parents voulaient bien faire, mais qu'est-ce que ça m'a fait mal.
Je n'étais pas beaucoup mieux traité par les enfants de ma congrégation. Les témoins ont des règles de vie assez strictes et aux yeux de la communauté mes parents ne semblaient pas en faire assez. Pas assez présent aux réunions, pas assez d'heures de prédications, pas assez d'études bibliques. On me mettait souvent à l'écart, les adultes, les enfants. Les rares avec qui j'ai eu de bon contacte étant enfant étaient aussi souvent des parias. Ceux dont un parent avait fauté, était exclu ou n'avait jamais été Témoins étaient toujours traité un peu différemment. Ils pouvaient allé jouer chez les autres enfants, mais les parents ne laissaient pas aller leurs enfants chez eux. On attendaient plus d'efforts de nous que de ceux qui suivaient "la voie royale" comme ils se sont mis à appeler ça maintenant. C'est-à-dire, ceux qui étaient nés, grandissaient, étaient baptisé et puis marié dans la communauté. (En gros.)
Depuis mon plus jeune âge, mes parents me répétaient que la religion étaient un choix. C'est pour ça qu'on ne baptise pas les nourrissons chez les Témoins. Il doit s'agir d'un choix éclairé de la personne qui désir accomplir le rituel du baptême. Du coup, je pensais vraiment avoir le choix. Que voulez-vous, j'avais six ans, j'étais jeune et naïf. Un jour, parce qu'un ancien était venu lui faire la remarque qu'elle ne m'emmenait pas assez souvent en prédication, ma mère m'a fait me lever à 7h un samedi matin pour qu'on aille au rdv de prédication. C'était l'hiver, il faisait froid et je n'avais pas envie d'y aller. Comme je n'arrêtais pas de pleurer, ma mère s'est fâchée et m'as dit : "Arrête de pleurer, les gens vont croire que je te force à venir prêcher." J'ai stoppé net de pleurer et me suis dit "Ben oui, c'est le cas." C'est a partir de ce moment là que je me suis rendu compte que pour elle les apparences comptaient plus que moi, mon bien être ou ma santé. Je n'ai pas envie ici d'entrer dans plus de détails, mais pour faire court, j'ai eu plusieurs période de dépression à cause de l'harcèlement que je vivais à l'école en grande partie à cause de ma religion et le fait qu'à la maison tout était banalisé. "C'est normal qu'ils t'aiment pas." De plus je me suis rendu compte que je suis bisexuel et gender fluid. Deux concepts qui sont lourdement rejetés et punis dans ces sphères.
J'ai réussi à résister à la pression de la communauté et à glisser entre les mailles du filet, je ne me suis jamais convertie et donc j'ai droit à un jugement plus léger de la part de mes anciens compagnons qui ne peuvent pas m'accuser de fauter ou de pêcher. Même si je culpabilise trop pour faire quoique ce soit en réalité. J'ai constamment peur d'aller vers les autres parce que je pars d'avance en me disant "c'est normale qu'ils ne t'aiment pas" ou "s'il t'arrive quelque chose de mal, c'est parce que tu n'as pas suivit les directives divines. Dans ce cas, c'est normal que Dieu ne te bénisse pas."
Je travail avec une psychologue pour trouver un moyen de m'épanouir. Pour ma part je ne sais pas si j'arriverai un jour à me considérer comme autre chose qu'un échec.
Pour l'instant je limite les contacts avec mes parents. Je n'espère plus leur parler de ma nature double depuis qu'ils ont commenté la communauté LGBT de "rassemblement de personnalités perverses et d'erreurs de la nature", mais rassurez-vous, ils ne sont pas homophobes. #sarcasme
Clairement, ma vie n'aurait pas été la même sans la religion. Et je ne vais pas cracher sur les bons enseignements que mes parents m'ont transmit comme "ne pas voler" et "ne pas tuer", "respecter son prochain" mais honnêtement, je crois que ça, on n'a pas besoin d'un dieu pour l'apprendre. C'est un peu la base de la vie en société, quoi.